Vendredi 22 Novembre 2024
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21.07.2021
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Mailly Grand Cru est désormais la première coopérative en Champagne à pouvoir revendiquer une certification HVE complète. Les dernières certifications ont été remises il y a quelques jours au cours d’une cérémonie officielle. A cette occasion, Terre de vins est allé rencontrer son président Xavier Muller.
De quand date votre combat pour la certification HVE ?
La mise en route du projet remonte à 2013. Nous avons eu deux accélérateurs. D’abord, la certification collective c’est-à-dire la possibilité de certifier en même temps plusieurs exploitations via la coopérative. Nous avons été la première structure en Champagne à la mettre en place. Cette nécessité est très vite apparue lorsque nous avons commencé les certifications individuelles : dans les coopératives, on est habitué à travailler en groupe, on a besoin de cette dynamique. Membre de la commission technique du CIVC, j’ai fait remonter ce besoin qui a eu d’autant plus d’écho que le négoce avait la même problématique avec ses vignerons livreurs.
Le fonctionnement est plus facile pour le vigneron qui s’engage. Il ne se retrouve pas seul devant le certificateur, il y a un premier passage comme celui chez un garagiste avant le contrôle technique. C’est là qu’est intervenue notre deuxième accélérateur, Ségolène Gohier, une ingénieur agronome que nous avons recrutée. Lorsqu’on a quelqu’un qui s’occupe à 50 % de son temps de ce dossier, cela permet d’avancer plus vite, et d’être en relation directe et permanente avec les vignerons. Pour le certificateur, c’est aussi moins de travail. Nous avons ainsi mis en place un logiciel de traçabilité en intranet où tout le monde rentre ses données. Lorsque le certificateur vient, il a directement accès à toutes les informations de chaque exploitation. En échange, nous avons pu obtenir une réduction du coût.
Comment avez-vous réussi à obtenir l’adhésion de tous vos vignerons ?
Il y a trois ans, nous avons constaté que nous avions atteint le seuil de 90 %, on s’est dit que ce serait dommage de ne pas pouvoir revendiquer une certification complète ! Mais ce sont toujours les derniers qui sont les plus difficiles à convaincre, ils ont des petites surfaces, ils n’ont pas le matériel, et ce sont souvent des prestataires qui font leur travail… Pour certains, nous avons joué les entremetteurs, en les mettant en relation avec des vignerons mieux équipés prêts à intervenir chez eux. Pour d’autres, l’accompagnement des prestataires a été un élément clef. Nous avons répertorié ceux qui travaillent avec nos adhérents, et nous avons fait en sorte qu’ils soient plus en phase avec ce que la Champagne veut devenir. Sur ce plan, nous les avons d’ailleurs aussi fait progresser auprès de leurs clients qui ne sont pas membres de notre coopérative. Le fait que nous soyons une coopérative qui réalise une part très importante de son chiffre d’affaires dans la vente directe de bouteilles a également joué un rôle. Nous avions les retours du marché, ses attentes… Nos adhérents sont sensibles à ces données.
Bien-sûr, le HVE ne permet pas forcément de vendre plus cher, ce n’est pas du bio, mais cela prouve au consommateur que l’on fait des efforts et cela peut ouvrir des portes. Sur ce plan, il est regrettable que cette labellisation ne soit pas plus lisible. Il n’y a pas eu assez de communication de la part de l’Etat. La seule qu’on ait vu c’est de dire que cela n’avançait pas assez ou que ce n’était pas assez ambitieux ! Nous sommes loin d’avoir la reconnaissance des bios alors que le passage en HVE implique une baisse importante de l’utilisation des désherbants voire pour celui qui veut, leur suppression pure et simple. Chez nous, on observe que ceux qui ont été certifiés il y a dix ans, ont depuis arrêté les désherbants. HVE est une sorte de camp de base. Cela permet de changer les pratiques, d’emmener tout le monde et après libre à chacun d’avancer comme il l’entend.
Comment vos vignerons ont vécu cette transition ?
On s’est aperçu que c’était un excellent dossier pour la vie de la coopérative : les gens se retrouvaient en réunions, parlaient de leur vrai métier de vigneron. On a recréé du lien. Pour une coopérative, c’est très important, parce que parfois tout finit par se faire via les outils internet… Je m’attendais à perdre quelques adhérents. C’est le contraire qui s’est produit. Nous avons rentré 8 hectares supplémentaires de vignerons séduits par notre démarche.
Quelle est la prochaine étape pour vous, maintenant que vous êtes certifiés ?
Nous nous sommes fixés pour objectif le triple zéro. C’est-à-dire l’arrêt des insecticides, aisé avec la confusion sexuelle, le zéro antibotrytis, facilité par la réduction des amendements et le fait qu’avec le HVE, on recourt en partie à l’enherbement. La vigne est ainsi moins vigoureuse, ce qui fait que la pourriture est moins présente. Enfin l’arrêt des désherbants que nous aurons atteint d’ici 2023. Nous expérimentons aussi le bio. Nous n’avons pas de certification en cours, mais dans les faits, il y a quinze hectares cultivés sans intrants de synthèse. Avec les pluies que nous avons, c’est une année test.
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