Jeudi 21 Novembre 2024
(photo I. Bachelard)
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Date
03.04.2020
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Tandis que le Grand Est continue d’être un des points névralgiques de l’Europe touchée par le Covid-19, les plus grandes coopératives d’Alsace restent actives, en caves comme à la vigne. Elles utilisent leurs installations de distillation pour fournir de l’alcool aux hôpitaux.
L’Alsace a été pionnière en matière d’œnotourisme, puisque c’est la première région viticole à avoir créé sa route des vins. Les petits caveaux familiaux y abondent. Mais les grandes caves coopératives y ont une place de choix. Elles représentent entre 40 et 50% des ventes de vins d’Alsace. Elles s’activent et pas seulement pour leurs adhérents.
De l’alcool pour les hôpitaux de la région
Wolfberger a montré sa solidarité envers sa région malade, mais l’a fait très discrètement. C’est seulement grâce aux remerciements de Brigitte Klinkert, présidente du département du Haut-Rhin (Mulhouse, épicentre de l’épidémie) qu’on a appris que Wolfberger a utilisé ses installations de distillerie pour fournir pas moins de 1 200 litres d’alcool aux hôpitaux de Colmar, Sélestat et Guebwiller la semaine dernière. Les 6 caveaux de vente, en particulier Colmar et son berceau d’Eguisheim, qui voit chaque jour habituellement 70% de touristes, sont tristement fermés. Carole Couret, la directrice commerciale maintient le lien sur les réseaux sociaux. Elle fait savoir que les salariés travaillent à la production, avec des mesures d’hygiène strictes pendant que les adhérents (370 familles) sont plus que jamais actifs à la vigne, en ce début de printemps qui mérite tant d’attention. Elle publie avec plaisir les photos des adhérents polyvalents, ceux qui travaillent habituellement aux caveaux et profitent de leur fermeture pour être plus présents à leur vigne.
Ci-dessous : Grégoire, un adhérent de Wolfberger qui est à la fois vigneron et salarié de caveau actuellement fermé.
La boutique en ligne pour garder le lien
« En Alsace, l’épidémie a commencé il y a longtemps et très vite, tout le monde a été sensibilisé et a pris les mesures sanitaires, en particulier la protection des anciens et des familles » précise-t-elle. L’export est très impacté, mais heureusement les grandes surfaces continuent de s’approvisionner. La boutique en ligne fonctionne, mais sans véritable objectif financier, comme le déclare un des salariés, qui répond au téléphone depuis chez lui : « On apporte un service, c’est plus pour garder le lien que pour le business ». Depuis dix jours, il est surpris de voir comment les gens appellent, parlent plus longtemps et pas seulement pour demander conseil. Ils s’inquiètent du sort des Alsaciens, demandent « comment ça va en Alsace », comme s’il s’agissait de leur famille. Il ne s’agit pas juste de savoir quelle cuvée servir avec la pintade ou les asperges. D’ailleurs beaucoup savent déjà que c’est un jeune muscat qui accompagne parfaitement les asperges blanches qui arrivent sur les étals.
Des idées pour la reprise
Chez Bestheim, le vaste caveau qui force habituellement à l’étape quand on traverse Benwihr (Haut-Rhin) est bien-sûr fermé depuis plus deux semaines, mais il y avait déjà plusieurs jours qu’il avait cessé de grouiller. Le site de vente en ligne fonctionne à 100%, car les vins sont disponibles et il n’y a aucun contact physique. Thierry Rentz, directeur commercial se réjouit que des commandes partent chaque jour, mais « pour combien de temps, puisque les chauffeurs manquent et la logistique a du mal à suivre. » Malgré l’arrêt de la restauration commerciale, le vin continue d’être consommé. La cave tourne avec un personnel protégé et réduit, la matière première et les matières sèches sont en stock, les mises en bouteilles continuent tout comme les expéditions. Il y a environ 450 familles qui vivent de leur vigne et adhèrent à la cave. Il poursuit : « On privilégie la sécurité de nos salariés et de nos clients. Si la situation perdure, on ouvrira peut-être un drive pour les locaux. On sait que ce qu’on ne rattrapera pas ce qui n’a pas été consommé en mars-avril. En attendant, on réfléchit à la reprise. Il y a des idées dans les tuyaux. » Encore confidentielles.
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