Mardi 15 Avril 2025
Château Cavalier en Côtes de Provence ©DR
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14.04.2025
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En Provence, le château Cavalier du groupe Castel fait monter en puissance son 2e millésime de blanc, sans délaisser sa large gamme de rosés issus du domaine de 130 hectares au cœur du Var, certifié Terra Vitis depuis plus d'une douzaine d'années.
Le Château Cavalier a été racheté il y a déjà un quart de siècle par Pierre Castel dans l’optique d’intégrer à son portefeuille viticole une propriété patrimoniale d’un seul tenant en Provence. Le choix s'est porté sur le terroir reconnu des terres rouges de Vidauban dans le Centre Var qui deviendra, plus de deux décennies plus tard, la dénomination géographique complémentaire Notre-Dame des Anges de l’appellation Côtes-de-Provence. La cinquantaine d’hectares initiale, autour d'un vieux hangar, s’est étendu au fil des rachats (La Verrerie, la Mouresse, une partie des Féraud, Saint Julien d’Aille) pour atteindre désormais 132 ha situés entre les ruisseaux de la Mouresse et du Cavalier qui traversent le domaine dont Philippe Castel est désormais le co-propriétaire. Aujourd'hui, le domaine dispose d'un chai ultra moderne avec des cuves thermorégulées.
« Pour en tirer le meilleur parti, il a fallu restructurer depuis une quinzaine d’années » détaille Cédric Pla, directeur de Castel Châteaux et Grands Crus. « Nous avons remplacé les parcelles fragiles plantées avec de mauvais clones ou de trop vieilles vignes, défini le bon cépage au bon endroit avec une densité de plantations plus forte à 5500 pieds/ha comme dans les vignobles du groupe à Bordeaux. Il s'agissait d'obtenir un meilleur matériel végétal et de bons rendements à 40-50 hl/ha avec une bonne régularité entre les millésimes mais aussi entre les différentes parcelles ». Les syrahs ont ainsi été renouvelées, les carignans arrachés. Restent un peu de mourvèdre et de cabernet sauvignon complétant un encépagement à majorité grenache et cinsault. 95 % de la propriété est aujourd’hui irriguée pour une gestion qualitative plus précise. Les vendanges se font uniquement de nuit entre 3h et 9h du matin.
Le vignoble est certifié Terra Vitis depuis déjà une douzaine d’années . Le groupe a été très tôt l’un des meilleurs ambassadeurs de cette certification complète, à la fois vitivinicole, environnementale et sociale qui a été adoptée par la vingtaine de propriétés de la famille Castel. « Nous avons fait de la RSE avant l’heure avec une obligation de moyens. Le label a été étendu au négoce et même demandé aux fournisseurs car nous estimons qu'il est particulièrement challengeant et permet de se remettre sans cesse en question. Il a été couplé avec la HVE (Haute Valeur Environnementale) qui a une obligation de résultats impliquant des investissements supplémentaires en hommes et en matériel, ne serait-ce que pour le travail des sols ». Tout le vignoble a été équipé en piquets bois et enherbé l’hiver; trois parcelles ont été laissées en garrigue bordée de pins parasols avec la volonté de « s’inscrire dans le paysage ». Le domaine dénombre d'ailleurs 27 % de sa surface en haies, arbres, bassins, cours d'eau... qui attirent de nombreux oiseaux de passage entre les Pré-Alpes, les gorges du Verdon et le massif des Maures. « L’attention à l’environnement ne s’est pas décidée par dogmatisme mais parce que c’est une façon de rendre le vignoble plus performant. Comme pour l'éco-pâturage avec 800 moutons dans les vignes, c’est le sens économique qui prime. Ça nous économise le travail mécanique - deux passages d’engins sur 70 ha, donc ça use moins le matériel, on fait des économies en carburant, en travail humain et on améliore notre implantation dans le tissu local ». Le domaine est même monté en puissance cet hiver avec 1200 brebis qui ont mis les sols à ras et contribué aux amendements. Elles sont sous surveillance avec l’arrivée du loup dans la région qui a eu le mérite de diminuer fortement la population de sangliers qui faisaient des dégâts considérables dans les parcelles.
La volonté était de faire à Cavalier un rosé d’excellence, en collaboration depuis quatre ans avec l’œnologue conseil Jean Natoli. « Et on s’en est donné les moyens, d'abord techniques : inertage, stabulation à froid, vinifications par parcelles, assemblages pointus ». Après le retour à Bordeaux du régisseur Lucas Puyo, Frédéric Berenguier, chef de culture depuis plus de vingt ans et qui connaît le domaine sous toutes les bordures, vient d’en prendre la direction vitivinicole, appuyé par la jeune œnologue Léa Mazubert, directrice technique des propriétés Castel. Il avait été décidé il y a 10 ans de planter à Cavalier des cépages blancs (rolle et clairette) pour apporter fraîcheur et minéralité dans les rosés qui profitent déjà des fortes amplitudes thermiques du terroir. Environ 25 ha de vignoble dont 20 en rolle ont été blanchis. « Et à force de travailler les bases de blancs, nous nous sommes pris au jeu, précisait cet automne Luca Puyo. Cela nous a donné envie d’en faire un sur de petits volumes avec un léger élevage pour obtenir un blanc de gastronomie ». Cette première année, les 4000 bouteilles issues d'une sélection de 3 hectares ont été vendues en exclusivité chez les cavistes Nicolas, également dans le groupe Castel. La production devrait bientôt doubler pour étendre la commercialisation à l’export, en particulier en Europe du Nord et en CHR. « Une façon de récompenser nos distributeurs avec une cuvée rare qui ne dépassera pas à terme 12 à 13 000 cols » conclut Cédric Pla.
Rolle (40 %), sémillon (40 %), clairette (20 %) en sélection parcellaire pour partie fermentée et élevée en barriques d'acacia et demi-muids Un parfum de chèvrefeuille, d’amandes, rond et souple, sur une note pâtissière et légèrement beurrée, une trame minérale, un parfum exotique et une finale sapide.
Dans une bouteille conique, ne majorité de grenache, une forte proportion de rolle complété de syrah pour un vin très aromatique sur des arômes de fleurs blanches (acacia, aubépine), fruits jaunes (brugnon), des épices et des zestes de citron, ample et suave avec une belle allonge et une finale saline.
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