Crue de la Vienne : conséquences sur le vignoble de Chinon 

Les Chinonais et les autres riverains de la Vienne ont vécu un week-end de Pâques en vigilance rouge : selon Vigicrue, la Vienne menaçait de dépasser le seuil centennal et d’inonder une partie des habitations. Finalement moins importante qu’annoncée dans le secteur, cette crue a touché une partie des vignes situées sur le bassin alluvial de la Vienne. Retour avec Jean-Martin Dutour, Président du Syndicat des Vins de Chinon, sur les conséquences d’un évènement heureusement moins exceptionnel que les prévisions ne le laissaient craindre. 

Heureusement, le bâti et les personnes n’ont pas ou peu été touchés. Qu’en est-il du vignoble ?
Une partie du vignoble se situe dans la plaine alluviale où une crue de la Vienne n’est pas exceptionnelle. En revanche, ce qui était annoncé le samedi soir (30 mars) pour le dimanche matin risquait de toucher les bâtiments. À Chinon, le bâti est implanté en fonction de la crue centennale, estimée à 6 mètres. Fort heureusement, la vague qui venait de la Creuse s’est aplatie en se répandant à la Vienne puis à la Loire, ainsi nous avons eu un pic à 5m42. Donc la crue que nous avons eu fin mars représente un phénomène assez normal pour les vignerons, ; le bassin de la Vienne est régulièrement inondé, même si les photos des vignes les pieds dans l’eau étaient assez impressionnantes. D’ailleurs les vignerons étaient plus occupés à prendre de la hauteur pour faire des photos plutôt qu’à paniquer. Nous estimons qu’entre 20 et 25% du vignoble a eu les pieds dans l’eau. L’eau est montée pendant une journée et demi et est redescendue les deux jours suivants. Les bourgeons sont restés deux jours maximums dans l’eau pour les vignes les plus basses. 

Quelles sont les conséquences de cette crue pour la partie du vignoble inondée ?
Les crues de la Vienne arrivent habituellement pendant l’hiver et ont donc des conséquences limitées ; la vigne est en dormance. Ce qui est nouveau avec cette crue, ce n’est pas qu’elle intervient tard dans l’année, c’est que la vigne avait déjà débourré. Il avait fait chaud avant, le bourgeon était au stade d’éclatement. Le précédent qui me vient en tête à un stade avancé dans le cycle de la vigne c’est la crue de juin 2016. Mais à l’époque, il n’y avait pas eu de conséquence, la Vienne avait inondé une zone déjà touchée par le gel… Le problème dans les jours à venir c’est l’humidité. Dans l’ensemble les sables et les graviers ressuient assez vite. Mais la Vienne et la Loire sont restées assez hautes, alimentées par la succession des épisodes de pluie. Dans l’idéal, il faudrait que les niveaux descendent mais ce problème se limite à une petite partie du vignoble touché par la crue. Dans certaines zones, il reste des flaques et l’eau stagne. Il est donc difficile d’intervenir avec des engins, et les conséquences de cette crue sont liées à la possibilité de traiter. Les œufs de mildiou étaient ouverts la semaine dernière dans les conditions de laboratoire. Il faut donc pouvoir intervenir rapidement, cette semaine ou la semaine prochaine au plus tard dans les vignes. 

Le millésime 2024 sera-t-il impacté par cette crue ?
S’il y a des conséquences, elles seront très limitées. Aujourd’hui seuls 5% du vignoble sont difficiles d’accès. Tout dépend donc l’épidémie de mildiou et de la possibilité d’intervenir pour de traiter dans de bonnes conditions. D’où certainement l’importance de bonnes pratiques culturales, ceux qui labourent trop en hiver risquent d’être bloqués. Mais a priori les conséquences, même si la crue intervient tard dans le cycle de la vigne, seront marginales.