Dimanche 24 Novembre 2024
Photo : A. de Mons
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Date
12.12.2021
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Installé sur la petite appellation Sainte-Foy Côtes de Bordeaux, le Château Pré La Lande est l’un des pionniers du bio et de la biodynamie dans la région. Exploité par Michel Baucé, son épouse et sa fille, la famille est venue en force présenter à Bordeaux-Tasting une très jolie gamme de vins rouge.
Vous êtes l’un des tout premiers à avoir entamé une conversion bio dans le vignoble bordelais…
Nous sommes certifiés en biodynamie depuis le millésime 2016 et en bio depuis 2007. Nous cultivons 14 hectares de vignes, sur une propriété qui compte 22 hectares, le reste étant composé de bois et de prés. Notre vignoble est planté en rouges. L’assemblage de nos cuvées se compose toujours d’au moins cinquante pourcents de merlot et le reste se partage entre cabernet sauvignon et cabernet franc et un peu de malbec.
Pourriez-vous nous rappeler ce qu’apporte chaque cépage ?
Le merlot est très fruité, rond et moins tanique. Le cabernet sauvignon est un très beau cépage, très exigeant parce que pour que ce soit magnifique, il faut que ce soit bien mûr. On a la chance d’avoir un vignoble en coteaux avec une très belle exposition, donc on arrive à amener les cabernets sauvignons à parfaite maturité, ce qui donne une longueur et une profondeur extraordinaires au vin. Le cabernet franc a été un peu décrié à Bordeaux. Nous avons la chance d’avoir des vieilles parcelles de ce cépage avec des petits rendements. Il représente une sorte de synthèse entre le merlot et le cabernet sauvignon puisqu’il réunit à la fois le fruit et la profondeur. Ces sauvignons anciens qui ont une belle concentration nous ont parfois sauvé la mise sur certains millésimes difficiles comme 2013. Le malbec ne représente que 7 % du vignoble, c’est un petit coup de cœur. J’aime son côté très épicé. Sa culture est délicate parce qu’il a tendance par chez nous à être un peu productif, donc il faut vraiment le calmer. Il a ces notes poivrées et épicées qui sont très intéressantes pour apporter une petite touche finale dans l’assemblage.
Malgré les exigences de la viticulture biologique, avez-vous réussi à traverser cette campagne viticole 2021 un peu compliquée sans trop de dommages ?
C’est vrai que nous avons eu un printemps et un début d’été humides. L’ensoleillement n’a pas été génial. Mais les mois d’août et septembre nous ont sauvé la mise, nos raisins ont finalement pu mûrir correctement. On a eu de la coulure, ce qui a provoqué quelques pertes. Le résultat, c’est une petite vendange en volume mais une belle qualité, un fruit intense et des niveaux de sucre qui pour une fois ne sont pas trop élevés ce qui nous amènera à des degrés alcooliques entre 12 et 13 avec un niveau d’acidité un peu supérieur à d’habitude, donc des vins qui vont se garder, qui auront de la fraîcheur. En fin de compte, entre le gel, la grêle et les mauvaises conditions on s’en sort plutôt bien.
Vous pratiquez la biodynamie uniquement sur la partie culturale ou vous l’appliquez aussi aux méthodes de vinification ?
On va jusqu’au bout. On fait des vins qui ne sont pas seulement issus de raisins biodynamiques mais qui sont entièrement biodynamiques. Nous n’utilisons par exemple que des levures indigènes, aucune levure industrielle, aucun intrant pendant les vinifications. Notre gamme se décline en trois cuvées. Nous élevons la première dans des amphores en terre cuite, un matériau propice à la micro-oxygénation, mais qui a l’avantage de ne pas avoir l’apport gustatif de la barrique. Or nous avons une nouvelle clientèle plutôt jeune qui aime bien retrouver le goût du fruit, du raisin et apprécie moins le côté boisé. Ce n’est pas notre principale cuvée mais elle se développe d’année en année. Aujourd’hui, cette cuvée représente 6 à 7000 bouteilles chaque année et nous l’avons appelée Terracota. Ensuite, nous avons la cuvée Diane, élevée de manière plus classique dans des barriques. La différence, c’est que ces barriques font 300 litres, ce ne sont pas les barriques bordelaises traditionnelles. On obtient ainsi un rapport jus/bois qui marque moins. Nous veillons de plus à avoir des élevages longs pour justement bien fondre le bois et le vin. C’est notre cuvée principale avec toujours cet objectif de mettre très peu de sulfites. Que ce soit la cuvée Terracota ou Diane, on est en général à moins de 20 mg une fois en bouteille. Le tanin du bois est un précieux allié dans la mesure où il constitue un excellent antioxydant. Pour terminer, nous avons une troisième cuvée, la cuvée des Fontenelles, sans sulfites ajoutés, avec un élevage court, en cuve inox, et une mise en bouteille très précoce au printemps, pour enfermer le fruit. De la sorte, on reste juste sur du jus de raisin fermenté et rien d'autre!
Stand BI5
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