Accueil Actualités Dame de Carreau, un champagne de vigneron qui cartonne

Dame de Carreau, un champagne de vigneron qui cartonne

© Mika Boudot

Auteur

Yves
Tesson

Date

13.02.2024

Partager

Trois médailles, deux grand or et un or, c’est l’ensemble de la toute nouvelle gamme Dame de Carreau qui avait remporté le pli aux Vinalies internationales en 2023. À l’occasion du banquet de l’Union des œnologues à Verzy, nous avons pu déguster ces jolies pépites et rencontrer Oriane Carreau, jeune vigneronne de talent qui porte haut les couleurs de la Côte des Bar.

À Celles-sur-Ource, la famille Carreau est présente depuis le XVIe siècle. D’abord artisans, les premiers ancêtres connus se virent récompensés pour leurs services d’une dotation en terres par les moines de l’Abbaye de Maur. Pendant longtemps, leurs descendants ont cultivé la vigne uniquement par passion, et s’ils vinifiaient un peu, c’était d’abord pour leur propre consommation. Après la Seconde-Guerre, le négoce marnais s’est intéressé de plus près au vignoble de la Côte des Bar. Les Carreau vendaient du raisin à Moët & Chandon, à Veuve Clicquot et à certaines coopératives. Jusqu’en 1990, où Lionel a décidé pour la première fois de champagniser sous la marque Lionel Carreau. Depuis 2012, il est épaulé par sa fille Oriane dont le parcours est pour le moins original. « Je suis un petit extraterrestre. Je n’avais aucun bagage viticole et vinicole, à part ce que j’avais appris auprès de mon père. J’ai fait des études de commerce international en Amérique du Nord et en Angleterre. J’ai pourtant choisi d’aller m’enterrer à Celles-sur-Ource au fin fond de la Côte des Bar, en voyant mes amis d’enfance revenir sur les domaines de leurs parents. Le milieu m’intéressait, je me suis aperçu qu’en fait il y avait dans le vin une très grande diversité de métiers. »

© Mika Boudot

Oriane pousse son père à aller plus loin dans la réflexion déjà engagée sur la préservation de l’environnement. « L’année prochaine, un tiers de nos six hectares seront certifiés en viticulture biologique et à terme la totalité. C’est tout l’objet de notre nouvelle gamme Dame de Carreau issue de ces parcelles et dont le nom est un clin d’œil à mes deux sœurs. Cette certification biologique traduit aussi notre état d’esprit, nous sommes d’abord une famille de vignerons et en tant que telle, nous avons une attention particulière à la vigne, alors que la vinification passe presque au second plan, l’objectif étant d’avoir un raisin suffisamment qualitatif pour avoir le moins possible à intervenir. »

Vendanges dans la famille Carreau en 1913

Une démarche qui semble porter ses fruits, puisque c’est l’ensemble de cette nouvelle gamme composée de trois cuvées qui a été primée au concours des Vinalies internationales en 2023. Marie-Alice Deville, de l’Union des œnologues, nous explique : « Pour la Champagne, nous dégustons 158 vins. 61 sont médaillés dont 39 or et 9 grand or ». Une belle reconnaissance donc pour ces cuvées qui défendent farouchement la spécificité auboise. Ainsi, Le Blanc vrai (35€), un 100 % pinot blanc, met en avant un cépage rare typique de la Côte des Bar. « Sa conduite est difficile, parce qu’il est sensible aux maladies. On a une attention particulière à la pourriture grise qui survient juste avant la vendange, d’autant que notre parcelle est dans une mouillère. À la dégustation, son empreinte est très aérienne, mais il a aussi paradoxalement beaucoup de structure au sens où c’est un vin qui va se maintenir longtemps en bouche. » Dans un tout autre registre, Les Bonnes bondes (30€) est un champagne 100 % pinot noir issu de la vigne des Bondonnots. « Cette parcelle est géniale. Les plants ont cinquante ans, mon grand-père travaillait déjà dessus, ils proviennent d'une sélection massale locale et sont étonnement robustes. Ils défient toutes les maladies. C’est un pinot noir avec beaucoup de fruit, en particulier des agrumes parfois un peu confit. On reste sur quelque chose de frais, de droit et vigoureux, qui se conclut sur des beaux amers. En fin de compte, ce vin pour lequel nous venons de passer sur le millésime 2015 est assez révélateur de cette facilité qu’a notre pinot noir à tenir dans le temps. » La troisième cuvée, « La Bâtarde », est un champagne plus classique dans la mesure où il assemble trois cépages, alliant la puissance du pinot noir, la finesse du pinot blanc et la fraîcheur accompagnée des notes de brioche et de beurre du chardonnay (30€).

© Mika Boudot