Dimanche 17 Novembre 2024
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05.06.2023
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Après quasiment vingt ans à la tête du syndicat des vignerons des Costières de Nîmes, Bernard Angelras a cédé la main à Cyril Marès. Le vigneron du Mas Carlot et du Mas des Bressades entend bien poursuivre la dynamique d’une appellation à l’indéniable potentiel.
Cyril Marès, vous avez été élu il y a quelques jours président du syndicat des vignerons des Costières de Nîmes. Racontez-nous comment ?
En vérité, ce n’était pas prévu (il sourit) et je ne m’y étais pas préparé mais la motivation de la jeune génération et la dynamique de l’appellation m’ont convaincu d’accepter cette mission. Après un mois d’exercice, je ne regrette pas du tout, j’ai découvert un super collectif et il y a tellement de choses à faire, d’objectifs à atteindre et de combats à mener que toute cela est vite devenu passionnant.
Quel type de président voulez-vous être ?
J’ai été élu avec le score de Kim Jong Un mais je vous rassure, je ne serai pas un dictateur (rires), j’ai plutôt l’âme d’un animateur, d’un président fédérateur. Je suis sur la fin du mandat de Bernard Angelras, j’ai donc un CDD d’un an pour rassembler autour de moi. Ensuite, si la confiance est là, on pourra avancer sur tous les dossiers.
Quelle est votre principale qualité ?
Je pense que c’est mon vécu. J’ai été arboriculteur à une époque en coopérative, je suis vigneron depuis 1996 au Mas des Bressades (il dirige également le Mas Carlot depuis 2018), j’ai connu le conventionnel, maintenant je suis en bio et je pratique même quelques préceptes de biodynamie, je bosse aussi à l’export, en vrac, en bouteille, bref je peux parler à tout le monde et c’est vraiment ce que j’ai l’intention de faire.
Le vigneron des Costières sait qu’il est rhodanien et il en est fier !
Cyril Marès
Justement, quels sont les chantiers qui vous paraissent prioritaires ?
J’aimerais d’abord que l’on travaille sur l’image auprès du public français et des médias nationaux. Les Costières ont un déficit en ce sens que l’on ne retrouve pas à l’étranger. Le fait d’être bâti sur une frontière entre trois régions a tendance à brouiller les pistes. Languedoc ou Vallée du Rhône ? Mais rassurez-vous, le vigneron des Costières sait qu’il est rhodanien et il en est fier.
Et pour la suite ?
Evidemment, comme toutes les appellations, on a déjà entamé le gros chantier de l’adaptation au changement climatique avec la porte ouverte de l’INAO concernant les VIFA (variétés d’intérêt à fin d’adaptation). On a sérieusement remis le couvert depuis un an à ce sujet en redégustant les vieux cépages résistants (sécheresse, maladie ou mieux adaptés pour offrir des vins avec plus de fraîcheur et moins d’alcool) et on aimerait rapidement intégrer deux cépages blancs et deux cépages rouges dans ce nouveau cahier des charges. On a aussi bien avancé sur la DGC (dénomination géographique complémentaire) qui concerne deux parties, Saint-Roman au Nord et Franquevaux au Sud. On espère avoir un système de Costières Villages reconnu dans le futur. Ce serait un label de qualité supérieur qui ferait émerger l’image d’une AOP fortement identitaire et qualitative.
Comment voyez-vous l’avenir des Costières ?
Je le vois radieux, le terroir est magique, on a fait un gros effort de maitrise de la production depuis quinze ans, le niveau qualitatif est exponentiel et on a un avantage climatique indéniable avec la proximité de la mer. En plus, on a la possibilité d’irriguer un peu partout.
La crise de consommation des vins rouges ne vous inquiète pas outre mesure ?
En Costières, on a un équilibre de production avec les rosés (environ 45-48% en fonction des millésimes) qui nous permet d’être moins impacté qu’ailleurs. Et puis, on a entamé un gros travail avec Inter Rhône sur les blancs (5-10% actuellement). La viticulture a connu des crises beaucoup plus graves comme celle du phylloxéra et elle a toujours su trouver des solutions...
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