Lundi 3 Mars 2025
Jérôme Rathle © MP Delpeuch
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Date
03.03.2025
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Jérôme Rathle a trouvé son paradis terrestre à Gigondas. Ingénieur devenu vigneron à la crise de la cinquantaine, il prône une viticulture durable, cosmique et tellurique.
Durant vingt-cinq ans, Jérôme Rathle a côtoyé les entreprises du CAC 40, leur proposant ses conseils et audits en matière de protection environnementale et de développement durable. À force de vendre du vert, il a voulu mettre en application son paradigme où biodiversité, énergies, durabilité ne font qu’une face au changement climatique. En changeant radicalement d’univers, l’urbain s’est reconnecté à la terre mère, en acquérant quatre hectares en AOC Gigondas. L’amateur de vin devenu vigneron, vit une seconde vie qui l’émerveille de jours en jours.
Au départ, il y a eu une rencontre coup de foudre. Quatre hectares d’un seul tenant, où grenaches et syrahs de 60 ans se déploient en terrasses, dominées par les dentelles de Montmirail où l’on distingue le rocher du Turc. Idéalement exposée nord-est, la parcelle s’enracine dans des argiles calcaires et des marnes bleues. Dès son installation en 2020, Jérôme Rathle, qui a suivi un BTS viti-œno, débute la conversion en agriculture biologique et réorganise la cave afin de l’adapter à des vinifications parcellaires. Après Gigondas, il acquière quatre autres hectares en Côtes du Rhône sur les villages de Violès et Sablet.
Son cheminement a été marqué par la rencontre avec « un sorcier blanc, un homme qui enseigne la communication avec le vivant qui m’a ouvert à l’invisible. Il faut que j’essaye d’y entrer et de communiquer avec mes vignes », tente d’expliquer le vigneron qui mêle dans son discours énergies telluriques et cosmiques, homme et plantes. Le rationnel se confronte à l’irrationnel, la technologie à la géobiologie, le sensoriel au spirituel.
Plus prosaïquement, il s’est lancé dans la biodynamie et l’agroforesterie. Plusieurs centaines d’arbres de différentes essences méditerranéennes ont été plantées. L’hydrologie régénérative a permis de capter et redistribuer l’eau. Des analyses de pH qui mesure l’acidité (activité des protons, chargés positivement) et de redox (mesure l’activité des électrons, chargés négativement) ont été réalisées. Dynamisation et semis de couverts végétaux ont été repensés.
Autant d’actes aux forts accents empiriques. « Les anciens avaient la capacité, nous l’avons perdue », témoigne le néo-vigneron qui s’inscrit dans la reconnexion de l’homme au vivant. De la terre à la cuve, le processus reste pragmatique. Guidé par ses intuitions et ses intentions, conseillé par un œnologue, Jérôme Kathleen élève des vins à la finesse reconnaissable. S’il assure « cela reste un mystère pour moi », nous avons pu le constater.
Gigondas Alliance rouge 2023 (AB)
25 €
Jérôme Rathle privilégie l’extraction dans cette cuvée où le grenache domine (70 %) sur la syrah. Après un élevage de 12 mois en cuve puis demi-muids, elle propose un nez floral de violette et de réglisse très engageant. Dans le même registre équilibré, la bouche offre un joli jus, des tanins et une matière enrobée, qui ne demandent qu’à s’épanouir.
Gigondas Synchronicité rouge 2023 (AB)
31 €
Un 100 % grenache élevé 12 mois en demi-muids. Le fruit éclate et se mêle au léger boisé. Au palais, l’impression est identique. Entre fraîcheur et densité rayonnante de soleil et d’épices, des baies rouges éclatent à l’aération. Les tanins commencent à s’arrondir, il n’en sera que mieux d’ici une paire d’années.
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