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La Paulée d’Anjou honore le cabernet franc

Auteur

Isabelle
Bachelard

Date

21.06.2024

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Le lundi 17 juin, les terroirs de la province d’Anjou historique avaient rendez-vous à l’abbaye royale de Bourgueil pour la 12e édition de la Paulée d’Anjou. Autour de 90 vignerons unis par le respect de leurs terroirs, plus de 400 professionnels sont venus déguster, mais aussi dialoguer et s’instruire dans un cadre exceptionnel. 

La Paulée d’Anjou à Bourgueil ? Cela surprendra la majorité des Français, amateurs de vin ou pas, qui pensaient que Bourgueil, Saint-Nicolas-de-Bourgueil et Chinon faisaient partie de la Touraine, puisqu’ils sont situés à l’est de Candes-Saint-Martin, la confluence de la Loire et de la Vienne. Et pourtant, au Moyen-Âge, les zones couvertes par les appellations Bourgueil et Saint-Nicolas faisaient partie de la province d’Anjou. La Paulée d’Anjou a donc poursuivi ses ambitions fédératrices en incluant depuis deux ans l’ouest de la Touraine pour recréer la province historique. En 2019, elle avait déjà amorcé sa poussée vers l’est en réunissant les schistes de l’Anjou Noir, son lieu de naissance et les calcaires du Saumurois.

Découvrir l’abbaye de Bourgueil
L’abbaye royale de Bourgueil, rarement ouverte au public, est un ensemble architecturale exceptionnel qui s’est prêté à merveille à la 12e Paulée d’Anjou. On y dégustait dans l’idéale fraîcheur des voûtes de tuffeau un ou deux vins de chacun des 90 domaines membres, appellation par appellation. Mais le programme ne s’arrêtait pas là. Dehors, on a pu apprécier la nature des sols de Bourgueil avec des spécialistes qui y ont ouvert une fosse pédologique tandis que d’autres experts y faisaient une démonstration de traction animale dans les vignes du Clos de l’Abbaye. En complément, une table ronde autour de la vie du sol a rappelé à tous, y compris les vignerons, à quel point ce qui se passe sous nos pieds est au moins aussi important que ce que nous voyons de nos yeux. Se sont relayés avec leurs images plusieurs experts comme Christine Strullu-Derrien, paléo-botaniste et paléo-mycologue (Museum national d’histoire naturelle, CNRS, Sorbonne Université) et Dominique Rioux (INRAE). Le jeune vigneron Paul Pisani-Ferry du château de Targé (AOP Saumur à Parnay) a évoqué le souvenir de son grand-père visionnaire qui fut un important ministre de l’agriculture du général de Gaulle. 

©ADT Touraine JC Coutand

Le cabernet à l’honneur 
L’abbaye de Bourgueil, édifiée à part de l’an 990, s’enorgueillit d’avoir vu planté dans son clos le premier pied de cabernet franc. Les conférences autour de ce cépage et de l’histoire de Bourgueil qui ouvraient la journée de la Paulée rappellent qu’en terme d’histoire et d’agriculture, les certitudes sont rares, d’autant plus que le cépage emblématique de la Loire est aussi appelé selon les époques et les lieux carmenet, carmenelle, vidure, bouchet, bouchy, breton ou berton. Le terme cabernet franc daterait du milieu du XIXe siècle. Une certitude, la première mention écrite, sous le nom de breton, est dans le récit de François Rabelais, « Gargantua », formellement daté en 1534. 

Gourmandise locale 
Pour le collectif des vignerons de la Paulée, tous certifiés en agriculture biologique ou en dernière année de conversion, le promotion des terroirs de la région est la base de tout. Pour le déjeuner champêtre et le dîner, la partie véritablement «  Paulée » où chacun apporte des bouteilles ou magnums à partager, on n’est pas allé chercher loin les chefs : Romain Butet du Ververt à Montsoreau, Florent Mounier de Les P’tites Terrasses à Saint-Patrice (nouvelle commune de Coteaux-sur-Loire) et bien sûr le plus local, Charly Mabileau de Chez Odette, le restaurant familial du domaine Mabileau, au coeur de Saint-Nicolas-de-Bourgueil.