Dimanche 24 Novembre 2024
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27.10.2021
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Un flacon de vin de Champagne figurant parmi les cadeaux de Louis XV pour son sacre a étéoffert par la Maison Taittinger au musée du Palais du Tau. Il a été présenté le 25 octobre, 299 ans jour pour jour après ce grand événement, en présence de l’historien Patrick Demouy qui a retracé en quelques mots le rôle central du vin lors de ces festivités royales, rappelant que le couronnement du « Bien Aimé » avait été le tout premier à être célébré avec du vin de Champagne effervescent.
L’administrateur du palais du Tau à Reims Jean-Marc Bouré a réussi à dénicher un trésor inespéré : une bouteille de vin de Champagne offerte à l’occasion du sacre de Louis XV issue de l’extraordinaire collection de verrerie ancienne de l’Américaine Barbara Wirth dispersée aux enchères de Drouot. Le flacon a été préempté pour la somme de 13.000 euros par le musée du Palais grâce au financement de la Maison Taittinger. A tout seigneur, tout honneur, il a été placé provisoirement au milieu des pièces du trésor de la cathédrale, qui comprend entre autres le fameux médaillon de Charlemagne. Avec son col de cygne long de 32 centimètres, la gravure du blason de la ville surmontée d’une colombe portant la sainte ampoule dans son bec, et la mention « sacre de Louis XV », cet objet unique ne laisse aucune place au doute quant à son origine.
L’historien Patrick Demouy explique : « Nous savons beaucoup de choses sur le vin du sacre, grâce à un journal de l’événement conservé à la bibliothèque Carnegie. Le Conseil de ville a acheté dix pièces de vin ordinaire pour les ouvriers et 45 pièces au Comte de Sillery. La page huit de ce texte nous indique que les meilleurs étaient en flacons, les uns mousseux, les autres non. Il s’agit donc du premier sacre au champagne ! Louis XV avait douze ans, il en a certainement bu avec modération, coupé d’eau comme cela se pratiquait à l’époque. Le Conseil de ville a voulu honorer le roi par des présents, c’était un usage immémorial : lorsque l’on reçoit le souverain, pour l’accueillir aux portes de la ville, on lui offre les clefs de la cité et les spécialités locales, en l’occurrence du vin, des poires de Rousselet, que l’on utilisait beaucoup en confiserie comme poires tapées ou poires confites. Le discours habituel était : « Sire, nous vous offrons ce que nous avons de meilleur, nos vins, nos poires et nos cœurs ! ». Nous savons que le Conseil de ville avait commandé 6000 flacons aux armes de la cité, et cette bouteille est la seule qui ait survécu. Elle a sans doute été soufflée en Argonne, les verreries ne se sont implantées à Reims qu’avec l’industrialisation du champagne au XIXe siècle. La ville les a répartis de la manière suivante : douze douzaines de flacons au roi dans des corbeilles, huit douzaines au régent, six douzaines aux princes du sang, une douzaine aux évêques, et ainsi de suite… »
Ne pas confondre bouteille de vin de Champagne et bouteille de champagne !
Attention cependant, l’examen attentif du flacon montre qu’il contenait certes du vin de Champagne, mais selon toute probabilité, celui-ci n’était pas effervescent. Légère et dotée d’un col très allongé, la bouteille n’aurait pas pu résister à la pression. Si elle porte une bague permettant le ficelage du bouchon, cette pratique n’était pas réservée aux vins effervescents.
On saluera enfin le geste de la Maison Taittinger qui poursuit ainsi l’œuvre en faveur du musée menée par le père de Pierre-Emmanuel Taittinger : « Jean Taittinger s’est chargé de la première restauration du Palais du Tau avec André Malraux. J’aime rappeler qu’il était rapporteur de la Commission de la culture, et qu’il arrangeait les affaires du ministre en échange de quelques services en faveur de la ville de Reims. Mon père allait ainsi chercher de l'argent pour tous les musées de la cité, il a aussi initié celui du fort de la Pompelle, c’était son plaisir, et il disait toujours aux membres du gouvernement et à l’Assemblée nationale : Reims a beaucoup souffert donc Reims doit beaucoup recevoir ! ».
Grâce à cette nouvelle acquisition, la ville de Reims et la Champagne toute entière bénéficient d’un bel atout pour préparer le tricentenaire du sacre de Louis XV qui aura lieu l’année prochaine…
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