Samedi 21 Décembre 2024
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06.10.2022
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Et si c’était lui qui allait mettre dans la lumière les vins charentais ? Il s’appelle Fabrice Papin, son domaine du Petit Marand est situé à Saint-Bonnet-sur-Gironde. C’est l’histoire - et la géographie - d’une étoile montante…
C’est la quille ce mardi 4 octobre 2022. Des voisins, des amis, un restaurateur et un épicier du coin s’affairent autour de la table de tri. Les derniers raisins entrent au chai sous un soleil radieux. Agité, anxieux, Fabrice Papin veille au grain. « L’idée est d’appliquer la recette des grands crus pour rentrer les plus beaux raisins possibles », explique-t-il. C’est même une obsession chez Fabrice Papin et la qualité de ses vins lui donne raison au point de « scier » nombre de sommeliers : de millésime en millésime, la cote du Petit Marand n’en finit plus de monter.
Le veilleur au grain
Papin est né à Jonzac en 1983, une petite cité de Charente-Maritime. Il représente la septième génération d’une lignée de vignerons du côté de Saint-Bonnet-sur-Gironde. Fabrice s’engage alors dans des études de viti-oeno à Montagne Saint-Emilion. « Et je bosse à la propriété familiale mais j’en ai vite marre, je veux voir autre chose, je veux voyager, découvrir le monde », confie-t-il. Alors il exerce différents métiers dont celui de commercial pour le groupe Rothschild (branche Lafite). Il s’éclate notamment lors de ses années passées à Hong-Kong. Il goûte, profite, regarde, apprend, boit. Avec les merlots et les cabernets du père et du grand-père, il élabore à distance quelques cuvées. Mais le retour s’opère réellement en 2018 : c’est le coming-out. « Je ne gagnerai plus aussi bien ma vie mais je m’en fous, je sens que je peux faire des grands vins au Petit Marand », raconte l’intéressé. « Sinon je vendais et je m’achetais une villa sur la côte », raconte son père Jean-Claude Papin. Et Fabrice n’est pas du genre à revenir à moitié. Il ne sait pas faire, le type est entier, il déborde même. Il entame une conversion en bio, précise les élevages, pratique quelques vinifications en vendanges entières, bref il s’applique à faire du grand vin sur 3,5 hectares. Le domaine en compte 11 mais le reste est destiné au négoce cognaçais. « Je veux rester sur de petits volumes, aller jusqu’à 5 hectares, faire de la qualité et valoriser mes vins, j’ai un patchwork de sols calcaires, je savais qu’il y avait du potentiel », explique Fabrice.
Savoir et intuition
Du merlot, des cabernets, du pinot et du chardonnay, du grenache et de la syrah, autant d’essais concluants, bluffant même. Papin est un précis de composition et sent les choses : c’est un blend de savoir et d’intuition. « Quand je parle de mes vins j’ai le poil sur mes avant-bras qui se hérisse », dit-il. Et les consommateurs frissonnent de plus en plus en les dégustant. Naissent les cuvées Élise et À Papy Guy - une vingtaine d’euros - qu’il faut goûter à tout prix pour prendre le pouls de son travail. Ces chardonnays et ces merlots sont d’une grande pureté, tactiles, révélant toujours de très beaux équilibres. Les cuvées plus haut de gamme – une trentaine d’euros - sortent également des chais avec les Extra Ordinaire : des vins d’architecte, intelligents, denses et élégants, qui jouent sur le potentiel de garde. C’est plus fort que lui, il s’essaye enfin au vin naturel et à la bulle. « J’aime créer mais je n’aime pas les vins barrés, que ça soit clair », prévient-il. Le cerveau de Papin est une vis sans fin. Et c’est toujours bon, voire très très bon, à proportion de son altruisme. De toute évidence, Fabrice Papin est en train de tirer vers le haut l’image des vins charentais. « Je suis aussi revenu avec un réseau pour le commerce, ça aide, et mon épouse Aurélie s’occupe de l’administratif car toutes mes idées ont besoin d’être mises en ordre », sourit l’hyperactif. On n’a pas fini d’entendre parler des vins du Petit Marand et de les voir sur les tables des grands restaurants, à commencer par le triplement étoilé Coutanceau. Papy Guy est parti le 20 avril 2022 mais il peut se reposer sereinement, son petit-fils Fabrice le fait vivre dans chacune de ses quilles.
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