Samedi 21 Décembre 2024
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24.04.2020
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Les vignobles sont au bord du gouffre : la pandémie de Covid-19 et les mesures de confinement qu’elle a entraînées, dont la fermeture des cafés et restaurants, pourraient entraîner une baisse des ventes de plus d’un tiers et même de moitié en valeur.
« On estime qu’en Europe, la fermeture de ce canal de distribution important pourrait entraîner une réduction de 35% du volume des ventes, qui pourrait atteindre plus de 50% de perte en valeur des ventes », a déclaré jeudi Pau Roca, directeur général de l’Organisation internationale du vin (OIV), lors d’une audioconférence.
M. Roca a estimé que l’impact de ces mesures de confinement ne serait pas le même dans toutes les régions et, par exemple, que les pays méditerranéens seraient « probablement plus touchés que les autres ». Il avance deux raisons pour étayer cette prévision : « Tout d’abord la plus forte incidence de bars, de restaurants et de cafés avec terrasses, et deuxièmement, la suppression radicale de l’industrie touristique très développée, qui sera fortement limitée, même une fois que le confinement aura pris fin ».
Les trois premiers producteurs mondiaux de vin en 2019, l’Italie, la France et l’Espagne, représentaient à eux seuls 25% de la consommation mondiale de vin l’an dernier, selon les données dévoilées lors de la conférence de presse.
Si l’OIV évoque une augmentation des ventes dans les épiceries et supermarchés, « ces bonnes nouvelles ne compensent cependant pas toutes les pertes causées » par la réduction des ventes dans les hôtels, cafés et restaurants, souligne M. Roca. Les caractéristiques du canal de distribution commerciale de détail « limitent les capacités d’achat », indique-t-il, évoquant une offre davantage tournée « vers des prix bas et homogènes ».
Il prévoit enfin un développement de la vente à distance ou du commerce électronique proposé par différents magasins virtuels. « Via ce troisième canal de distribution, les commandes ne pouvaient pas toujours être garanties » en raison d’une saturation des services de logistique et de livraison, rappelle le dirigeant de l’OIV. « Une fois que ce problème sera résolu et que le secteur s’adaptera à cette nouvelle demande, les ventes directes à domicile continueront certainement d’augmenter à l’avenir », ajoute-t-il
« Asphyxiés »
Néanmoins, « même si nous assistons à un transfert spectaculaire entre les canaux de distribution, le bilan global attendu est une réduction de la consommation, une réduction des prix moyens et par conséquent une diminution globale de la valeur totale des ventes du chiffre d’affaires, des marges et en fin de compte de la rentabilité des producteurs, des vignobles et en particuliers des PME sont liées à des canaux de distribution traditionnels et qui se trouvent en dehors des réseaux de supermarchés », estime M. Roca.
« Après les taxes de Trump, qui a planté une partie des entreprises viticoles, aujourd’hui avec la fermeture des restaurants, la fermeture des salons, la fermeture des caveaux, la fermeture de la vente dans les exploitations, les viticulteurs français sont en train d’être totalement asphyxiés », a déclaré jeudi le ministre français de l’Agriculture Didier Guillaume sur LCI.
Alors que l’Europe a proposé mercredi de nouvelles mesures pour d’autres secteurs agricoles en crise, comme le lait et la viande, M. Guillaume espère désormais un geste pour la viticulture de la part de la Commission européenne.
Les coopératives viticoles françaises, italiennes et espagnoles, qui revendiquent au total la moitié de la production européenne, ont demandé mercredi à la Commission « l’ouverture sans délai d’une distillation de crise européenne de 10 millions d’hectolitres dotée d’un budget exceptionnel européen de 350 millions d’euros ». Une mesure cruciale pour soulager les producteurs, même si l’an dernier, la production mondiale a reculé de 12% par rapport à 2018, millésime record, à 260 millions d’hectolitres, selon les derniers chiffres de l’OIV.
Alors qu’habituellement, plus de quatre bouteilles sur dix franchissent les frontières, « les flux commerciaux sont et continueront d’être gravement affectés », estime M. Roca. Il estime que les deux plus grands marchés du monde, l’Europe et les États-Unis, pourraient réduire leurs importations, mais espère en revanche que « d’autres régions moins touchées par la pandémie ou qui pourraient récupérer plus rapidement, comme les pays asiatiques », permettront un « soulagement partiel à court terme ».
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