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Foire aux Seconds Vins : « le bon rapport qualité-prix, c’est le nerf de la guerre »

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

26.09.2024

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Organisée comme chaque automne par Terre de Vins, la Foire aux Seconds Vins fait son retour le 12 octobre au Hangar 14, à Bordeaux, avec une cinquantaine de belles propriétés bordelaises. Fondateur de l'enseigne Cash Vin, partenaire historique de l'événement, Jérôme Plantey nous livre son analyse du marché des seconds vins.

En tant que partenaire historique de la Foire aux Seconds Vins et enseigne de référence dans la région bordelaise, que représente pour vous le marché des seconds vins ?

D’une manière générale, les seconds vins de Bordeaux sont un marché dynamique depuis des années. Tout d’abord parce que leur prix est en accord avec les attentes budgétaires des consommateurs, si l’on compare avec les premiers vins des grands crus, qui deviennent plus « iconiques » et plus difficiles d’accès à tous les portefeuilles. Les seconds vins sont adaptés à une consommation plus rapide, avec moins de temps de garde et un nécessitant un budget moins onéreux pour toucher une belle bouteille. C’est raccord avec la philosophie de notre enseigne, avec la culture du bon rapport qualité-prix qui est la nôtre – et cela explique le succès répété de la Foire aux Seconds Vins. Avant même la création de l'événement avec Terre de vins, la dynamique des seconds vins s’est amorcée depuis une vingtaine d’années et nous avons participé à son essor. Il y a eu de jolis succès (je pense à une marque comme Abeille de Fieuzal) que nous avons accompagnés dès leur création. Puis beaucoup de châteaux ont sollicité notre expertise, notre connaissance du marché avant de lancer leur second vin. En vingt ans, on a ainsi vu l’offre se structurer : de nombreuses propriétés qui vendaient ce qui n'allait pas dans leur premier vin en vrac au négoce ont considérablement amélioré la qualité de leur production pour proposer des cuvées à part entière, mieux conçues et mieux valorisées.

Le profil des seconds vins a beaucoup évolué, ce ne sont plus des succédanés des premiers…

Certains seconds sont devenus des marques à part entière, voire des propriétés à part entière. Certains ont aussi progressé pour devenir des vins de garde et sont très prisés des amateurs de grands vins. Au départ, les seconds vins étaient issus de jeunes vignes, des vins sur la rondeur, la gourmandise, faciles à boire avec peu d’élevage. Maintenant on a une plus grande diversité de profils, la buvabilité reste de mise, mais on a des parcellaires, de vraies sélections de lots…

Pour revenir au marché, quel changement d’attente avez-vous constaté chez vos clients ? Surtout dans un contexte de baisse de consommation du vin rouge…

Tout d'abord, les seconds vins suivent la tendance de consommation, les clients cherchent du fruité, du plaisir immédiat, des degrés d’alcool moins forts, etc. Dans la famille des seconds vins de Bordeaux, on a quand même une grande proportion de rouges, dans un contexte où, comme vous le dites, la consommation de blanc s’affirme de plus en plus. On trouve tout de même de jolies références de blancs en Pessac-Léognan. La popularité de cette appellation ne se dément pas dans notre enseigne. De façon globale, elle doit écouler les deux tiers de sa production en Nouvelle-Aquitaine et particulièrement en Gironde. Certaines marques doivent même écouler 80 % dans la région ; elle reste aussi une valeur sûre de la restauration, et les seconds vins en particulier – par leur positionnement prix et par leur buvabilité immédiate, ils se montrent encore plus accessibles en restauration que les seconds du Médoc ou de Saint-Émilion.

La question du juste prix est plus que jamais essentielle ?

Le bon rapport qualité-prix reste le nerf de la guerre : pour des particuliers, on constate que l'achat « coup de cœur » va se faire essentiellement sur un budget entre 15 et 30 € TTC. Au-dessus de 50 € c’est très poussif. Depuis 12 à 18 mois, le pouvoir d’achat consacré au vin a tendance à baisser, mais sur les seconds vins, on a constaté depuis plus longtemps qu'il existe un seuil de prix au-delà duquel les acheteurs auront du mal à aller. Si les consommateurs peuvent ponctuellement casser leur tirelire sur un premier vin, dans le cas d'un second le positionnement prix sera fondamental. D’où l’intérêt d’une opération comme la Foire aux Seconds Vins qui permet d’accéder à des prix attractifs, surtout si on prend 5 bouteilles (la sixième étant offerte). L’intérêt est donc pour le visiteur de constituer une ligne dans sa cave et que ce ne soit pas un achat occasionnel pour la bouteille du dimanche.

Cet événement peut constituer un appel d'air dans un contexte compliqué pour Bordeaux ?

On constate une déconsommation de vin, elle est réelle, ainsi qu’un rajeunissement de la clientèle, qui a d’autres codes, d’autres habitudes de consommation. De plus, on s’aperçoit que face à cette nouvelle clientèle, face à ces jeunes amateurs qui viennent régulièrement aux événements Terre de vins, qui dégustent et achètent, qui font preuve de curiosité, il est plus important que jamais de les toucher, de les imprégner de la culture du vin. On se réjouit qu’ils répondent également présents à la Foire aux Seconds Vins, c’est très important d’aller à leur rencontre, avec cette thématique importante du pouvoir d’achat, du bon rapport qualité-prix.


Bandeau foire aux seconds vins