Lundi 18 Novembre 2024
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21.04.2020
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La situation de confinement exceptionnelle que nous vivons a obligé la maison Krug à innover pour faire découvrir la dernière édition de sa Grande Cuvée.
« Sur l’écran noir de mes nuits blanches où je me fais du cinéma… » chantait Claude Nougaro en 1985. Ce 16 avril 2020, sur mon écran d’ordinateur, pas de cinéma, mais une dégustation virtuelle de la nouvelle Grande Cuvée de Krug, 168e édition. Alors que chaque année, cette éminente maison de Champagne crée une rencontre avec la presse pour faire découvrir son dernier opus, aujourd’hui, coronavirus oblige, pas question d’organiser des dégustations avec les journalistes aux quatre coins de la planète.
L’invitation est donc tombée sur ma messagerie le 3 avril : « Dégustation connectée de la Krug Grande Cuvée entre 16 et 17H le 16 avril prochain ». Pour les modalités de ce e-tasting, réception de la précieuse bouteille à mon domicile, au plus tard, la veille de la date fatidique et un lien de connexion via meet.google. En guest-star pour animer cette dégustation connectée, la nouvelle cheffe de cave Julie Cavil, nommée à la succession d’Eric Lebel en janvier dernier, et Olivier Krug, 6e génération à la direction de cette historique maison. A 16 heures pétantes, je me connecte avec un verre du divin nectar à la main. Pas moins de 23 personnes se retrouvent ainsi connectées en même temps afin de découvrir et déguster ensemble cette nouvelle cuvée. En préambule, Julie Cavil revient sur les circonstances de son premier verre de champagne Krug : « C’était en 2006, je venais de passer mon septième entretien de recrutement chez Krug, quand Rémi Krug, l’oncle d’Olivier, est arrivé avec une bouteille de champagne. Je me suis alors dit qu’il y avait peut-être quelque chose à fêter. Dans la folle émotion du moment, je ne me rappelle plus comment je l’avais apprécié, mais je me souviendrais toute ma vie de cet instant-là. » S’il est une cuvée qui caractérise le savoir-faire de la maison Krug, c’est sans conteste la Grande Cuvée qui représente la quintessence de l’art de l’assemblage. « Comme l’indiquait le fondateur, Joseph Krug, il s’agit de faire le meilleur champagne chaque année, quelles que soient les conditions climatiques, rappelle Julie Cavil, en créant l’expression la plus généreuse de la Champagne. » Il est donc temps d’humer le précieux nectar. Force est de constater son incroyable fraîcheur alors que 58% de son assemblage est composé de la vendange 2012. « Un millésime compliqué, explique la cheffe de cave, avec une succession d’événements météorologiques comme le gel, la grêle et la pluie pendant l’hiver et le printemps, puis un été très sec. Résultat : 20% de récolte en moins mais une très belle maturité des raisins. »
Face au caractère bien trempé des vins de 2012, l’exercice de l’assemblage s’est concentré sur la recherche de fraîcheur, de profondeur et de tension avec les vins de réserve. Au final, ce ne sont pas moins de 198 vins – issus d’autant de parcelles – et de 11 années de vendanges s’échelonnant de 1996 à 2012 qui composent cette 168e édition. De belles notes florales se dévoilent ensuite au nez, accompagnées d’arômes de fruits mûrs et secs, d’agrumes et d’une pointe de pain d’épices. En bouche, l’attaque semble austère au premier abord mais évolue rapidement vers un florilège de saveurs mêlant noisette, nougat, amande, gelée d’agrumes, brioche et miel, donnant une impression de puissance à l’ensemble. La fraîcheur et la vivacité, présentes dès le nez, se retrouvent en finale, accentuées par une délicate amertume aux accents d’agrumes. Une telle diversité d’expressions, de contrastes, allant parfois jusqu’aux paradoxes, réunie dans un seul verre force le respect. Après 20 minutes d’aération, le nez nous invite à la table d’un petit-déjeuner où se mêlent les odeurs de beurre, de brioche, de pain grillé et de café. C’est à ce moment-là qu’Olivier Krug apparaît sur l’écran de mon ordinateur, rappelant l’idée maîtresse de la maison : « La Grande Cuvée consiste à sélectionner les musiciens qui vont pouvoir exprimer la meilleure partition en hommage à notre terroir. Tout cela est le fruit d’un travail de haute précision avec une approche parcellaire d’une extrême finesse, chaque parcelle donnant un vin et au final une expression. » Pour cette 168e édition, une petite parcelle de pinots noirs de Verzenay de la vendange de 1996 apporte une incroyable patine à l’ensemble.
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