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[Entretien] Sylvie Cazes, une présidente à Saint-Émilion

Sylvie Cazes Château Chauvin Association Grands Crus Classés Saint-Émilion

Sylvie Cazes, propriétaire de Château Chauvin (grand cru classé de Saint-Émilion)

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

05.09.2024

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Nouvelle présidente de l'Association des Grands Crus Classés de Saint-Émilion (AGCCSE), Sylvie Cazes nous dévoile la feuille de route de son mandat ainsi que les grands rendez-vous qui attendent l'association, pour les semaines et mois à venir.

Sylvie Cazes, vous succédez à François Despagne, qui était depuis 2019 à la tête de l'AGCCSE. Quel est le cap que vous souhaitez donner à votre présidence, et à l'association pour les années à venir ?

Tout d'abord, je tiens à saluer le travail remarquable de François Despagne, avec lequel j'ai étroitement collaboré au sein de l'association durant ces dernières années. François, par sa capacité à rassembler, à incarner le collectif, a été une formidable locomotive et il a joué un rôle précieux dans la réussite du dernier classement des crus de Saint-Émilion. Ses mandats ont été placés sous le signe de l'échange, du travail en groupe, et je compte bien m'inscrire dans la même philosophie. La transition entre nous s'est faite naturellement et en douceur, et nous allons continuer à travailler ensemble. La force de cette association est de partager une communauté de valeurs. Deux ans après sa promulgation, le nouveau classement n'est pas contesté, sa légitimité est avérée, on peut donc travailler à son rayonnement en toute sérénité. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'ensemble des grands crus classés de Saint-Émilion (l'AGCCSE réunit 55 propriétés sur 82 grands crus classés et premiers grands crus classés, NDLR) a réalisé au cours des dernières années un énorme travail de fond dans la connaissance des terroirs, dans l'approche viticole, dans l'investissement vers des outils de travail rénovés. Aujourd'hui, il y a un niveau de qualité exceptionnel dans nos vins. C'est une force sur laquelle nous devons nous appuyer pour repartir à la conquête des acheteurs professionnels et des consommateurs. C'est pourquoi l'AGCCSE va intensifier ses déplacements, notamment internationaux : aux États-Unis dès le mois d'octobre, puis en Belgique, et début 2025, en Europe et en Asie. On doit repartir à la rencontre des amateurs, stimuler les marchés, montrer notre savoir-faire.

Quels sont les autres grands rendez-vous majeurs de l'AGCCSE ?

Nous sommes très heureux d'organiser les 12 et 13 octobre prochains la deuxième édition de la Fête des Vendanges. C'est un week-end ouvert au grand public, riche en animations dans les châteaux, dégustations, ateliers, balades, déjeuners vignerons, dont le point d'orgue est une grande Gerbaude organisé au château de Ferrand, dans la plus pure tradition, avec un pot-au-feu, des vins en magnums, etc. C'est une façon pour nous d'ouvrir nos portes et de créer un grand moment de convivialité, après le succès de la première édition en 2023. Cette année 2025 marque également le vingt-cinquième anniversaire de l'inscription de Saint-Émilion au Patrimoine Mondial de l'Humanité par l'UNESCO, et nous entendons bien le célébrer – ce qui sera fait dès le Ban des Vendanges de la Jurade, les 21 et 22 septembre. Je souhaite aussi revenir sur le succès du tournoi de pétanque organisé par l'AGCCSE en juin dernier au Jardin du Luxembourg, à Paris. Il nous a montré qu'il est plus important que jamais d'aller à la rencontre des professionnels comme des consommateurs, les écouter, mais surtout faire goûter et expliquer nos vins, pour montrer à quel point ils ont évolué, avec toujours plus de finesse et d'élégance.

Justement, dans un contexte globalement tendu pour la filière vin, pas seulement à Bordeaux, mais dans toute la France, quel message d'espoir entendez-vous porter en tant que présidente ?

Le contexte est compliqué, c'est un fait, tant sur le plan conjoncturel que structurel. Pour ce qui est de la conjoncture, économique, politique, internationale, il faut espérer des jours meilleurs, avec notamment une baisse des taux d'intérêt et une reprise de la consommation. Il y a eu un engorgement des stocks de vin ces dernières années, mais une fois que ces stocks seront écoulés, les ventes devraient reprendre. Nos vignerons pourront alors compter sur la qualité de leurs vins, et sur le très bon niveau de leurs installations techniques, pour répondre présent. Les atouts sont nombreux, à Saint-Émilion et dans l'ensemble du Bordelais. Nous avons déjà connu des crises et avons su les traverser. À nous de rester sur le front, de savoir profiter des fenêtres qui s'ouvriront, en particulier à l'export. L'engouement suscité par le prochain déplacement de l'AGCCSE aux États-Unis m'indique que nos vignerons sont prêts à se retrousser les manches. C'est en jouant collectif que nous y arriverons, à l'échelle de Saint-Émilion et de tout Bordeaux.