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En route pour la reconnaissance d’une AOP Médoc blanc

Auteur

Michel
Sarrazin

Date

02.05.2023

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On le sait peu, mais le Médoc fut une aire historique de production de vin blanc. Cette production, en AOC Bordeaux blanc, a décliné depuis les années 60 mais sans jamais vraiment disparaître. Pour les vignerons producteurs, cette perle méritait mieux : ils ont donc demandé la reconnaissance d’une AOP Médoc Blanc. Hélène Larrieu, Directrice de l’ODG Médoc, Haut Médoc et Listrac, fait le point sur ce projet.

Quelle est l’histoire des blancs du Médoc ?
C'est une histoire qui débute des années 1800.Les vins étaient produits au sud du Médoc, s’appelaient logiquement « vin de graves » et bénéficiaient d'une jolie réputation. Vers 1850, l’aire de production s’étend vers le nord pour atteindre en 1920, presque 17 000 hl en production. Les vins blancs se sont développés essentiellement en demi-sec. Dans la première moitié du 20ème  siècle, les AOC ont commencé en France à avoir des cahiers des charges validés par l’Etat. Concernant les appellations du Médoc, les derniers cahiers des charges ont été rédigés dans les années 60 et ont été faits uniquement pour le rouge. Les blancs ont été oubliés et ont du être étiquetés en AOC Bordeaux Blanc. Leur production a décliné pour devenir marginale. 

Quelle surface sont actuellement dédiée au blanc en Médoc ?
Un peu plus de 170 hectares. Cette surface est en développement raisonné puisque 9 ha ont été plantés en 2022. Il s’agit souvent de valoriser un terroir plus adapté au blanc qu’au rouge et de revenir à des pratiques historiques. C’est aussi pour faire un complément de gamme.

C’est un marché de niche plutôt haut de gamme non  ?
Le prix moyen varie entre 14 et 25 €, mais beaucoup de châteaux classés en 1855 ont un prix entre 30 et 130 €. On peut en effet parler de marché de niche.

Qu’est-ce qui va vous différencier de l’appellation Bordeaux blanc ?
D’abord le terroir. L’aire de délimitation AOC Médoc sera la même que celle du rouge c’est-à-dire les 8 appellations médocaines. L’élevage en barrique sera également un critère de différenciation. Au moins 30 % du volume devra être passé sous bois. On aura des vins blancs secs, plutôt sur le fruit exotique et fruit blanc, avec une certaine minéralité et une salinité et enfin, une persistance en bouche assez longue apportée par le boisage.

Quels cépages seraient autorisés ?
On a ceux autorisés pour l’AOC Bordeaux dont les VIFA qui sont, soit résistants, soit adaptés, mais on a demandé à l’INAO de pouvoir rajouter 15 % de cépages accessoires (chenin, viognier, chardonnay et gros manseng) dans l’assemblage : on en a déjà pas mal planté dans le Médoc. Les VIFA, c’est 5 % de l’encépagement et 10 % dans l’assemblage maxi.

D’autres critères du cahier des charges ?
Ce sera un vin blanc sec avec un seuil à ne pas dépasser de 4 gr par litre de sucre fermentescible. L’élevage se fera au moins jusqu’au 31 mars, avec 30% du volume élevé dans un contenant bois. Conditionnement obligatoire dans un contenant verre à partir du 1er avril et commercialisation à partir du 15 avril. On cherche à permettre une garde de 7 à 10 ans.

Quel est votre calendrier ?
On aimerait avoir une signature et une mise en application en 2025. Le cahier des charges vient d’être rédigé par les vignerons qui viennent de valider la demande auprès de l’INAO. Celle-ci va nommer une commission d’experts qui est composée de viticulteurs et de négociants d’autres régions viticoles et qui va mettre plusieurs mois pour étudier notre demande. Elle va ensuite faire un rapport à l’INAO qui va entériner notre demande puis la faire signer au ministère. Premier millésime, au mieux en 2025.

Quel est l’état d’esprit des viticulteurs sur ce projet ?
J’ai constaté que les viticulteurs qui produisaient du blanc avaient un attachement émotionnel. Nous, on est mono couleur en Médoc : le rouge. Le besoin de se diversifier est clair. L’envie de bien faire fait que les viticulteurs y vont de manière intelligente, très posée, et se consultent beaucoup les uns les autres. C’est un projet très fédérateur. La diversification de la gamme est une des raisons mais pas la première : c’est plutôt l’envie de curiosité. Avec 42 cépages blancs plantés dans le Médoc, le terrain de jeu qui s’offre est magnifique.