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La cave du Roy René a 100 ans

D.Pauriol, Ch.Lesage, J-Cl.Pellerin ©F.Hermine

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

27.01.2023

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La coopérative de Lambesc dans les Bouches-du-Rhône, rebaptisée au début du siècle Vignerons du Roy René, a fêté ses 100 ans en annonçant un nouveau nom et une extension de chais.

Jean-Claude Pellegrin, vice-président de la plus grande coopérative de Provence, connaît son histoire sur le bout de la bouteille, de la naissance de la cave créée en 1922 par Jules Reynaud, le maire de Lambesc, jusqu’à son centenaire fêté en 2022. « Au début, il y avait déjà un bon petit paquet de producteurs [une dizaine] dont le nombre a vite grossi mais qui produisaient plutôt pour une consommation familiale. On trouvait des barriques dans toutes les granges. Les besoins en ravitaillements de l’armée ont permis d’écouler beaucoup de vins pendant la deuxième guerre mondiale ; après, on a construit une guitoune pour vendre du vrac le long de l’ancienne nationale 7. Avec la déviation, on s’est doté d’un vrai caveau de vente. »

La coopérative dont les nouveaux chais servent de vitrine géante le long de la route devenue départementale D7N, produisait à la fin du XXe siècle 25 à 28 000 hectolitres. Elle est l’une des premières à avoir fusionner dans la région, en 1998 avec celle de Saint-Cannat et ses 12 à 15 000 hectolitres « car on manquait à l’époque de vins de pays, notamment pour fournir aux camions qui remontaient du port de Marseille des cubis remplis à la tireuse, à l’époque à 80 % en rouge ». Un deuxième caveau près de la route sera construit en 2004.

À développement constant

La cave du Roy René a ainsi été nommée en hommage au souverain comte de Provence et de Forcalquier sous lequel au XVe siècle la commune avait connu la prospérité. « L’encépagement a beaucoup changé ces dernières décennies, reconnaît volontiers Jean-Claude Pellegrin. Nous avons toujours eu du grenache mais au XXe, il y avait surtout beaucoup d’aramon à 8° sans arômes, arraché dans les années 80, et du cinsault appelé ici plan d’Arles, qui est passé de raisin de table à raisins de cuve ». Sont arrivés ensuite le cabernet sauvignon de Bordeaux, la syrah du Rhône, un peu de merlot qui tend à disparaître et de plus en plus de rolle et de sauvignon, vinifiés pour les blancs ou les rosés, et un peu de caladoc. Peu à peu, les agriculteurs lambescains sont devenus vignerons et les exploitations se sont professionnalisées. La polyculture avec cerisiers, abricotiers, céréales et maraîchage a disparu ; seuls demeurent les oliviers et les amandiers, de plus en plus replantés tandis que la production viticole n’a cessé de croître. Aujourd’hui à 87 % en rosé, 7 % en blanc, 6 % en rouge, elle avoisine les 60 000 hectolitres dont deux tiers en Coteaux-d’Aix, le reste en IGP Méditerranée.

La commercialisation s’est longtemps développée via le négoce avec de belles maisons comme Esclans, Aix, Mirabeau, Berne, Les Valentines , Breban, Perrin… mais un tiers relève désormais des ventes en direct, principalement en circuits cavistes et CHR. « On garde en général pour nous les 10 meilleures cuves et le reste repart dans les assemblages », précise Didier Pauriol, nouveau président fraîchement élu mais déjà à ce poste entre 2004 et 2018. L’export démarré en 2018-19 par Christophe Lesage, le directeur depuis plus de 20 ans, pourrait avoisiner les 15 % en 2023, principalement aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne, au Brésil, en Belgique.

Bio et HVE

Les Vignerons du Roy René ont profité de leur anniversaire pour changer de nom et d’étiquettes. Rebaptisée Vignoble du Roy René, la coopérative compte aujourd’hui une centaine d’adhérents sur Lambesc, Saint-Cannat, Rognes, Le Puy-Sainte-Réparade et Vernègues (115-120 au début du siècle) pour 900 hectares (650 il y a 15 ans) ; plus d’une centaine ont été gagnés en quatre ans et 68 supplémentaires, principalement en AOP Coteaux d’Aix, entreront en production en 2024. Un quart des surfaces est désormais certifié bio, près de 90 % des coopérateurs sont labellisés HVE sous la pression de la Grande Distribution, et 80 % ont abandonné les désherbants chimiques. Le vignoble est d’ailleurs suivi depuis plus de 20 ans par une technicienne (Marion Repos) qui accompagne le travail de traçabilité de chaque coopérateur ; les bennes arrivant à la cave sont photographiées et couplées avec un logiciel pour un paiement différencié selon la qualité.

Au milieu des cuves géantes roses, violettes, bleues et vertes, président, vice-président et directeur rappellent que la cave n’a jamais cessé d’investir (300 000 € par an). Depuis sa création, elle a été agrandie quatre fois, la dernière en 2018 en se dotant de ces grandes cuves aux couleurs vives autrefois à l’extérieur et en amenant la capacité totale à 90 000 hectolitres ; une cinquième extension de plus de 1000 m2 de chais avec une enveloppe de 5 millions d’€ est prévue, notamment pour pouvoir stocker environ un tiers de la récolte (20 000 hectolitres) en cas d’intempéries, avant ou pendant la vendange.