Mercredi 25 Décembre 2024
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Date
29.04.2017
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Ce domaine italien, créé par un passionné belge il y a moins de 10 ans, s’impose déjà comme l’un des acteurs majeurs d’une viticulture italienne très dynamique.
Olivier Paul-Morandini a la sérénité de ceux qui ont choisi une voie dont on perçoit qu’elle leur permet de se réaliser totalement. Son histoire, c’est celle d’un vigneron qui n’aurait jamais dû l’être, trop occupé qu’il était avec ses activités de lobbyiste à Bruxelles en faveur des citoyens européens. A l’origine du numéro d’urgence européen, le 112, il aurait pu continuer à porter d’autres projets d’importance. Mais l’amour va le mener bien loin de sa Belgique natale. Non pas l’amour charnel, mais l’amour d’un assemblage de sangiovese, merlot et cabernet sauvignon. Une cuvée découverte au hasard d’un séjour sur la côte toscane en 2003 et qui le conduira à s’intéresser au travail de ces deux retraités suisses, Liliana et Armin, propriétaires de 8 parcelles de vigne sur 1 hectare. Conquis également par la beauté des lieux de ce coin d’Italie faisant face au cap Corse, il y reviendra au fil des ans, se passionnera pour ce terroir où l’histoire de la vigne ne se compte qu’en décennies. Son énergie et son envie convaincront Liliana et Armin de lui céder leur vignoble en 2009, année où son aventure sera réellement lancée. Cette région, c’est la Maremma et Bolgheri tout proche, célèbre pour ses crus dits « super toscans », produits notamment à base de merlot et de cabernet-sauvignon. En homme avisé, Olivier aurait pu s’engouffrer dans cette brèche commercialement intéressante. Mais l’homme a des convictions et une envie. Celle de « devenir paysan, de comprendre cette terre ». Son premier millésime en 2010 sera donc celui des premières observations. Il va ainsi réaliser des micro-vinifications séparées pour les différents cépages complantées sur 3 des parcelles du domaine. Le sangiovese qu’Armin n’avait jamais isolé à l’époque lui apparaît dans toute sa profondeur et sa gourmandise de fruit. L’acte de naissance de ses cuvées en mono-cépages, toutes travaillées dans une démarche biologique dès l’origine. Les préceptes biodynamiques lui seront par la suite inculqués par Pierre Masson, chantre de cette approche qui va permettre ici de révéler des vins vibrants.
Des vins à la pureté émouvante
Ce domaine « au-delà du monde » (« Fuori Mondo ») est une invitation au voyage. Et cela commence par le nom des différentes cuvées, tous évocateurs. L’entrée en matière se fait ici par le « D’acco », une référence directe aux premiers mots prononcés par le fils d’Olivier, « d’accord ». Un écho parfait pour un vin dont la souplesse de fruit en fait une invitation à l’échange entre amis. Mais c’est un vin qui n’est pas dénué de fond pour autant et donne évidemment envie de découvrir le reste de la gamme. « Libero » est, quant à elle, une cuvée en 100% ciliegiolo, un cépage autochtone dont le nom signifie « petite cerise ». Nom éminemment pragmatique lorsque l’on découvre ses arômes de cerise juteuse, à l’acidité ciselée comme sur le millésime 2015. Un vin tout en élégance, à l’image d’une autre cuvée, « Pemà ». Associé au prénom d’une jeune tibétaine qui avait profondément ému Olivier lors d’un voyage sur place en 1998, ce vin désormais en 100% cabernet-sauvignon depuis le millésime 2015 et élevé en amphores de grès offre une pureté exceptionnelle, portée par des tannins véritablement soyeux. Ce travail sur les contenants pour la vinification anime évidemment Olivier et les essais qu’il réalise sont nombreux. L’amphore de grès n’est pas un caprice de vigneron voulant « faire original » mais l’aboutissement d’une recherche l’ayant conduit à écarter les amphores en terre cuite qui ne lui apportaient pas satisfaction. Ce travail est la prolongation de celui initié dans les vignes pour s’approprier un terroir parfois rude, où le vent chaud peut venir perturber le mûrissement des raisins en favorisant le botrytis, notamment sur les grappes serrées de sangiovese. Ce dernier est donc quasiment absent sur cette côte mais les terres d’Olivier bénéficient de plusieurs atouts bénéfiques à l’épanouissement de ce cépage. Altitude de 180 à 250 mètres et sols de schiste lui permettent de produire une cuvée Lino en 100% sangiovese aux fruits rouges très nets et purs, comme sur le millésime 2013. Impossible de ne pas parler enfin de sa cuvée « Amaë », un 100% cabernet-sauvignon qui tutoie les sommets. Densité et complexité mêlé à un fruité expressif et appétant. Un modèle de grand vin, émouvant, pouvant être bu rapidement ou être laissé en cave. Un grand domaine en pleine éclosion, sans bruit, mais dont on ne peut que suivre l’évolution qui s’annonce enthousiasmante.
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