Accueil Domaine La Borderie : une « winery » façon champenoise

Domaine La Borderie : une « winery » façon champenoise

Auteur

Joëlle
W. Boisson

Date

11.10.2019

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C’est un peu le « Far East » de la Champagne. Le vignoble de l’Aube séduit de plus en plus de jeunes vignerons qui s’y installent, avec des domaines ambitieux et modernes. Cas d’école de la « winery » La Borderie.

C’est la nouvelle génération de jeunes vignerons champenois. Simon Normand et sa sœur Marie se sont installés en 2013, en créant le domaine La Borderie. Une nouvelle aventure, mais qui s’appuie sur du roc, en l’occurrence un beau parcellaire « à la carte » et une grande famille vigneronne de la côte des Bars (un grand-père très impliqué dans le mouvement coopératif aubois ; un père qui a présidé 4 ans la célèbre Association Viticole Champenoise).

« Au départ, aucun d’entre nous n’était prédestiné à revenir sur l’exploitation, et puis bien sûr on avait ces souvenirs, étant gamins, d’en avoir marre de passer nos samedis aux vignes, sourit Marie Normand. Chacun des 5 enfants a suivi sa propre voie : le piano, le journalisme, l’environnement, l’enfance… Et puis, un jour, à 58 ans, notre père nous a dit qu’il envisageait de mettre le domaine en location à des jeunes vignerons qui s’installaient et souhaitait avoir notre avis. Bien sûr, ça a été un vrai déclic et un vrai ‘remue-méninge’ avec les frères et sœurs ! Il s’est rapidement dégagé que Simon et moi étions prêts à revenir, mais on avait envie d’aller plus loin, de créer quelque chose à partir de zéro, de vinifier ». Il n’en fallait pas plus pour créer un grand projet de famille, au grand bonheur des parents !

Nouveau grand remue-méninge dans la fratrie, pour définir le portrait-robot de la « winery » à partir d’une page blanche. Le lieu, à l’entrée de Bar s/Seine, noyé dans la nature et avec une forte déclivité, a facilité les choses pour la création d’un chai entièrement gravitaire. « Bien sûr, l’outil de travail est démesuré aujourd’hui par rapport aux 8000 – 10 000 bouteilles du Champagne La Borderie, car on est sur un marché de niche, sur quelques parcelles qui entrent dans ces nouveaux projets de vinification, explique Marie. L’équivalent d’1 hectare seulement entre à La Borderie sur les 11 hectares du le domaine familial. Nous restons aussi très attachés au modèle coopératif dont mon grand-père a été l’un des ardents bâtisseurs. Les deux ne sont pas incompatibles, nous restons cohérents du début à la fin ».

Dans les idées qui ont agité le tour de table familial, l’importance de l’environnement. Normal, au vu du havre de verdure dans lequel est niché le Domaine, et normal avec un père premier vigneron certifié HVE niveau 3 en Champagne, qui a beaucoup œuvré sur les pratiques culturales et la limitation des intrants lors de sa présidence de l’AVC (Association Viticole Champenoise). « On a aussi voulu dès le début un lieu qui se visite », ajoute Marie. Réflexions et application à l’œnotourisme, avec les 2 gîtes qui existaient déjà depuis les années 90 : La Beuillotte (capacité de 14 personnes) et la Halte Saint-Bernard (26 couchages et salle de réception / séminaires jusqu’à 100 personnes). Visites, dégustations, randonnées avec un naturaliste, découverte des « cadoles » auboises, ces petits abris vignerons : la panoplie des actions est large.

Reste enfin l’essentiel, les vins, qui dès les premières bouteilles sorties en 2015 témoignent d’une belle maîtrise de vinification.

Terre de vins aime :

La Confluente (42 €) : original assemblage blanc de blancs de chardonnay et de pinot blanc. Un champagne moderne et terriblement séducteur. A la fois suave et frais, il combine audacieusement les fleurs blanches, quelques notes exotiques (noix de coco fraîche) et une tension toute en hespérides. Sur un vrai tarama artisanal, crémeux et subtilement fumé.

3 Contrées (32 €) : reflet du parcellaire (70 % pinot noir, 23 % chardonnay, 7 % pinot blanc), issu de vieilles vignes et avec une partie du pinot noir passé en fût. Un champagne au nez floral (camomille, fleurs d’alpage séchées) sur une bouche ample, charnue (pignon, crème vanille) sur une ossature calcaire. Sur des dés de foie gras.

Douce Folie (36 €) : rosé de macération de très vieux pinots noirs. Assurément de la chair et du tempérament sur ce rosé à la guirlande aromatique complexe (jacinthe, narcisse réglissé, sureau, fraise cuite, raisin noir, violette et guimauve. Puissant sur un jambon cru ou un chaource truffé.