Vendredi 22 Novembre 2024
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02.05.2022
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Vendredi soir, en marge de la Grande Dégustation Primeurs organisée par Terre de vins en partenariat avec LaGrandeCave.fr au Grand Hôtel Bordeaux Intercontinental, une master class d’exception a emmené 40 amateurs à la découverte de la galaxie « Domaines Barons de Rothschild Lafite », à travers deux millésimes 2021 et quatre millésimes livrables. Pour un moment d’exception hors du temps.
L’histoire raconte que Lafite Rothschild aurait gagné les faveurs de Louis XV et de la Cour de France grâce aux vertus de jouvence qu’il aurait eues en terres bordelaises pour Richelieu, alors Gouverneur de Guyenne. Trois siècles plus tard, quarante heureux amateurs ont pu à leur tour découvrir la classe inégalable du style « Domaines Barons de Rothschild Lafite », sous la houlette de Saskia de Rothschild - gérante des Domaines depuis 2018 -, accompagnée du directeur de Terre de Vins Rodolphe Wartel et de Mathieu Doumenge, grand reporter pour le magazine. En dégustation ce vendredi soir, le prestige de six millésimes : le 2021 du second vin « Carruades de Lafite » et son aîné Château Lafite Rothschild, suivis des millésimes 2015, 2001 et 1996 du 1er grand cru classé de Pauillac, et enfin, pour conclure la master class, le 1er grand cru classé de Sauternes Château Rieussec 2019, autre propriété du groupe familial.
Une galaxie de plus en plus verte
Domaines Baron de Rothschild, c’est évidemment l’iconique 1er grand cru classé de Pauillac château Lafite Rothschild, mais aussi une pléiade d’autres domaines, à Bordeaux (Châteaux Duhart-Milon à Pauillac à quelques pas de Lafite, L’Evangile à Pomerol, Rieussec à Sauternes, Paradis Casseuil en Bordeaux), ailleurs en France (Domaine d’Aussières en Corbières, dans le Languedoc) et dans le monde (Vina Los Vascos au Chili, Bodegas CARO en Argentine, domaine de Long Dai en Chine). Une belle et grande famille certes, mais des identités propres. « Nous n’avons jamais suivi les modes, rappelle Saskia de Rothschild, nous nous attachons à ce que chaque domaine dans le monde ait sa personnalité, avec son équilibre propre. »
Transcendant cette variété néanmoins, une préoccupation environnementale prégnante anime la gérante et ses équipes. « L’ère de mon père a été une ère de développement, la mienne est une ère de protection, explique la jeune femme. Nous avons des terroirs extraordinaires, à nous de tout faire pour les préserver face aux bouleversements environnementaux. » Après L’Evangile à Pomerol, pionnier en la matière, l’ensemble des vignobles français de l’empire « Domaines Barons de Rothschild Lafite » est aujourd’hui en conversion à l’agriculture biologique. Pour tenter d’appréhender le plus sereinement possible l’avenir, la réflexion va plus loin, s’articulant autour d’une série de mesures dont Lafite Rothschild se fait, pour certaines, le laboratoire expérimentale. Pour défendre la biodiversité, jouissant de 220 hectares de mares et forêts autour du château Lafite Rothschild, la famille de Rothschild met un point d’honneur à restaurer la polyculture, quasiment disparue depuis les années 2000. Dans le viseur d’ici à 2030, la plantation de douze kilomètres de haies, et l’arrachage de 4 hectares de vignes pour planter d’autres espèces végétales parmi les ceps, et réaménager des points d’eau, pour attirer une faune variée. Egalement en projet, une « parcelle phare » sur la génétique et l’adaptation climatique, pour guetter les réactions de différents cépages sur les terres médocaines dans les cinquante années à venir. Enfin, une opération de sélection massale consistant à « aller dans nos vignes choisir les plus beaux individus, les marquer trois années de suite, pour créer des bébés, futurs pieds de vignes de nos parcelles, détaille Saskia de Rothschild. Nous comptons replanter le plateau de Lafite et nos meilleurs terroirs de cette façon dans les années à venir. »
Dans la thématique de cette soirée « Primeurs », ouverture du bal avec Carruade de Lafite 2021, second vin du 1er grand cru classé de Pauillac, qui pèse pour la moitié de la production du domaine. Ce 2021 « est un enfant, il a à peine six mois. Il va passer encore un plus d’un an en barriques, puis six mois en bouteilles avant sa livraison. Ce n’est pas évident de savoir se projeter, mais fermez les yeux et laissez votre intuition parler » préconise Saskia de Rothschild. Prenant le nom d’une des plus belles parcelles du domaine, d’une surface de treize hectares très qualitatifs, ce 2021 comprend une forte proportion de jeunes vignes constituant la colonne vertébrale de ce vin. « Fringantes, elles se sont très bien comportées en ce 2021, un millésime imposant nombre de décisions. Avec leurs racines un peu moins profondes, elles ont connu la juste dose de stress hydrique, pour une belle maturité. » Avec ses 5 % de cabernet franc, ce Carruades de Lafite 2021 dévoile « un nez floral, des tanins soyeux, sans aspérités grâce à des extractions tempérées. »
Le commentaire de Mathieu Doumenge : « ce Carruades de Lafite est une double entrée en matière : dans l’univers de Lafite Rothschild et dans le millésime 2021. Il a un côté pimpant, de l’éclat, de l’énergie, de la fraîcheur, un joli soyeux dans le toucher de bouche. Doté de matière mais avec des degrés plus bas en alcool, il est très digeste et élégant. Un vin prometteur dans durée, répondant à merveille aux attentes de consommation actuelles. »
« En 2021, les terroirs ont parlé de façon très claire. Une sorte de retour aux sources, dans lequel Lafite Rothschild nous a rappelé qui il était. Sur cette année, les assemblages ont été très faciles, dominés par une majorité de cabernet sauvignon, cépage-roi sur les graves de Pauillac, aux côtés d’une seule parcelle de merlot, explique Saskia de Rothschild. Sa longueur me fascine, il n’en finit pas, il est salin, sapide, on a envie d’en boire plus. Il a déjà une belle complexité et raconte beaucoup de choses, c’est un vin intelligent ! »
Le commentaire de Mathieu Doumenge : « Si Carruades avait un côté directement avenant, ce Lafite Rothschild 2021 est plus profond. Il nous invite à plonger dans le terroir pour essayer de comprendre d’où il vient. On est sur l’expression d’un grand cabernet sur les croupes de graves, avec ce côté tactile, un toucher de tanins plus stylisés et une définition très fine. On a envie de zoomer pour comprendre ces pixels, promesse de longueur et de grande évolution dans le temps. On devrait se régaler très longtemps avec ce 2021. »
« C’est un millésime que l’on aime beaucoup. C’est rare d’avoir un vin de sept ans d’âge qui se donne autant, note Saskia de Rothschild en préambule de la dégustation de ce vin. Ce millésime oscillait entre l’ère des vins plus solaires, et la juste dose de pluie pour amener un peu de dilution en fin de saison et conférer cet équilibre. Ce vin a une très jolie longueur, une très belle finale et un fruit déjà appétissant. »
Le commentaire de Mathieu Doumenge : « ce 2015 est déjà délicieux, mais il a des décennies et des décennies devant lui, au moins dix à quinze ans pour qu’il commence à déployer plus de complexité. Solaire et généreux, 2015 est un millésime de bascule à Bordeaux, celui d’une nouvelle ère moderne, avec une montée en précision et qualité technique pour de nombreuses propriétés bordelaises. Les 2015 sont merveilleux, à l’image de ce vin à la très belle intensité de fruit, avec le cassis assez présent. On commence aussi à discerner les premières notes très caractéristiques du style Lafite, le graphite et cette fraîcheur sous-jacente finale sur le cèdre, l’eucalyptus. Et plus on va avancer dans le temps, plus ces notes seront éloquentes », prédit le grand reporter. Et d’ajouter : « quand on déguste ces vins, il faut avoir conscience de l’exceptionnel, sans non plus trop les sacraliser. Les vins de Lafite ne ressemblent qu’à eux. A travers le temps, cette identité est impressionnante, c’est l’expression des grands terroirs de Bordeaux. »
Côté cuisine, avec ce 2015 « en pleine énergie et jeunesse du haut de ses sept ans, assez fougueux malgré des tanins fondus, d’une grande élégance, une association avec un plat savoureux, intense en goût et délicat dans sa texture. Par exemple, un pavé de biche tout juste laqué, ou, pour un accord très local, un agneau de Pauillac. »
« Nous avons choisi de vous présenter 2001 et 1996 du fait de leurs similitudes d’histoire avec 2021. En 2001, l’été n’a pas été très solaire, avec plutôt une tendance à la fraîcheur, rappelle Saskia de Rothschild. Ce vin a été abordable très tôt. Il a évolué plus vite que les vins de Lafite ne le font généralement, eux qui prennent du temps à être accessibles. Ce 2015 dévoile déjà des arômes de musc, cèdre, mais encore une grande fraîcheur, avec un vin très croquant, qui raconte ce que pourrait devenir le 2021. »
Le commentaire de Mathieu Doumenge : « ce 2001 a été un peu négligé quand il a été présenté. Il a eu le malheur d’arriver après le très symbolique 2000. Avec le temps, on le redécouvre, et il a énormément de qualités. Ce scénario rappelle un phénomène récurrent à Bordeaux : on est souvent ébahis par les millésimes généreux, qui mettent les curseurs assez hauts, mais c’est parfois le risque de passer à côté millésimes qui font moins de bruit. Ne serait-ce pas aussi le cas avec ce 2021, qui arrive après une trilogie encensée 2018-19-20 ? Sur ce 2001, on commence à avoir la très belle évolution de cette signature, cette élégance intemporelle médocaine. Le fruit est présent, mais se fait plus confit, complexe, avec des premières notes de tabac qui apparaissent, des touches fumées, de viande séchée, toujours cette grande fraîcheur en finale, des notes de liqueur de café, musquées. Et toujours cette longueur et persistance inimitables, la signature Lafite. » Côté cuisine, pour accompagner la complexité de ce vin, Mathieu Doumenge préconise un canard au sang, avec ses saveurs et textures fines et décalées, ou un bœuf maturé cuit en croûte de sel.
Quant à elle, Saskia de Rothschild apprécie tout particulièrement d’associer ces 2001 et 1996 avec des poissons, comme un maigre grillé sur des sarments ou, de par ses origines italiennes côté maternel, avec des spaghettis à la tomate, tout simplement.
« C’est l’un de mes millésimes préférés avec 1953 et 2010, commence Saskia de Rothschild. J’avais huit ans, je ne m’en rappelle pas très bien, mais on me l’a toujours raconté comme un millésime où il fallait, comme en 2021, laisser faire. On sent la beauté de l’expression des cabernets sauvignons sur un terroir formidable. Ce 1996 avait les mêmes caractéristiques climatiques que 2021. Il a été fait grâce à quatre semaines providentielles fin août-début septembre. On n’a pas envie d’arrêter d’en boire ! »
Le commentaire de Mathieu Doumenge : « ce 1996 est à un stade d’évolution très intéressant, il a encore beaucoup d’éclat, de vibration, une densité en bouche qui fait plus jeune que le 2001. On commence tout juste à percevoir des premières esquisses de notes tertiaires, d’herbes, de sous-bois, truffe, de cuir, mais il en a encore vraiment devant lui. Ce vin est très élégant et long en bouche, avec en finale cette touche de mine de crayon, de graphite caractéristique de Lafite. Un vin à la grande délicatesse tannique, à associer par exemple avec un poisson ou un gibier à plumes tels que la palombe ou la bécasse, voire des pâtes aux truffes. »
Pour finir, cap sur l’or de Sauternes, avec le château Rieussec, domaine en agriculture biologie de 84 hectares de vignes, plantés en sémillon, sauvignon et muscadelle. Ce millésime 2019 se présente dans une nouvelle bouteille surprenante, trapue, fournie avec un original bouchon en liège amovible et repositionnable. « Il y a eu un désamour des consommateurs pour ces vins de Sauternes, auxquels nous sommes très attachés. Il fallait réfléchir à une façon de changer le moment de consommation, rapporte Saskia de Rothschild. En partant du travail environnemental mené à la vigne, nous avons décidé que tout ce que nous devions faire devait l’être dans cette logique. Nous avons repensé la bouteille 100 % en verre recyclé, expliquant son aspect opaque et sombre. Elle a été travaillée pour être conservée par les personnes ayant consommé ce vin, par exemple pour mettre de l’eau ou des fleurs. Donné avec à l’achat, ce bouchon en liège vise à rappeler que le vin de Sauternes n’est pas le vin d’un seul repas. La bouteille peut être gardée au frigo pendant un mois, et dégustée en plusieurs fois. Ce bouchon permet d’ouvrir et reboucher à souhait, pour déguster à différents moments de la journée et la semaine ce sauternes dans un style moderne, avec sa belle acidité et sa grande fraîcheur, venant tempérer le sucre dans un bel équilibre. »
Le commentaire de Mathieu Doumenge : « ce 2019 est effectivement le parfait exemple d’un sauternes moderne, à la sucrosité très bien maîtrisée, qui ne préempte pas la bouche. Il y a une vraie fraîcheur. Le fruit n’est pas confituré, mais plutôt zesté, sur les agrumes, accompagnés de notes florales très présentes, telles que le jasmin, la fleur blanche, et un soupçon d’amande fraîche. Ce profil ouvre de nombreuses perspectives pour des idées d’accords, comme une volaille rôtie, des fromages tels que des bleus, un dessert comme une crème au citron-yuzu, assez légère en texture et un peu acidulée. » Et pourquoi pas « avec des huîtres agrémentées d’un peu de poivre noir », ajoute Saskia de Rothschild.
Acquérir Lafite Rothschild en primeurs
« Lafite Rothschild occupe une place particulière dans le cœur des négociants de Bordeaux, car c’est un vin d’exception et l’un des plus anciens », explique Frédéric Castéja, à la tête de La Grande Cave. « Lafite, comme Carruades, Duhart-Milon, L’Evangile ou Rieussec sont des vins d’exception, chacun avec son instant de consommation. Je vous recommande de patienter un peu avant de les consommer. Par exemple, Lafite se révèle après dix, vingt, trente ans de garde. Mais je vous invite en revanche à sécuriser dès à présent l’achat, en en mettant en cave. »
Pour ce faire, l’achat en primeurs offre aux consommateurs l’avantage d’une acquisition à tarif préférentiel, « autour de 500€, avec des vins qui vaudront 1 000 à 3 000 € des années plus tard. » Se positionnant indéniablement comme l’un des produits phares de lagrandecave.fr, Château Lafite Rothschild est « généralement acheté par les clients en petites quantités, au nombre de trois bouteilles par client en moyenne. »
En ce qui concerne l’annonce du tarif de ce millésime 2021 en primeur, « on ne fera rien avant le mois de juin », prévient Saskia de Rothschild. A suivre, donc.
Suivez toute la campagne primeur sur terredevins.com et lagrandecave.fr
Photos: Solène Guillaud
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