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Le recentrage de la Maison bourguignonne Chanson

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

17.02.2022

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Cette auguste Maison, dont les origines remontent à 1750, a opéré ces dernières années un véritable virage afin d’affirmer davantage son identité. Conversion au bio, limitation de la gamme de négoce sont quelques-uns des axes forts de ce renouveau.

Vincent Avenel, directeur général de la Maison Chanson depuis 2017, est très lucide sur la taille de son entreprise. « Nous ne pouvons pas prétendre jouer dans la même cour que les plus grands négociants généralistes de Bourgogne que sont Jadot, Bouchard ou Latour. » Un constat qui prend tout son sens lorsqu’on se remémore l’étendue de la gamme qui était celle proposée il y a encore quelques années. Celle-ci a été drastiquement réduite pour passer de 120 références à une cinquantaine aujourd’hui. Une volonté claire de se repositionner afin d’affirmer plus clairement l’ADN de Chanson. Négociant historique, il n’est pas question d’abandonner cette activité qui s’avère très utilement complémentaire à celle du domaine. Pour autant, le patrimoine viticole possédé en propre est important et particulièrement désirable. 43 hectares qui s’étendent sur la Côte de Beaune avec certaines parcelles exceptionnelles. On pense ici au célèbre Clos des Mouches mais aussi au splendide Clos des Fèves, un premier cru de Beaune en monopole acquis progressivement sur près de 200 ans et qui, au vu de l’exceptionnelle qualité de son terroir, serait un sérieux prétendant au rang de grand cru. Comment mettre de côté le Corton évidemment. Mais ce sont aussi des Pernand-Vergelesses, des Savigny-lès-Beaune, des Saint-Aubin, des Aloxe-Corton, des Santenay, des Puligny et des Chassagne-Montrachet et beaucoup de Beaune (25 hectares sur toute l’appellation). De quoi donner le tournis et surtout l’envie de mettre en valeur ce vignoble si spécifique.

Un triptyque qui gagne

Justine, responsable du vignoble, Vincent Avenel et Lucy, responsable de cave

Quelques temps après sa prise de fonction, Vincent Avenel a décidé de confier la gestion de l’ensemble du vignoble à Justine Savoye en 2019, puis celle de la cave à Lucy Auger en 2020. Une nouvelle organisation qui a coïncidé peu ou prou avec le départ de Jean-Pierre Confuron, célèbre viticulteur et grand vinificateur, qui avait conseillé jusqu’à récemment la Maison. Désormais, c’est donc une équipe renouvelée qui a la charge d’écrire le futur de Chanson. Et les réflexions sont nombreuses. Les vignes étaient déjà conduites en bio depuis une décennie. Le processus de conversion officielle a été initié en 2021 et sera achevé en 2024. Mais Justine ne s’arrête pas là. « Nous imaginons déjà le coup d’après, notamment au niveau de certains produits autorisés comme le cuivre et le soufre dont nous cherchons à remplacer l’usage » confie-t-elle. C’est ainsi par exemple que des tests avec l’huile essentielle d’orange sont menés pour tenter de substituer le soufre à cet intrant moins décrié mais aussi d’avoir une action sur les doses de cuivre utilisées. Le changement climatique impose aussi un changement de paradigme. De nouveaux types de taille sont ainsi réalisés et plus généralement de nouvelles pratiques culturales sont expérimentées afin de limiter notamment le stress hydrique. En tout cas, l’énergie est palpable parmi les équipes. Les dégustations se font ainsi de manière collégiale pour éviter toute vision dogmatique d’un style particulier à donner aux vins. Le millésime 2020, goûté récemment, confirme la bonne voie engagée avec des rouges au fruité éclatant (avec une mention spéciale au Savigny Daminode 1er cru d’une très belle plénitude – 51,30 €, et un Beaune Clos des Fèves qui tient dignement son rang – 91 €) et des blancs qui allient tension, élégance et délicatesse sur des appellations donnant des vins parfois plus puissants et imposants.

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