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Esther Abrami, le champagne Tsarine pour violon d’Ingres

© JB-Delerue

Auteur

Yves
Tesson

Date

18.06.2024

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Esther Abrami est la nouvelle ambassadrice du champagne Tsarine. Cette violoniste de 26 ans à peine, également mannequin à ses heures perdues, s’est rendue célèbre pour sa capacité à vulgariser la musique classique auprès de nouveaux publics. Une expertise qui intéresse au plus haut point la maison, dans la mesure où elle pourrait aussi s’appliquer au vin.

Comment vous est venue votre passion pour le violon ?
Ma grand-mère était violoniste, c’est elle qui m’a montré un violon pour la première fois lorsque j’avais trois ans. Mais mes parents ont attendu que l’envie vienne de moi. C’est arrivé à dix ans, ce qui est très tard pour débuter, si on envisage ensuite de faire carrière. Dès mon premier cours, je suis tombée amoureuse de l’instrument, de cette sensation du violon contre moi, lorsque je l’ai senti vibrer. Dès cet instant, j’ai décidé de devenir violoniste et de tout donner. À 14 ans, je suis sortie diplômée du conservatoire d’Aix, et j’ai rejoint le Royal College en Angleterre. En face de moi, j’avais des bêtes de concours, des jeunes qui avaient commencé à l’âge de trois ans, avec des professeurs spécialisés. Je me suis demandée comment j’allais y arriver. Entre 14 et 18 ans, au moment où tous les adolescents sortent et s’amusent, moi, dès cinq heures du matin, trois heures avant le début des cours, j’étais en salle de pratique. Je travaillais à chaque break, je faisais ainsi huit heures de violon par jour en plus des cours. Je ne regrette pas, mais c’est vrai que cela m’a demandé beaucoup de sacrifices.

© JB-Delerue Esther Abrami accompagnée d'Enguerrand Baijot, président du champagne Tsarine

Vous vous distinguez par votre manière de dépoussiérer la musique classique, en communiquant sur les réseaux sociaux, en vous mettant davantage en scène lors de vos concerts…
Dès le départ, l’une des raisons qui m’a donné envie de faire du violon mon métier, c’est la connexion avec les gens qui s’opère dès que vous prenez votre instrument et que vous commencez à jouer. Je me rappellerai toute ma vie d’un concert de Klezmer et la manière dont on sentait que les musiciens vivaient la musique dans leur façon de se mouvoir. A contrario, je me souviens encore, au Royal College, de mon premier concert d’étudiants, où j’ai demandé si je pouvais présenter mon morceau au public avant de le jouer. On m’a répondu de manière offusquée : certainement pas, tu vas sur scène, tu joues, tu salues. Je me suis dit, il y a quelque chose qui ne va pas. J’observais aussi que c’était toujours le même public qui venait aux concerts, et jamais aucun jeune. Au point que parfois, on recommandait au public de baisser ses appareils auditifs ! À force aussi de préparer pendant des jours des morceaux pour des examens auxquels n’assistent que trois membres de jury, je me suis rendue compte que je perdais tout l’amour que j’avais pour la musique, que je ne m’y retrouvais plus. C’est comme ça que j’ai commencé à utiliser les réseaux sociaux. En 2017, j’ai publié une première vidéo alors que je travaillais les traits d’orchestre d’une symphonie de Beethoven pour une audition d’orchestre. À l’époque, aucun musicien classique ne le faisait encore. Quand j’ai vu les réactions des gens, je me suis dit, c’est incroyable, cela touche tout le monde alors que l’on m’a rabâché que les jeunes n’aiment pas la musique classique. Aujourd’hui, j’ai une communauté que ce soit sur Youtube, Facebook, Instagram, Tiktok, qui compte plus d’un million de personnes !

Ces nouveaux moyens m’ont permis de m’exprimer plus librement, de présenter la musique classique de la manière dont je voulais, mais aussi de mener ma carrière comme je l’entendais, en montrant que ce n’est pas parce qu’à douze ans, vous ne jouez pas les Caprices de Paganini et que vous ne gagnez pas de compétition, que vous ne pouvez pas devenir violoniste et en faire votre métier. Je voulais mettre en évidence qu’il n’y a pas que la technique, il y a aussi l’émotion, même si la technique reste importante parce qu’elle vous permet d’exprimer vos émotions. Aujourd’hui, même dans mes concerts, j’essaie de transposer cette approche que j’ai acquise sur les réseaux sociaux, en proposant des expériences un peu différentes, où j’explique les œuvres, et où j’enchaîne aussi des morceaux plus courts, plutôt que de jouer sans interruption pendant 30 minutes. Dans la musique classique, il y a parfois un dosage qui n’est pas équilibré entre le travail, l’effort que le musicien déploie, et le plaisir qu’il prend sur scène. On voit des chanteurs qui s’éclatent devant leur public, pourquoi cela ne serait pas possible pour nous ? 

Le monde du vin a le même problème. On a du mal à convertir la jeunesse. Dans quelle mesure votre expérience pourrait être duplicable dans cet univers ?
En ce qui concerne la musique classique, les gens ont des idées préconçues, je pense que c’est la même chose en ce qui concerne le vin. Pour le dire vulgairement, les jeunes pensent souvent que les deux sont des centres d’intérêt de vieux blancs de plus de soixante ans. Il faut parvenir à raconter une nouvelle histoire. Une solution consiste aussi à multiplier les collaborations avec d’autres disciplines artistiques. C’est le problème de ces mondes très élitistes, très techniques, qui ont tendance à s’isoler, à se refermer sur eux-mêmes, autour de ce culte de la perfection, du savoir-faire, en oubliant du coup le spectateur ou le consommateur si on prend l’exemple du vin, auprès desquels le premier objectif devrait être de faire passer des émotions. On est là à se prendre la tête sur le démanché qui n’était pas le bon, alors que le public, lui, ne l’a même pas vu. La collaboration avec d’autres univers artistiques, nous oblige à sortir de nous-mêmes, à aller vers les autres, à bâtir des passerelles, à transposer dans d’autres langages ce que nous faisons et donc à vulgariser, à rendre accessible à plus de gens notre art.

Prenez par exemple le violon et le champagne. Lorsque je joue le concerto de Mendelssohn, pour décrire la technique du ricochet où l’archet doit sauter de manière naturelle, simplement parce que l’on est au bon point de contact, sans qu’il soit nécessaire d’appuyer, quelle plus belle image que le jaillissement des bulles de champagne, vif et spontané ?

Je me suis aussi toujours demandée pourquoi on appelait les écoles de musique « conservatoires ». Comme si le rôle de ces institutions de formation était de conserver les anciennes valeurs pour ne surtout pas changer. Je ne dis pas qu’il faut changer les règles, il y en a de magnifiques. Ces métiers anciens, avec des valeurs anciennes sont tellement beaux, mais pour arriver à ne pas les perdre, il faut trouver de nouvelles approches et un fil conducteur, un récit. Ces morceaux ont été écrits il y a 300 ans, à une époque où le style de vie était très différent, le rapport au temps aussi, aujourd’hui tout va beaucoup plus vite. Donc il faut trouver à l’intérieur ce qui nous lie encore à eux, quelque chose qui fasse que l’on se sente encore concerné. Un bon exemple, c’est le cinéma. Je suis toujours frappée de voir à quel point on est capable d’écouter n’importe quelle musique lorsqu’elle accompagne un film, parce qu’on voit tout de suite ce qu’elle raconte. Les vignerons font pareil aujourd’hui, ils ne vous font pas seulement déguster leur vin, ils vous racontent une histoire, la leur, et elle vous aide à comprendre leurs cuvées, à les apprécier à leur juste valeur.

© JB-Delerue

Êtes-vous une grande amatrice de champagne ? Quelle a été votre première gorgée de vin ?
Personnellement, je suis très amatrice de vin. Je suis de confession juive. Ma première gorgée de vin a donc été du vin rouge, en famille, le vendredi soir. Mais j’adore aussi le champagne, le vin que l’on déguste en général après les concerts, lorsque l’on a besoin de célébrer !