Vendredi 15 Novembre 2024
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24.01.2023
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La crise profonde que traverse tout une partie de la filière vin bordelaise se précise en données chiffrées : une étude la Chambre d’Agriculture de la Gironde estime à 1320 le nombre de viticulteurs en difficulté dans le département, donc directement concernés par l’arrachage et des solutions éventuelles de reconversion.
Pour bon nombre de consommateurs, Bordeaux rime avec grands crus classés, châteaux prestigieux et vins destinés aux amateurs fortunés du monde entier. Pourtant, derrière le vernis flatteur d’une viticulture privilégié, une grande partie du vignoble bordelais est en souffrance. Trop de production pour trop peu de débouchés, baisse globale de la demande de vin rouge, prix du vrac en dégringolade… En l’espace de quelques années, de nombreuses exploitations placées en appellation Bordeaux, mais aussi dans des appellations prétendument plus porteuses, se sont retrouvées dans une situation de grande détresse, provoquant une grogne de plus en plus irrépressible qui s’est récemment concrétisée par des manifestations pour réclamer une politique d’arrachage : ce sont en effet 15 000 hectares, soit 10 % de la superficie du vignoble bordelais qui pourraient être concernés. Alors que l’interprofession est mise devant ses responsabilités (voir notre interview du président du CIVB Allan Sichel), politiques et vignerons sont en quête de solutions pour empêcher la détresse de se transformer en désespoir, conduisant au pire.
Voir en replay l’émission « Vino Veritas » du 9 janvier :
Face à cette crise, la Chambre de l’Agriculture de la Gironde a réalisé une enquête auprès des viticulteurs du département afin d’évaluer le nombre d’entre eux qui se trouve en difficulté et distinguer ceux qui souhaitent arrêter totalement leur activité, ceux à la recherche d’une reconversion partielle ou totale et les propriétaires bailleurs sans fermier. Les résultats détaillés de cette enquête doivent être présentés lors de la prochaine cellule de crise qui réunira l’État, la Région, le Département, les représentants et les organisations professionnelles, mais un chiffre a déjà été donné : 1320. Il s’agit du nombre de viticulteurs qui se sont déclarés en difficulté, témoignant de l’ampleur de la crise qui touche le vignoble bordelais.
Entre arrêt total d’activité et solutions de diversification
Sur ces 1320 viticulteurs en détresse, plus d’un quart d’entre eux disent vouloir arrêter leurs activités et procéder à l’arrachage total de leurs vignes. La très grande majorité des exploitants interrogés souhaite, malgré les difficultés actuelles, poursuivre la viticulture, en procédant pour certains à des arrachages partiels, dans l’objectif de diversifier leurs productions. Enfin, beaucoup envisagent de s’engager vers d’autres productions végétales (oliviers et noisetiers étant les plus citées). Ils sont également nombreux à souhaiter développer des démarches d’œnotourisme et d’agritourisme.
Suite à ces premiers résultats, la Chambre d’Agriculture de la Gironde s’engage dans un communiqué « à contacter les viticulteurs intéressés par une diversification de leur activité pour leur proposer un accompagnement à la fois technique, économique et financier. Ses conseillers doivent également se rapprocher de ceux qui envisagent une cessation complète et ceux qui ont exprimé des demandes spécifiques ». La mutation du vignoble bordelais semble engagée.
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