Accueil Hausse surprise à la vente des Hospices de Beaune 2009

Hausse surprise à la vente des Hospices de Beaune 2009

Auteur

La
rédaction

Date

16.11.2009

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Rendez-vous majeur de la Bourgogne, les Hospices de Beaune, le 15 novembre, ont prouvé que 2009 était un beau millésime capable de résister à la crise de mévente des vins.

Les Hospices en hausse de 20%
La 149ème Vente des Hospices de Beaune s’est achevée sur une hausse de 20 % par rapport à 2008. Elle rapportera donc 4, 9 millions € à l’hôpital de Beaune. Un résultat surprenant, les négociants ayant au contraire incité les acheteurs à la prudence dans une conjoncture économique difficile pour la Bourgogne. Les deux pièces de charité, enjeu prestigieux de ces enchères de bienfaisance présidées par Patrick Bruel, Andréa Casiraghi et sœur Marie-Emmanuel Minot, se sont vendues 81 000 €. « Nous avons les 2007 et 2008 à vendre, et nous les avons payés cher; nos clients nous demandent de baisser nos prix, donc l’ajustement se fera sur les 2009 », résumait, laconique, Pierre-Henry Gagey (maison Louis Jadot), président du BIVB (bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne).
Une prudence justifiée par une conjoncture plutôt sombre : « Nous sommes entrés en récession fin 2008 », rappelait Louis-Fabrice Latour (maison Louis Latour), président de la FNEB (fédération des négociants-éleveurs de Bourgogne). « Les foires aux vins de septembre ne se sont pas très bien passées, et le marché français marque le pas aussi, après l’export. »
Pourtant, les cours des Hospices ont un moment flambé à +34%, avant de se stabiliser sur une hausse moyenne de 20%. La faute à un millésime exceptionnel et à la forte mobilisation d’acheteurs particuliers qui ont acheté, tonneau après tonneau, les 799 fûts en vente.

2009, millésime hors-norme
La vente des Hospices de Beaune est traditionnellement qualifiée de « baromètre de la Bourgogne ». Elle est à tout le moins la première occasion officielle de goûter les vins du millésime récolté deux mois avant. Avec presque 60 hectares de vignes, les Hospices proposent en effet un instantané global de la Bourgogne (sauf Chablis). « Ce seront des vins faciles d’approche », commentait Roland Masse, le régisseur des Hospices. Tanins ronds, acidité basse : les rouges plairont dans leur jeunesse. Tanins mûrs, raisins exceptionnellement sains : ce seront aussi des vins de garde, soulignait-il. Avec cependant un paramètre à surveiller : la teneur en alcool, quelques cuvées titrant à plus de 14° ! Et pourtant, insistait M. Masse, les vendanges ont été menées tambour battant, en l’espace de 10 jours, pour éviter que les degrés ne grimpent trop.
Les blancs sont plus difficiles à jauger, étant encore en pleine fermentation. Mais là encore le profil bonne maturité et haut degrés se confirme.

Les 90 000€ de « Patriiiiiiiiick »
C’est dans une ambiance de groupies en délire que Patrick Bruel a fait son entrée avec Andréa Casiraghi, 25 ans, fils aîné de la princesse Caroline de Monaco. L’acteur s’est levé pour animer le clou des enchères : la vente de 2 tonneaux destinée à financer les Restos du Cœur, incarnés par Patrick Bruel, la Fondation Motrice soutenue par Andréa Casiraghi, et l’ordre des Sœurs Hospitalières Sainte-Marthe au Rwanda.
L’acteur a fait le bateleur : « allez, 60 000€ et je vous chante un couplet… » Et le voilà en train de chanter a capella « l’amant de saint-Jean » en costume-cravate bleu sombre. Nouvelle annonce : « à 70 000€, c’est Andréa qui chante ! ». Et le jeune prince timide d’entonner « caaaaaasser la voix » au coup de marteau… Et pour finir, en bon joueur de poker, Patrick Bruel a dégainé son joker : une semaine pour deux à Nice avec les Enfoirés : adjugée 9000€, en sus des tonneaux de vin !
A côté de ces stars, se tenait une modeste bonne sœur en habit bleu et à coiffe blanche, sœur Marie-Emmanuel Minot. Sa présence rappelait que les Hospices ont sauvé la vie à trois religieuses de sa congrégation : ces sœurs noires rwandaises, poursuivies par des Hutus, ont eu la vie sauve en expliquant à la guérite du consulat de France qu’elles étaient « beaunoises », en mémoire de leur ordre, fondé pour soigner les « pauvres malades » de l’Hôtel-Dieu. Ce sont donc ces trois associations caritatives qui se partageront 90 000€.

Les nouveautés de la vente 2009
Une cuvée de 12 tonneaux de saint-romain était mise en vente pour la première fois ; mais surtout, l’accent de la vente a été mis sur les clients particuliers : « une personne peut acheter une seule pièce », soulignait Christie’s, qui anime la vente depuis 2005.
Avec 799 tonneaux vendus un par un, cela s’est traduit par une vente d’une durée record de neuf heures ! Un négociant, Albert Bichot, a d’ailleurs poussé la logique jusqu’à créer un site web dédié aux particuliers désireux de se fédérer pour acheter à plusieurs une pièce, tandis que Christie’s proposait de suivre les enchères en direct sur sa chaîne Christie’s Live, et d’y participer via son site web. Deux initiatives ayant draîné le public : 57 acheteurs suivaient la vente sur le site de Christie’s, et Bichot a enregistré 500 connections sur sa propre offre.
Ensuite, les acheteurs particuliers, français et étrangers, devront choisir un négociant qui viendra chercher leur tonneau, l’élever puis le mettre en bouteilles en Bourgogne : pas sûr que le négoce accueillera à bras ouverts ces particuliers qu’ils ne connaissent pas et qui compareront les tarifs. Et pas question d’expédier le tonneau au USA, ont martelé les négociants, car le vin doit être élevé en Bourgogne. Une intransigeance guère euro-compatible : Bruxelles pourrait bien un jour considérer que ces usages anciens contredisent la libre concurrence et la libre circulation des biens et marchandises.

Florence Kennel