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Grands Jours de Bourgogne : succès record et défis majeurs pour l’avenir

Auteur

Fleur
Bouyé

Date

21.03.2024

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Au troisième jour des Grands Jours de Bourgogne, l'Interprofession donne son point de vue sur l’événement comme sur la météo du marché bourguignon.

Première satisfaction et signal encourageant souligné par Raphaël Dubois, président de l’Association des grands Jours : l’affluence des visiteurs…. Un véritable record : 2600 professionnels dont 40 % d’étrangers ont répondu à l’appel de ce rendez-vous bisannuel. Belges, Américains, Chinois, Britanniques et même Français (!) sont là, le sourire au lèvre puisque les Bourgognes sont de grande qualités et qu’il y a – enfin- du volume ! Une augmentation de plus de 40% de fréquentation par rapport à 2018, de quoi se réjouir. « Le millésime 2023 est le millésime de tous les records côté volume avec 1 million 899000 Hl de vin, précise François Labet, directeur délégué du BIVB. Si les Blancs restent supérieurs aux rouges en quantité, la disponibilité des rouges croît de 12 % cette année. Dans cette dynamique, les crémants se distinguent et leur succès planétaire ne se dément pas. 2023 marque un volume en augmentation de 23 %. Quant au millésime 2022, actuellement dégusté aux Grands Jours et faisant son entrée sur le marché, c’est une bombe ! Le pinot noir, pour ne citer que lui, témoigne d’une grande élégance comme on l’espère naturellement ». Selon Laurent Delaunay, « La Bourgogne a aujourd’hui toutes les cartes en main. Nos vins ont le vent en poupe et nous avons enfin du volume après une décennie en déficit.  Nous sommes le premier jour du printemps, promesse d’avenir et signe d’Espérance pour la Bourgogne ». Espérance ne va pas sans prudence et la Bourgogne est consciente des points d’attention nécessaires (de la sagesse sur ses prix par exemple) et des défis indispensables à relever aujourd’hui et pour les générations à venir. « Je suis raisonnablement optimiste tout en étant bien conscient des temps mouvementés que nous vivons », ajoute le président du BIVB.

Evolution des marchés
En observant les statistiques du marché sur plusieurs décennies, nous observons depuis quelques années une hétérogénéité totalement inédite des volumes. Il ne faut pas négliger non plus l’évolution des types de consommations, liée en partie à la mue de nos modes de vie qui négligent de plus en plus les repas de famille traditionnels, ceux où l’on boit du vin rouge à table ! Un argument supplémentaire pour expliquer la place de plus en plus prépondérante des vins blancs et des crémants. « Les à-coups que nos vignobles subissent depuis quelques années nous obligent également à transformer nos modes de gestion : on doit anticiper les faibles récoltes lorsque l’on a du vin, ce qui nécessite une prise de risque non négligeable quant à la rentabilité des exploitations. »

Bonne nouvelle pour le négoce, les sorties de propriétés ( ce que la viticulture met sur le marché, en moût, raisin ou bouteilles), vont augmentant : plus 8% de vente en vrac lui ont permis de reconstituer ses stocks. Le marché français semble affiner sa consommation en privilégiant les vins de qualité, ce qui explique la baisse du marché de la grande distribution. Si le marché a baissé en Bourgogne ces dernières année, surtout en volume, cette baisse ralentit aujourd’hui, on retrouve l’équilibre et une fois encore le plus grand résistant c’est le crémant ! Pas de panique, si les exportations françaises ont chuté en 2023, c’est en partie à cause de l’évolution de la consommation de certains marchés mais encore plus du manque de disponible ; retrouver l’équilibre après deux bonne récoltes n’est pas un leurre.

Objectif 2035
Mais au-delà de ces questions immédiates de marchés, le défi fondamental à relever pour les vins de Bourgogne pour assurer qualité et pérennité pour les prochaines décennies est sans hésiter la réduction de l’impact carbone. Le défi est de taille pour le BIVB qui s’est promis une baisse de 60% d’ici 2035. Le dérèglement climatique concerne au quotidien les viticulteurs et ce n’est pas par hasard si deux tiers des 66 projets techniques du BIVB concernent ce sujet. Les leviers de lutte contre la production de gaz à effet de serre sont bien connus : poids des bouteilles, transports.. ; Mais le BIVB met la technologie la plus pointue au service de cette cause. Un partenariat avec Adelphe et Food Pilot souhaite contribuer à relever le défi d’entraîner et de piloter l’ensemble de la filière. L’outil « Wine Pilot », fruit de ce partenariat, après avoir été expérimenté, sera à disposition des acteurs de la filière début avril. C’est une plateforme internet qui permettra à chaque vigneron de faire son propre bilan carbone et d’analyser ses trajectoires, autrement dit les leviers mobilisés… et donc les leviers manquants afin d’améliorer ce bilan.

Cet outil novateur, une véritable arme pour atteindre la neutralité carbone, est un moyen de plus d’être confiant en assumant des responsabilités cruciales pour que les vins de Bourgogne restent attractifs dans l’avenir comme ils le furent depuis si longtemps et comme ils semblent l’être lors de ces Grands Jours. Gageons que la Bourgogne demeure « le modèle ultime de de la viticulture durable, dans une démarche de qualité qui dure depuis 12 siècles » pour reprendre les mots confiants de Laurent Delaunay.