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Le lignage, un cépage rare de retour dans le Loir-et-Cher

Auteur

Mélanie
Robaglia

Date

30.03.2022

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Il est des saveurs oubliées que l’on a hâte de découvrir. Le lignage, ancien cépage ligérien disparu depuis les années 1950, va être réintroduit dans le Loir-et-Cher. Ce projet, porté depuis plusieurs années par l’Union pour les ressources génétiques de Val-de-Loire (URGC) en collaboration avec l’association Agir pour les cépages rares en Centre-Val de Loire, fait le pari de remettre le lignage au goût du jour. Le domaine de Thierry Puzelat accueillera donc le 4 avril prochain 82 pieds de ce cépage disparu au Clos du Tue-Bœuf, aux Montils.

Un cépage sensible aux qualités organoleptiques remarquables

Le lignage, cépage rouge dont les traces remontent à la Renaissance, a connu quelques déconvenues qui expliquent sa disparition. Peu productif, sensible à l’oïdium, le phylloxéra a sonné le glas pour cette variété typiquement ligérienne cultivée principalement autour de Blois. Le lignage n’en reste pas moins un cépage noble aux saveurs délicates. Très souvent cité dans la littérature et les ouvrages ampélographiques, il possède des arômes très fins, présente une robe rouge pâle et pouvait être vinifié en blanc autrefois. Disparu à cause des contraintes qui rendaient sa culture difficile pour peu de rendement, il n’en reste pas moins à l’origine de nectars dont l’histoire se souvient. Révélant des notes florales et fruitées, il donne des vins à l’acidité élevée avec un faible degré d’alcool, un cousin du pinot noir organoleptiquement parlant, mais tout de même un peu plus frileux.

Un projet en faveur du patrimoine historique et de la biodiversité

Un dessein qui n’a failli pas voir le jour, puisque la seule souche de ce cépage, conservée au Centre de ressources biologiques de l’Inra de Vassal-Montpellier, a été virosée en 2018. Après quatre années de travail pour assainir cette souche, ce projet, qui tient particulièrement à cœur à Thierry Puzelat puisqu’il a retrouvé des traces de sa culture sur son domaine datant du XIXe siècle, va enfin voir le jour. Outre l’objectif historique et l’intérêt gustatif, l’enjeu reste la biodiversité servit ici par le patrimoine du terroir local. Le lignage, qui craint l’humidité et nécessite de la chaleur et de l’ensoleillement, semble tout indiqué dans une ère où de nombreux vignobles souffrent du réchauffement climatique. À croire que l’avenir de la vigne se trouve dans son ADN. Réponse dans quatre à cinq ans, autour de cette cuvée très confidentielle.