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Décès d’un grand vigneron jurassien, Pascal Clairet

photo ©F.Hermine)

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

10.05.2021

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Pascal Clairet, vigneron charismatique du Jura, a décidé de nous quitter la semaine dernière à 58 ans. Il était l’un des pionniers des vins travaillés en levures indigènes, sans SO2 ni filtration, revendiquant des vins « naturels » depuis déjà une trentaine d’années, et ardent défenseur du bio et de la biodynamie.

Ancien technicien agricole, Pascal Clairet avait créé en 1991 avec son épouse Évelyne le domaine de la Tournelle à Arbois (39). « Les premières années, nous avons gardé tous les deux un travail, moi à la Chambre d’Agriculture, Évelyne comme technicienne au Syndicat des Côtes-du-Rhône et nous avions loué d’abord un vignoble à l’extérieur d’Arbois », nous racontait-il l’an dernier lors d’une visite de sa magnifique cave voutée en pierre où il aimait essayer sans cesse de nouvelles méthodes et de nouveaux contenants. Ile couple suit diverses formations en œnologie et apprend aussi beaucoup des vignerons emblématiques du Jura comme Pierre Overnoy. Puis ils rachètent peu à peu quelques parcelles, aujourd’hui 5 ha pour les blancs (savagnin, chardonnay), 3 ha pour les rouges (ploussard, trousseau, pinot noir). « Nous avons voulu rapidement travailler en bio [certifié en 2010] puis en biodynamie, en vendanges manuelles, en grappes entières, chargées dans des conteneurs de 20kg pour préserver le raisin, et vinifier en levures indigènes, prendre le temps de faire des vins droits, de changer la futaille et nous avons démarrer les vins nature à partir de 2000 ». Toujours en quête de qualité et de précision dans les élevages, il a été aussi l’un des premiers à lancer un savagnin ouillé passant deux ans en pièces de 600 l. (Fleur de Savagnin), un vin passerillé sur souche (Solstice), un savagnin orange, (Ambre de Savagnin) un poulsard en macération carbonique (Uva Arbosiana)…

Un grand défenseur du bio et du sans sulfites

Pascal et Évelyne ont aussi ouvert en 2006 un restaurant-bar à vin au coeur d’Arbois, dans les fortifications du 12e siècle avec une magnifique terrasse au-dessus de la rivière de la Cuisance et un caveau de dégustation à la décoration vintage d’une ancienne salle de classe sous le regard bienveillant de Pasteur. Le charme de l’endroit, uniquement ouvert en saison, et la passion du patron en faisaient un lieu toujours bondé. A la carte, au vin ou à la bouteille, les vins du domaine et ceux d’une dizaine de vignerons travaillant avec la même philosophie et sans soufre ajoutés. Pascal Clairet était d’ailleurs l’un des piliers de l’association Le Nez dans le Verre qui promeut depuis une dizaine d’années des vins obligatoirement bio sans intrant du Jura et dont il avait repris la tête l’an dernier à la suite de Jean-Etienne Pignier.

Pascal Clairet était reconnu unanimement comme un grand vigneron toujours prêt à partager ses connaissances. « C’était un pilier d’Arbois toujours solide et de tous les combats, très engagé dans la défense du bio, une personnalité arboisienne très appréciée, conclut Olivier Badoureaux, directeur de l’interprofession des vins du Jura. Le vignoble jurassien est particulièrement marqué par sa disparition dans un contexte difficile où les vignerons sont de plus en plus fragilisés et perdus après de tels drames, surtout après le décès de Laurent Vaillé il y a quelques jours et de Denis Benoît du Cellier Saint-Benoît il y a deux ans ». Une cérémonie civile a lieu ce jour à 10H sur la place de l’église de Montmalin sans fleurs ni plaques mais des dons aux Vendanges Solidaires seront acceptés.