Accueil Découvertes en Vallée du Rhône : « une belle vitrine de la diversité rhodanienne avec un super millésime »

Découvertes en Vallée du Rhône : « une belle vitrine de la diversité rhodanienne avec un super millésime »

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

15.04.2019

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L’événement professionnel Découvertes en Vallée du Rhône ouvre ses portes ce matin pour quatre jours, d’Ampuis à Avignon. Michel Chapoutier, président d’Inter-Rhone, a évoqué pour Terre de Vins les 10 ans de ce rendez-vous et les attentes du marché concernant les vins rhodaniens.

DVR fête sa dixième édition. Comment a évolué cette manifestation qui se déroule tous les deux ans ?
Je vous donne quelques chiffres en vrac : une soixantaine d’appellations, 600 exposants, 17 000 verres pour déguster 900 références, 2 000 visiteurs à 40% internationaux venant d’une vingtaine de pays. Impressionnant, non ? Nous accueillons de plus en plus de visiteurs et de plus en plus internationaux, intéressés par les cépages rhodaniens en vogue même dans les pays du Nouveau Monde. Dans ma cave, j’ai une demande croissante de visites de flying winemakers du monde entier. DVR est une belle vitrine pour la Vallée du Rhône, je regrette peut-être que l’on ait perdu l’esprit du début quand on était davantage dans les vignobles mais il faut être pragmatique car comme aurait dit Jacques Chirac, « c’est beau mais c’est loin ». Et on se rend compte que les visiteurs, en majorité des agents commerciaux, des importateurs, des cavistes et des sommeliers connaissent déjà bien la région. Ils sont moins dans la découverte mais plutôt dans la dégustation du dernier millésime. C’est notre cœur de cible et la formule actuelle leur convient. Pour attirer davantage de visiteurs lointains, notamment asiatiques, il aurait peut-être fallu se rapprocher d’un grand événement. Nous nous sommes posés la question mais Prowein est trop tôt en saison, le vignoble est nu et il fait encore froid et Vinexpo trop loin. Nos visiteurs ne viennent donc que pour nous et c’est très flatteur.

Estimez-vous que les vins de la Vallée du Rhône correspondent aux attentes actuelles des consommateurs ?
Déjà par la diversité bien sûr mais pas seulement. J’aurais aimé que l’on progresse davantage sur les blancs, seulement 6% de la production car j’ai toujours pensé que les bons blancs étaient plutôt au Nord et les blancs thiolés commencent à passer de mode. Nous avons des blancs plus structurés, intéressants pour les beaux amers et la salinité, une multiplicité de cépages riches comme la marsanne, la roussanne et le viognier mais aussi la clairette, le chardonnay du Sud en somme, au grand potentiel de garde. Tous ces cépages suscitent l’intérêt des sommeliers et des amateurs mais les vignerons restent frileux car replanter le vignoble coûte cher, contrairement aux rosés produits à partir des mêmes cépages que le rouge, et l’équilibre entre l’offre et la demande est souvent fragile. Je pense aussi que la jeune génération de consommateurs est addict aux vins frais et avec du gaz carbonique. Il est plus difficile de leur faire boire des rouges à température ambiante ; ils aiment les blancs, les rosés et les effervescents. Là aussi, on aura une carte à jouer avec le Saint-Péray bien sûr qu’il faut mieux valoriser, mais on pourrait travailler sur une autre offre bulles à partir de clairette ou de viognier.

Pensez-vous que l’offre bio qui avoisine les 10%, comme la moyenne nationale (hormis quelques appellations comme Crozes autour de 20%) pourrait davantage se développer en Vallée du Rhône ?

Le millésime 2018 avec l’énorme pression mildiou a traumatisé plus d’un vigneron qui pensait s’engager dans la démarche; Tant que l’on n’arrêtera pas le dogme hypocrite d’avoir la totalité de l’exploitation en bio, on n’avancera pas. Il faut parfois plus de cinq ans pour se lancer et il faut donner les moyens aux producteurs d’une approche expérimentale sur une partie de l’atelier mais en échange, ils devraient fournir des analyses fines de leurs vins pour offrir une vraie garantie aux consommateurs.

Vous pensez que le millésime 2018 devrait plaire aux visiteurs de DVR ?
C’est un super millésime, facile à vendre. J’ai plus peur des millésimes solaires comme 2003 qui avait été traumatisant. Dans le triptyque du terroir, sol-climat-humain, le pire est quand le climat prend le dessus. Les millésimes plus froids ont longtemps été notés sévèrement mais ce sont eux qui donnent les plus belles expressions.

Suivez l’actualité de Découvertes en Vallée du Rhône sur notre site, du 15 au 18 avril, du Rhône septentrional (Ampuis) au Rhône méridional (Avignon).