Samedi 21 Décembre 2024
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12.09.2023
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Elu pour 3 ans comme Président de la Fédération des Exportateurs de Vins & Spiritueux de France, Gabriel Picard s’est prêté au jeu des questions-réponses.
Comment se portent les exportations françaises de vins et spiritueux ?
Les premiers mois de 2023 montrent que les exportations françaises de vins et spiritueux se normalisent avec une stabilité en valeur à environ 8,6 milliards € (-1%). L’élément qu’il faut suivre sans doute plus particulièrement est la baisse des volumes. Elle s’explique en partie par les difficultés économiques que connaissent les consommateurs sur différents marchés. Nous sommes donc dans une phase d’atterrissage après plusieurs années de forte croissance : nos exportations ont progressé de 23% entre 2019 et 2022. Tout ceci, dans un environnement économique global qui demeure complexe et tendu, sur le plan politique comme économique.
Quelles sont les principales régions exportatrices de vins et spiritueux en France ? Quelles sont celles qui ont le plus progressé ces dernières années ?
Si l’on regarde les deux dernières années, 2021 et 2022, toutes les régions ont bénéficié du développement des exportations, mais à des degrés divers. S’agissant des vins, la Champagne et les Crémants, la Bourgogne et la Provence, sont les régions qui ont connu les progressions les plus fortes. Les vins de cépage français ont connu également une forte progression. Mais encore une fois, toutes les régions ont progressé ces deux dernières années avec une progression globale de 25% en valeur.
Pour les spiritueux, c’est certainement Cognac qui a marqué les exportations de spiritueux depuis 2 ans mais la vodka ou les liqueurs demeurent des produits également très dynamiques.
Il faut bien sûr relire ces performances à la lumière de l’inflation réapparue en 2022. Mais il reste clair qu’avec une progression globale de 23%, il y a une hausse de valeur supérieure à l’effet inflation.
Quels sont les principaux marchés à l’étranger pour les entreprises viticoles et de spiritueux ?
Le triptyque reste assez constant : les Etats-Unis demeurent, de loin, notre premier marché, à plus de 4,5 milliards €. Le second est le Royaume-Uni qui, depuis deux ans, a déjoué toutes les craintes qu’on pouvait avoir à la suite du Brexit. Le troisième est la Grande Chine (Chine + Hong-Kong), même si les périodes de confinement qui ont duré jusqu’à la fin de l’année 2022 ont pesé sur la demande des consommateurs. En Europe, l’Allemagne reste un marché important.
Quels sont les marchés export les plus dynamiques en termes de croissance ?
Sur les premiers mois de l’année 2023, parmi les marchés qui connaissent les plus fortes progressions, on peut citer Singapour ou le Japon. La Corée du sud, la Thaïlande ou la Malaisie sont aussi dynamiques : la performance de la Thaïlande ou de la Malaisie souligne l’intérêt d’un accord commercial qui, en réduisant les droits de douane, permettrait à nos entreprises d’exploiter pleinement le potentiel de ces pays. Plus près de nous en Europe, l’Espagne ou l’Italie connaissent des progressions très positives.
La petite taille est-elle aujourd’hui un handicap pour exporter ?
Je ne le pense pas car cela dépend d’abord de l’état d’esprit de l’exportateur et des marchés qu’il vise. Il n’y a pas une stratégie unique et donc il n’y a pas une réponse unique. De petits opérateurs peuvent prospérer avec des marchés ciblés, parfois de niche, avec des partenaires locaux qui cherchent des produits originaux, atypiques ou exclusifs. A l’inverse, dans d’autres cas, des distributeurs plus importants voudront travailler avec des interlocuteurs capables de leur proposer un catalogue de produits plus large ou des services complémentaires (logistiques, marketing, etc…). Dans ce cas, la taille peut devenir un atout.
Quels sont aujourd’hui les principaux freins à l’export pour les entreprises de vins et spiritueux ?
Comme indiqué, c’est avant tout une prise de conscience de la nécessité d’y aller et un état d’esprit ! Ensuite, pour exporter, le premier enjeu est de pouvoir accéder à un marché. Ce sont donc souvent les droits de douane qui constituent une première barrière. A titre d’exemple, si les vins et spiritueux étrangers sont peu présents sur un marché aussi important que l’Inde, c’est parce que les protections tarifaires sont très élevées et dissuasives. C’est pour cela aussi que les négociations commerciales demeurent essentielles.
Les autres barrières sont techniques : règles d’étiquetage, normes produits, publicité, etc. sont autant d’éléments qui n’interdisent pas l’exportation mais peuvent vite la rendre onéreuse et donc, en pesant sur le prix au consommateur, empêcher le développement réel des exportations. C’est ce qu’on appelle les « mesures non tarifaires » et nous constatons malheureusement qu’elles ont tendance à se développer. Là encore, les négociations, multilatérales ou bilatérales, sont essentielles pour lever ces freins.
Enfin, il faut aussi veiller à ne pas se créer de freins en franco-français ou en euro-européens : là encore, nos propres règles en matière d’étiquetage, de réemploi ou le morcellement chaque fois plus accentué de notre offre par la multiplication des règles - souvent inutiles – des cahiers des charges, sont autant de freins à la compétitivité de notre offre française à l’export. Là aussi, une forme de modération serait la bienvenue !
Vous avez été élu pour 3 ans comme Président de la FEVS. Quelles sont vos priorités quels seront les grands jalons de votre mandat ?
Je crois que qu’il faut capitaliser sur ce qui fait l’ADN de la FEVS tout en allant plus loin :
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