Samedi 23 Novembre 2024
(photo : Baudouin)
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Date
14.04.2020
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Les sauvignons de Sancerre séduisent depuis longtemps les palais du monde entier. Reste à explorer la région qui les voit naître. Collines rayées de vignes, coteaux mythiques, vues à couper le souffle et caves voûtées… Un trésor à découvrir sans attendre en 6 étapes, tirées du Terre de vins n°64 disponible en kiosques et sur notre kiosque numérique.
Épisode 2/6 : Domaine Vincent-Delaporte
À contre-courant
À Chavignol, au pied du célèbre coteau des Monts-Damnés, voilà dix ans déjà que Matthieu, 31 ans, a pris les rênes du domaine familial Vincent Delaporte, aux côtés de son père Jean-Yves. Et la première décision de Matthieu a été de « revendre plein de machines » dont il ne voulait plus dans ses vignes, pour retrouver un geste moins bruyant et plus respectueux. « On a aussi arrêté de nourrir les vignes comme au McDo, pour leur redonner un rythme de sportive. » Avec tout ça, les 33 hectares sont aujourd’hui à deux doigts de la certification bio… « Et maintenant c’est mon père qui me pousse, et moi qui hésite », sourit le vigneron. Notre petit doigt nous dit qu’il ne douterait sans doute plus trop longtemps… Car de toute évidence, cette propriété est à un tournant. Tout le labeur accompli ces dernières années, mais aussi les impressionnants investissements consentis au chai, donnent aujourd’hui à Matthieu la latitude nécessaire pour affirmer son style dans ses vins : « Je suis à contre-courant. » Pour commencer, côté gamme, il n’y a que quatre noms différents, à l’opposé de la tendance bourguignonne qui sévit à Sancerre et qui préconise une micro-cuvée pour chaque bout de climat spécifique. Chez Delaporte, on a donc Chavignol (un rouge, un blanc, un rosé), Silex (un blanc, un rouge – ce qui est rare), Monts-Damnés (blanc) et Cul de Beaujeu (rouge). « Si je pouvais, je ne ferais que trois vins, comme ça se faisait avant les années 90 ici : un blanc, un rouge et un rosé », s’amuse Matthieu. Deuxième étape : arrêter d’acheter des fûts neufs, pour gommer l’effet boisé, réduire de moitié les doses de soufre et oublier les levures sélectionnées, pour laisser les vins fermenter de leur propre chef. « C’est compliqué, reconnaît Matthieu. Et du coup, la malo se fait parfois, ce qui n’est pas courant pour un Sancerre. Mais moi, je m’en fiche. » Ce que ses vins perdent en tension, ils le gagnent en énergie et en originalité. « Il faut accepter la diversité. Si tous les vins se ressemblent, tu te fais ch… En supprimant les levures, j’ai réussi à retrouver l’authenticité du terroir. J’ai fait beaucoup d’erreurs, mais je me fie beaucoup à mon instinct. »
Domaine Delaporte – 18300 Sancerre
02 48 78 03 32 – Site internet
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