Laurent-Perrier lance la cuvée « Héritage »

C’était peut-être la seule pièce manquante dans la collection de champagnes proposée par la maison Laurent-Perrier. Un multimillésime, à mi-chemin entre son entrée de gamme La Cuvée et son sommet Grand-Siècle, offrant un profil légèrement plus ample que cette dernière, tout en conservant sa finesse. C’est ce positionnement subtil que la cuvée Héritage, tout juste lancée par la famille Nonancourt, vient occuper.

L’axiome qui fonde la philosophie de Laurent-Perrier se résume en une phrase : le génie de la Champagne repose sur l’assemblage. Il est la raison d’être de ses vins. Voilà pourquoi Bernard de Nonancourt a eu l’audace pour sa cuvée de prestige, Grand Siècle, de ne pas suivre ses concurrents qui en ont tous fait des millésimés. Chaque itération de Grand Siècle bénéficie au contraire de la synergie de trois vintages complémentaires, avec l’objectif à chaque fois de recréer l’année parfaite.

Une cuvée conçue dans l’esprit d’un second vin de Grand-Siècle

La cuvée Héritage (79 €) qui vient d’être présentée a été élaborée dans le même état d’esprit, avec le même savoir-faire. Elle est constituée, elle aussi, à 100 % de vins de réserve (55 % chardonnay, 45 % pinot noir) et se veut en quelque sorte le second vin de Grand Siècle. Elle s’appuie en effet en grande partie sur les lots qui ne correspondaient pas au style de cette cuvée spéciale, non pas par défaut de qualité, mais le plus souvent parce qu’ils avaient une expression plus immédiate, ne nécessitant pas les dix années de vieillissement exigées par Grand Siècle pour parvenir à leur apogée. Une fois tiré en bouteille, le vieillissement d’Héritage est en effet de 4 ans sur lie.

Il faut noter aussi que parmi les 17 grands crus, seuls 11 sont éligibles pour incorporer la cuvée Grand Siècle. Et là encore, cela ne signifie pas que les 6 autres ne produisent pas de grands vins. Aÿ par exemple, compte tenu de son caractère solaire et puissant, ne correspond simplement pas au style très épuré de Grand Siècle. En revanche, son terroir pourrait correspondre assez bien à la cuvée Héritage, qui tout en gardant la même finesse, offre un profil un peu plus riche. Par ce jeu, la nouvelle cuvée intègre ainsi 50 % de grands crus.

Le pur classicisme champenois

Cette nouvelle cuvée profite aussi de vins mis en réserve les années où la maison n’élabore pas de Brut millésimé. Pour faire un millésimé, il faut en effet avoir une belle qualité à la fois sur les pinots noirs et les chardonnays. Or, il arrive fréquemment que l’un des deux cépages seulement offre des résultats satisfaisants. Si ces vins de réserve de grande qualité, mais n’ayant pas leur pendant, trouvaient déjà en partie un bel emploi dans le Blanc de Blancs Brut Nature ou dans l’Ultra Brut, surtout lorsque l’année avait été particulièrement mûre, Héritage offre une troisième opportunité au chef de caves Michel Fauconnet dans ses arbitrages.

En baptisant sa cuvée Grand Siècle, Bernard de Nonancourt avait voulu rendre hommage au siècle de Louis XIV, celui où la littérature s’était donnée des codes très stricts, comme la loi des trois unités pour le théâtre. En contraignant les artistes, ces règles stimulaient en réalité leur créativité, d’où l’incroyable héritage d’œuvres d’art que cette époque nous a laissé. La maison Laurent-Perrier a finalement la même approche des codes de la Champagne. Elle les respecte à la lettre, elle incarne le plus pur classicisme. Et cette nouvelle cuvée en atteste. On retrouve à l’intérieur d'Héritage le mille-feuille à la champenoise, avec à la fois les jolies notes un peu réductives toastées, la tension très fine sur les agrumes, la minéralité saline. Tout y est. Mais ce qui est remarquable, ce qui nous éblouit, c’est l’équilibre qu’elle parvient à obtenir, comme si un architecte avait savamment soupesé chacun de ces éléments.

Pour ceux qui souhaitent découvrir cette pépite, la maison sera présente les 14 et 15 décembre prochains au salon Bordeaux Tasting. Prenez vos places sans plus attendre !