Gel en Champagne : un premier bilan contrasté

En Champagne, les nuits de dimanche à lundi et de lundi à mardi ont été marquées par des épisodes de gel. Les dégâts sont surtout importants dans la Côte des Bar, mais touchent aussi certains secteurs de la Montagne.

C’est sans doute la Côte des Bar, comme souvent malheureusement, qui a été la plus touchée par les deux derniers épisodes de gel. Hugo Drappier à Urville témoigne :  "Dimanche soir, un épisode de grêle est venu humidifier les vignes ce qui a renforcé les dégâts du gel pendant la nuit où la température est tombée à -0,8 degrés. Le lendemain, le ciel était très dégagé et le soleil a fait dégeler trop rapidement les bourgeons ce qui a accru encore les dégâts. Hier après-midi, on voyait déjà que c’était bien brun. Il est encore trop tôt pour établir un bilan, mais je pense qu’il tourne au moins à 25 % de perte. Le deuxième coup de gel de la nuit dernière a en revanche été moins violent (-0,5°) et a eu moins d’impact, d’autant qu’il faisait plus sec."

Dans la Marne, les dégâts ont été moins importants, même si les vignerons sont inquiets. Alice Tétienne, cheffe de caves et des vignes du champagne Henriot, raconte : « Déjà dans le contexte global, on réunit depuis le début de cette campagne tous les scénarios de catastrophe, avec des phénomènes météorologiques étonnants. Il y a quinze jours, on a eu un weekend à 25 degrés, une température estivale, puis le retour du froid dans la foulée, et ce qui est surprenant accompagné d'orages, avec des pluies diluviennes et des grêles. Celles-ci ont provoqué des perforations sur feuille, sans mettre en danger le rendement. Nous n’avons qu’une seule parcelle près d’Epernay où quelques rameaux ont été sectionnés. En ce qui concerne les gelées, on a eu une première gelée blanche hier matin. Sur notre domaine qui s'étend sur Aÿ, Avenay, Mutigny, Epernay et Chouilly, les températures atteignaient - 1° et la nuit dernière elles oscillaient entre - 0,5° et -0,8°. Nous avons donc été relativement épargnés, il faudra cependant confirmer les dégâts en fin de semaine. Il y a eu des secteurs sur le Nord de la Montagne où les températures ont été plus extrêmes. À Germaine, on est descendu à - 4° et à Mailly entre - 2 et - 3°. » Même son de cloche au domaine J.M. La Bruyère à Verzenay, où on s’inquiète davantage de l’humidité. « En un hiver, nous avons reçu l’équivalent d’une année de pluie. Compte tenu de l’hygrométrie, lorsque les chaleurs vont arriver, on aura des nappes de brouillard et un risque très élevé de développement du mildiou » confie Vincent Van Waesberghe.