Accueil Actualités Décès de Jean-Claude Pellegrin

Décès de Jean-Claude Pellegrin

Jean-Claude Pellegrin ©Intervins Sud-Est / vendanges Libran

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

29.07.2024

Partager

Le viticulteur de Lambesc très engagé dans la filière, ancien président de la cave du Roy René et d’InterVins Sud-Est, est décédé à 65 ans.

Jean-Claude Pellegrin s’est battu jusqu’au bout, emporté à 65 ans par la maladie. Il était encore président de l’interprofession des vins IGP du Sud-Est en juin dernier. Il en était l’un des instigateurs, participant activement à sa création en 2008. Il l’avait présidée  à plusieurs reprises, réélu en 2022 pour un dernier mandat qui s’était achevé il y a quelques semaines. L’interprofession représente à ce jour plus de 1,2 million de hl (10% de la production française). Mais Jean-Claude Pellegrin aimait rappeler qu’au-delà du collectif auquel il avait donné une grande partie de son temps, il était avant tout un viticulteur. Il avait repris en 1982 l’exploitation familiale qui compte aujourd’hui une soixantaine d’hectares de vignes dont la moitié en AOP Coteaux-d’Aix-en-Provence, l’autre en IGP Bouches-du Rhone et en IGP Mediterranée. « Comme toutes les autres autour de Lambesc, elle vivait à l’époque de la polyculture, nous avait-il raconté lors de notre dernière interview à l’occasion du centenaire de la coopérative du Roy René. J’ai grandi en ville, à Salon-de-Provence où mes parents tenaient un bar-tabac et mon père venait à Lambesc pour cultiver ses terres; je venais l’aider  pendant les vacances  jusqu’à ce qu’ils s’installent définitivement au début des années 70 pour s’occuper de maraîchage, d’arboriculture, de céréales et de la vigne, plutôt des raisins de table ». 

De la polyculture à la vigne

Après des études vitisphère au lycée agricole d’Orange, il revient sur les terres familiales de Lambesc et converti l’exploitation en vignoble, plantant 30 hectares en une décennie tout en donnant beaucoup de son temps au collectif, engagé très tôt au sein des Jeunes Agriculteurs des Bouches-du-Rhône -Rhône et en tant qu’administrateur de la coopérative. « Nous avons arraché les hybrides comme l’aramon, restructuré le vignoble pour replanter surtout du grenache, de la syrah, transformé le cinsault de vin de table en vin de cuve, et pris le virage de la mécanisation, des vins de qualité et du rosé ». Cet ardent défenseur du terroir et de son territoire était l’un des principaux apporteurs depuis plusieurs décennies et connaissait par chœur son histoire. Il en avait été élu président en 2012 et 2021; il en était toujours administrateur et vice-président, respecté pour la richesse de ses argumentaires et ses qualités d’orateur. La coopérative avait même élaboré une cuvée domaine à partir de ses vignes, le château de Libran. « Il était méticuleux, connaissant parfaitement ses dossiers, et fin stratège, commente la directrice d’InterVins Sud-Est Marine Gayrard. Il étudiait toujours les propositions sous l’angle du collectif et s’attachait à défendre les intérêts des petits exploitants et les spécificités des vins départementaux ». 

Un engagement collectif indéfectible 

Mais Jean-Claude Pellegrin a aussi marqué le syndicalisme viticole. Avec son franc parler, Il était de tous les combats, cumulant les mandats dans la filière pour mieux défendre son métier. Il avait été président des coopératives des Bouches-du-Rhône de 1995 à 2003, président de la commission vitivinicole de la Chambre d’Agriculture des Bouches-du Rhône dont il avait été à l’initiative, administrateur et vice-président du CNIV, président de l’ODG des IGP des Bouches du Rhône, président depuis 2021 de l’AREDVI (Association Régionale d’Expérimentation et de Développement VItivinicoles)... Il avait défendu le prolongement de l’exploitation, les valeurs de la coopération, avait introduit le droit à l’erreur pour les dossiers de restructuration de FranceAgriMer dont il était un membre qualifié du conseil Vins... Il avait récemment défendu la mise en place d’une mesure de régulation interprofessionnelle pour les IGP afin de ne revendiquer que les volumes commercialisables, œuvré pour la recherche concernant les enjeux environnementaux et climatiques, menant notamment la bataille contre la flavescente dorée, et incitant à travailler sur de nouveaux cépages. Il s’attachait autant à soutenir la dynamique de cette IGP régionale qu’à renforcer la visibilité des IGP de départements. Après avoir reçu les insignes du Mérite agricole au grade de chevalier puis officier et il avait accédé à celui de commandeur en novembre dernier. 

Jean-Claude Pellegrin
Jean-Claude Pellegrin ©DR

Ses funérailles auront lieu ce mardi 30 juillet à 9h30 à l’église de Lambesc. Nous adressons à sa famille et à tous ses amis viticole provençale nos plus sincères condoléances.