Dimanche 17 Novembre 2024
Alexandre RICARD, Olivier FAYARD, Enzo FAYARD, Cesar GIRON
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Date
15.12.2022
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Quelques mois après l’alliance du groupe Pernod Ricard, désormais majoritaire, avec la famille Fayard au Château Sainte-Marguerite, les deux partenaires ont fait le point sur leur alliance provençale au nouveau siège du groupe dans le quartier Saint-Lazare à Paris.
« Ce n’est pas par hasard si les rosés de Sainte-Marguerite ont rejoint le pôle prestige cognac et champagnes et non le pôle vins du groupe, reconnaît d’emblée le p –dg de Pernod Ricard, Alexandre Ricard. C’est aussi par passion familiale pour la Provence et pour le rosé que nous nous sommes intéressés à ce domaine; ils ont le savoir-faire produit, nous celui de la distribution, ça va être magnifique ». Et César Giron, p-dg du pôle Martell-Mumm-Perrier Jouët de surenchérir : « Nous allons en faire une marque reconnue autant en France qu’à l’étranger pour son style unique et moderne, car le rosé et le champagne ont le même public et les mêmes réseaux ».
L’histoire familiale de Sainte-Marguerite a démarré il y a 46 ans à La Londe-les-Maures sur le littoral varois quand Jean-Pierre et Brigitte Fayard, les parents d’Olivier, Enzo et Ségolène, toujours opérationnels au domaine, sont partis de Saint-Etienne pour acheter 3 hectares sur le littoral varois « On les en remercie tous les jours, a ironisé Olivier. Ils nous ont transmis la passion de ce terroir et l’excellence des vins ».
Le vignoble de l’un des 18 crus classés de Provence compte désormais plus de 200 hectares avec L’Hermitage Saint-Martin et La Tuilerie, et bénéficie depuis trois ans, d’une cave flambant neuve de 5 500 m2. « Nous avions été très sollicités ces dernières années, mais nous voulions adhérer à un projet, insiste Olivier Fayard. Au début, je dois reconnaître que nous étions méfiants face à un grand groupe et au début des discussions, c’était plutôt non mais le côté famille du Sud avec le même niveau d’exigence nous a rapprochés. C’était une question de feeling, il est plus facile de s’entendre quand tout le monde est carré et droit dans ses bottes, respectant le métier de l’autre. Nous avons aimé la façon dont ils voyaient les choses : rien changer et tout changer, nous allons continuer à faire les meilleurs vins possibles et ils vont essayer de les faire connaître et rayonner dans le monde entier.».
Une montée en puissance rosée
Olivier qui a gardé ses parts dans la société tout comme son frère Enzo (une partie pour Ségolène) avoue que la transaction lui a permis de mieux gérer la transmission. L’arrivée de Pernod Ricard au capital va incontestablement permettre une plus grande puissance de feu pour se développer. Si le domaine devrait augmenter à terme la part de l’export, avoisinant aujourd’hui les 20 %, Olivier Fayard insiste sur le fait de « garder un marché français prioritaire pour rester légitime chez soi ». Côté vignes, Enzo rappelle qu’une restructuration de parcelles est en cours. Une trentaine d’ha à la Tuilerie (racheté en 2021) a été arraché pour choisir de meilleurs clones en sélection massale (des pépinières Bérillon et Guillaume) avec sans doute davantage de grenache et en blanc du rolle. Sainte-Marguerite commercialise environ 2 millions de bouteilles (certifiées bio et végan), à 70 % de rosés, 15 % de blancs et autant de rouges, « et nous allons évidemment augmenter encore la part de rosé qui correspond à la demande mondiale ». La gamme actuelle va évoluer. Symphonie va monter en puissance via un négoce en extension de propriété par la vinification des raisins de domaines voisins et de quelques coopératives telles Cuers, Gonfaron et Flassans pour le bio. La cuvée haut de gamme, Fantastique, (actuellement 350 000 bouteilles) passera progressivement à la vitesse supérieure, surtout en rosé. Et une pépite de quelques milliers de bouteilles est en préparation sur les trois couleurs, dans le millésime 22 pour les blancs et les rouges, plutôt 2023 pour le rosé encore en cours de réflexion.
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