Lundi 23 Décembre 2024
(photo d'illustration Shutterstock)
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07.02.2022
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Le projet Horizeo, parc photovoltaïque de 1000 hectares à Saucats, en Gironde, suscite un vent de défiance parmi de nombreux acteurs locaux. À commencer par les vignerons de l'appellation Pessac-Léognan, en première ligne face aux conséquences potentielles de ce projet sur l'écosystème environnant.
Le plus grand parc photovoltaïque d'Europe : c'est l'ambition du projet Horizeo, qui pourrait voir le jour d'ici 2027 à Saucats, en Gironde, confirmant le positionnement fort de la région Nouvelle-Aquitaine sur le secteur de l'énergie photovoltaïque ; on se souvient qu'un parc de près de 300 hectares a déjà vu le jour fin 2015 à Cestas. Cette fois, on entrerait dans des dimensions beaucoup plus importantes, puisque Horizeo doit couvrir une surface totale de 2000 hectares en pleine forêt des Landes - dont la moitié accueillerait panneaux et bâtiments, entraînant de facto l'arrachage d'une énorme quantité d'arbres sur une superficie de 1000 hectares. Et c'est là que le bât blesse : de nombreuses associations, de riverains comme de défense de l'environnement, ont déjà manifesté leur opposition au projet, de la LPO à la la Fédération des industries du bois de Nouvelle-Aquitaine. Et, plus récemment, c'est le Syndicat Viticole de Pessac-Léognan qui a tiré la sonnette d'alarme.
Olivier Bernard, propriétaire du Domaine de Chevalier, est en charge du suivi de ce dossier pour le syndicat. Il résume en quatre mots ce qui pose problème dans le projet Horizeo : "trop grand, trop près". Et de détailler : "nous parlons d'un projet qui va raser 1000 hectares d'arbres en lisière de l'appellation Pessac-Léognan, avec un impact potentiellement grave sur tout l'écosystème environnant. Certaines propriétés ne se trouvent qu'à une poignée de kilomètres de l'emplacement du futur parc photovoltaïque, et nous estimons que nous n'avons pas assez d'éléments tangibles sur les effets potentiels de ce projet sur l'équilibre de notre vignoble".
Selon le syndicat, malgré le débat public qui a commencé le 9 septembre 2021, s'est terminé le 9 janvier 2022 et dont les conclusions doivent être rendues le 9 mars prochain (voir détails ici), tout le projet manque d'une "étude d'impact sérieuse" portant sur trois points :
- Le parc photovoltaïque d'environ 1GW alimenterait plusieurs "briques" technologiques, dont des batteries de stockage d'électricité, un électrolyseur produisant de l'hydrogène et un data center sur une surface de 5 hectares, autant d'équipements qui peuvent entraîner une forte production de chaleur à proximité du vignoble.
- La suppression de 1000 hectares d'arbres initialement plants sur des terres marécageuses soulève la question de la rétention d'eau et de la gestion d'un bassin hydrique, sur laquelle les viticulteurs ne sont pas rassurés.
- La suppression de 1000 hectares d'arbres soulève, enfin, des interrogations sur de possibles nouveaux couloirs de grêles qui pourraient être créés, exposant les vignes environnantes.
Autant d'inquiétudes qui, comme nous l'affirme Olivier Bernard, "ont été formulées dès l'automne dernier", mais qui n'ont pour l'instant trouvé "aucune réponse satisfaisante".
Un enjeu d'un milliard d'euros
Piloté par Engie, Neoen, RET (Réseau Transport d'Electricité) et la Mairie de Saucats, avec le soutien - comme nous l'indiquent nos confrères de Sud-Ouest - de l’observatoire des énergies renouvelables Observ’ER, l’opérateur français indépendant en énergies vertes Valorem, la Chambre régionale de commerce et d’industrie, mais aussi un avis favorable du Conseil régional (sous réserve que les collectivités locales et les citoyens puissent participer à la gouvernance du projet), Horizeo est un projet qui cristallise beaucoup de sujets très actuels, de la nécessaire augmentation de la part d'énergie renouvelable à la dépendance accrue vis-à-vis de la Chine en matière d'équipements photovoltaïques, en passant par la réduction du bilan carbone, pour lequel les équipes de l'INRAE ont été sollicitées, et bien sûr la défense de la biodiversité. Bruno Hernandez, directeur du projet, indiquait à ce sujet en novembre dernier au micro de France Bleu que sur les 2000 hectares couverts par Horizeo à Saucats, seul un millier d'hectares sera effectivement consacré à la construction des équipements : "les hectares auxquels nous ne toucherons pas sont ceux dans lesquels vous trouvez la plus grande richesse en terme de biodiversité". Et de promettre : "Nous replanterons au moins deux arbres pour chaque pin abattu".
Interrogé par notre confrère Jean-Pierre Stahl de France 3 sur son site Côté Châteaux, Mathieu Le Grelle, directeur du développement chez Engie et porte-parole d’Horizeo, déclare de son côté : "Nous regrettons que des positions aussi tranchées soient prises avant la réalisation de l’étude scientifique qui aurait pu nous éclairer, le projet Horizeo est situé à 5 km du vignoble de Pessac-Léognan, des inquiétudes ont été formulées lors du débat public, nous avons rencontré l’AOC Pessac-Léognan et eu écho de ces inquiétudes…"
Si à ce stade, aucun recours en justice n'est officiellement envisagé par les vignerons, ils entendent bien faire preuve de vigilance dans les semaines à venir et défendre les intérêts de leur appellation, face à ce projet à très fort enjeu dont le coût est estimé à un milliard d'euros.
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