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Hospices de Beaune : « une météo moyenne ne signifie pas des vins moyens »

Ludivine Griveau, Régisseur du domaine des Hospices de Beaune

Ludivine Griveau, Régisseur du domaine des Hospices de Beaune

Auteur

Yves
Tesson

Date

17.11.2024

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Sur ce millésime très pluvieux, maintenir le cap du bio représentait un véritable défi pour le domaine des Hospices de Beaune. Et pourtant, le résultat est là, avec une qualité excellente et une quantité tout à fait honorable compte tenu des conditions. Les cuvées que nous avons pu déguster hier, en présence de la régisseur du domaine Ludivine Griveau, en attestent. Elles seront vendues aux enchères cet après-midi pour financer les nouveaux équipements de l'hôpital.

Hier matin aux premières heures, Salle Saint Nicolas, les journalistes se pressaient pour découvrir les cuvées du nouveau millésime 2024 des Hospices de Beaune qui seront vendues demain aux enchères. Dans cette majestueuse galerie où s’alignaient autrefois les lits des malades, des citations spirituelles ornent encore les murs. Elles servaient à inspirer ceux qui vivaient ici leurs dernières heures. Car les sœurs soignaient autant les âmes que les corps. L’une interpelle évidemment particulièrement les dégustateurs : « Dieu s’occupe de moi, il a les yeux spécialement attachés sur moi ». Lorsque l’on déguste les Corton et les Meursault, c’est effectivement le sentiment qui nous saisit !

On ne pourrait par ailleurs rêver meilleur cadre pour découvrir la diversité de la Bourgogne. Guillaume Koch, le directeur général des hospices, explique : « Si le coeur de notre domaine de 60 hectares se trouve sur Beaune, nous possédons des parcelles depuis Pouilly-Fuissé au Sud jusqu’à Chablis au Nord. Cette année nous avons même reçu une donation à Vézelay, la dernière AOC en date de Bourgogne, 22 ares offerts par M. Moiron, un passionné des Hospices depuis de nombreuses années, sur lesquels nous allons planter du chardonnay. Mais celle-là, pour y goûter, il faudra probablement attendre 2030. »

Ludivine Griveau, régisseur du domaine, a résumé en quelques mots la campagne viticole : « Compte tenu des difficultés climatiques, c’était un millésime de mobilisation et un millésime de succès collectif, je dis bien succès parce que nous avons la joie de vous proposer l’intégralité des cuvées ce qui signifie que nous avons réussi à vendanger toutes les parcelles. Le second point de satisfaction, c’est la quantité de vins que nous serons en mesure de mettre en vente demain, soit 321 pièces en rouge, 117 pièces et 3 feuillettes en blanc. Etant donné les obstacles que nous avons pu rencontrer, c’est très honorable. » Le dernier élément de satisfaction réside évidemment dans la qualité. « Une météo moyenne ne signifie pas des vins moyens ! Il n’y a rien de pire que de faire l’amalgame entre quelque chose de difficile et de mauvais. C’est un peu comme la maternité ! »

Quant à savoir lesquels des blancs ou des rouges se sont le mieux défendus cette année, Ludivine nous confie : « A la vigne, les chardonnays ont mieux résisté aux aléas climatiques, leur floraison a été plus rapide, les raisins étaient plus sains, et on pensait même les vendanger avant les rouges. Sauf que les pinots noirs ont damé le pion des chardonnays sur la dernière ligne droite, ils ont finalement été vendangés en premier, ils sont à l’arrivée plus équilibrés avec peut-être un peu moins d’acidité que les chardonnays. En même temps, dans l’attente d’un amateur de Bourgogne, un blanc un peu ciselé c’est parfait, et un rouge avec des tanins souples aussi. Chacun des cépages est donc bien dans son rôle, ce qui en fait un millésime assez identitaire à la fois dans l’expression du terroir et dans la révélation de nos cépages. En ce qui me concerne, j’aime travailler le pinot, donc forcément je vais vous dire que c’est le pinot noir qui tire le mieux son épingle du jeu ! »

Parmi nos coups de cœur, nous citerons la cuvée Maurice Drouhin (Beaune 1er Cru), très flatteuse et fruitée avec ses arômes de mûre et de myrtille, dans un tout autre style, Le Clos des Avaux (Beaune 1er Cru), présente un profil plus minéral et étiré avec de jolies notes de pierre à fusil, de griotte et d’épices. Nous avons beaucoup aimé aussi la cuvée Guigone de Salins (Beaune 1er cru), davantage sur la groseille et dont la belle salinité laisse penser qu’elle porte bien son nom. En blanc, la cuvée Paul Chanson (Corton-Vergennes Grand Cru) aux notes délicieusement beurrées et vanillées balancées par une tension citronnée était tout simplement magique.