Denis Alary  : « DVR est la vitrine de la diversité des appellations de la Vallée du Rhône ».

La 13ème édition de Découvertes en Vallée du Rhône, DVR pour les intimes, se déroulera du 31 mars au 3 avril. Nous avons interrogé Denis Alary, co-président de la commission Promotion d'Inter Rhône et vigneron à Cairanne, pour qu'il nous présente ce salon vitrine de toutes les appellations rhodaniennes devenu un rendez-vous biannuel incontournable.

Comment a évolué la formule de DVR depuis sa création en 2002 ?

Au départ, le nom voulait bien dire ce qui avait été imaginé. Plus d'une quinzaine de lieux accueillaient dans le vignoble du Nord au Sud les professionnels du vin, acheteurs, cavistes, restaurateurs, journalistes qui allaient à la rencontre des vignerons d'un point à un autre. On était vraiment dans la découverte du vignoble. Mais ça s'est vite compliqué quand les visiteurs sont tombés nez à nez avec des contrôles de la marée-chaussée à la sortie des stands de dégustation. Nous avons donc pris la décision de regrouper les dégustations sur deux ou trois lieux pour le Rhône Nord, au Palais des Papes d'Avignon pour le Rhône Sud. 

Des changements sont-ils prévus pour cette 13ème édition?

La manifestation a toujours lieu tous les deux ans mais en commençant une fois par le Nord, l'édition suivante par le Sud comme cette année à partir du lundi 31 mars. Nous avons souhaité garder le Palais des Papes comme lieu d'accueil des exposants du Rhône méridional pour le côté esthétique et le prestige de ce lieu emblématique de notre région. Avignon, c'est la capitale des côtes du Rhône! Mais nous ne savons pas si nous pourrons y rester dans les années à venir car la réservation des salles se révèle de plus en plus compliquée et nous avons besoin d'espace pour accueillir environ 180 producteurs par jour. Pour éviter trop de navettes dans le Rhône Nord, l'organisation a été simplifiée le mercredi sur un seul lieu, dans la nouvelle salle des fêtes de Mercurol-Veaunes qui regroupera les dégustations de Crozes-Hermitage, Hermitage, Saint-Joseph, Cornas, Saint-Péray et Clairette de Die avant la journée Condrieu-Côte Rôtie le dernier jour à Ampuis. 

Quels sont les exposants attendus et quels types de visiteurs pensez-vous attirer ?

Ils sont plus de 500 exposants à participer à DVR, 360 dans le Sud, 180 dans le Nord, des caves particulières mais également des coopératives et des négociants. Le nouveau cru Laudun blanc sera à l'honneur. Il s'agit aussi de proposer des masterclasses animées par des journalistes spécialisés ou de grands sommeliers, pour présenter les appellations avec un discours technique très pointu, toujours en compagnie de quelques vignerons ou négociants pour l'éclairage terrain. [Cette année Xavier Thuizat, Alistair Cooper, Véronique Rivest, Edmond Gasser]. Ça intéresse beaucoup le visitorat basé essentiellement sur des importateurs, des cavistes, des distributeurs, des journalistes qui devraient avoisiner cette année les 2000 personnes. Environ 40 % viennent de l'international, principalement des Etats-Unis, du Canada, du Royaume-Uni, d'Europe du Nord (Allemagne, Suisse, Pays-Bas, Danemark...). Ils ont un accès facile aux producteurs, les plus connus comme les petits domaines. Près de la moitié des exposants ne participent qu'au salon DVR. A Wine Paris avec 4600 exposants, on ne peut pas tout faire et on peut moins cibler ses besoins. DVR est la vitrine qui montre la diversité des appellations de la Vallée du Rhône. Et la manifestation idéale pour dénicher une nouveauté, rencontrer un fournisseur, échanger avec un jeune vigneron, trouver un vin en bio ou biodynamie qui sont particulièrement bien représentés avec 56 % des exposants labellisés 

Le salon est-il l'occasion de passer des commandes?

Certains visiteurs en passent sur le salon mais c'est surtout après que ça se concrétise. Les importateurs repèrent ce qui les intéresse, dégustent, rencontrent les vignerons et reprennent contact ensuite. Nous avons aussi beaucoup d'acheteurs de la région Rhône-Alpes et de Provence qui peuvent passer sur une journée et limitent ainsi les frais, et des Belges, qui viennent en voiture et repartent avec leurs commandes, surtout des petits acheteurs. 

Est-ce que les visiteurs viennent surtout pour le millésime 2024? 

Je sais que toutes les années, nous avons tendance à dire que c'est un super millésime. Mais je pense sincèrement que 2024 est un très très beau millésime. On a connu bien sûr des problèmes climatiques en 2024, à commencer par les gelées, beaucoup d'eau de mai à juillet et il était parfois compliqué de rentrer dans les vignes pour traiter les maladies. Mais ceux qui ont su bien gérer leurs vignobles ont produit de jolis vins. D'autant plus que l'on a eu un petit stress de sécheresse en août indispensable à la vigne pour rentrer des raisins qualitatifs mais pas de canicule, ce qui a donné de belles maturités un peu tardives. Nous nous sommes donc retrouvés avec des degrés inférieurs aux années précédentes, moins de richesse en sucre et une meilleure acidité . Tout ce qu'il faut pour avoir de la fraîcheur dans les vins avec moins d'extraction et de puissance. La vallée du Rhône s'en est bien sortie sur ce point. Mais la récolte est petite. En Côtes-du-Rhône, il va manquer 150 000 hl. 20% en moins , c'est énorme mais finalement la nature s'est chargée de la régulation du marché. 

Pourra-t-on goûter d'autres millésimes ?

Il ne faut pas avoir peur d'expliquer le vin et l'effet millésime. On peut aussi avoir de belles surprises sur d'anciens millésimes comme 2008 ou 2018 très décriés à leur sortie. Certains ont très bien vieilli et se goûtent à l'optimum aujourd'hui. DVR est quand même un salon commercial et on y met à en avant les blancs et les rosés 2024, notamment sur les tables découvertes, toujours très appréciées. Et des appellations rouges comme Côtes-du-Rhône, Costières, Ventoux... Il y aura d'ailleurs des logos flash pour signaler le millésime 2024.  Mais dans les crus qui nécessitent plus d'élevage, en particulier pour les rouges, il y aura d'autres millésimes à la vente en 2022 et 2023. La masterclass pour les 2024 en Rhône Nord sera d'ailleurs réservée aux dégustateurs car les vins ne sont pas encore commercialisés.

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