Mercredi 4 Décembre 2024
Avec La Reynarde, Guigal ajoute un quatrième « La », après La Mouline, La Turque et La Landonne. ©F. Hermine
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03.12.2024
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La célèbre maison rhodanienne a transformé en quatuor son mythique trio de Côte-Rôtie « La-La-La » pour La Mouline, La Landonne et La Turque, avec la nouvelle vigne de La Reynarde, dégustée en avant-première.
La nouvelle parcelle de la famille Guigal en Côte Rôtie porte le nom du ruisseau en contrebas du plateau de Fongeant qui sépare les célèbres lieux-dits Côte Blonde et Côte Brune. « Le Reynard » a été féminisé pour donner le « La », le quatrième, et perpétuer la tradition. Le vignoble a été planté pour la naissance de Charles et Etienne, les deux jumeaux d'Eve et Philippe Guigal. « La Mouline était la cuvée de mon grand-père Etienne, arrivé dans la région sans un sou en poche », raconte non sans fierté Philippe Guigal qui dirige la maison éponyme avec son père Marcel.
Il poursuit : « Après avoir travaillé plus de 20 ans chez Vidal Fleury et avoir fondé sa maison en 1946, il s’était promis d’être propriétaire un jour de la plus belle parcelle de Côte-Rôtie et le rêve est devenu réalité en 1966 ; La Turque est celle de mon père, sur un terroir réputé qui produisait au début du siècle dernier le vin de la présidence de la République avant qu’elle ne soit abandonnée en 1935. Quand Marcel a repris Vidal Fleury, il n’a eu de cesse de reproduire cette cuvée. C’est chose faite en 1987, et l’étiquette du peintre Raymond Moretti symbolise cette renaissance ; La Landonne est la mienne, plantée pour ma naissance en janvier 1975 par mon père et mon grand-père qui allait 365 jours par an dans les vignes. »
La nouvelle parcelle de Côte-Rôtie, à 150 m d’altitude, est située entre La Mouline et La Landonne, entre les vignes des frères Jamet, Jean-Luc et Jean-Paul, et celles de Pierre-Jean Villa. La pente boisée était déjà plantée en vignes jusqu’à l’arrivée du phylloxéra. Il a fallu la défricher avant de restaurer terrasses et murets, et la rendre accessible, sans compter l’attente pour obtenir les droits de plantation. Elle a finalement été plantée entre 2015 et 2018. 2022 sera le premier millésime élaboré à partir des raisins de toute la parcelle qui s’étend sur 1,5 hectare. Philippe Guigal précise : « Nous avons de la chance, c’est une grande année ». Ce 100 % syrah a été vinifié en vendanges entières avec extraction par pigeage. Comme ses trois sœurs, il est élevé quarante mois en fûts de chêne neuf. Soit une commercialisation prévue en février 2026.
En attendant, quelques essais ont permis de goûter en avant-première le 2020 élaboré à partir de la moitié de la parcelle. « Mais il n’existe pas et ne sera jamais commercialisé, insiste Philippe Guigal. Il n’est pas complètement représentatif puisqu’il ne contient que la moitié des raisins de la parcelle, mais cela donne une idée du potentiel de cette belle syrah, dans un style très différent de La Turque, et plus extrait que La Landonne. »
Vinificateur-éleveur et négociant-éleveur, propriétaire en vallée du Rhône nord puis en Rhône sud avec le rachat du domaine Nalys en 2017 (devenu château de Nalys) et en 2022 du château d’Aqueria en Tavel et Lirac, Philippe goûte encore tous les jours avec Marcel les échantillons à l’aveugle sans indication de prix ni de volumes pour n’évaluer que la qualité intrinsèque des vins. Cette première dégustation de La Reynarde était l’occasion de fêter un siècle de présence des Guigal à Ampuis.
100 % syrah de la Côte Brune. Une puissance veloutée et une trame élégante sur des fruits noirs, des épices, des tanins enrobés et une note de bois brûlé.
100 % syrah caractéristique de la Côte Brune. Des fruits noirs sur une bouche fine et suave, des arômes d’épices, graphite, torréfiés, une note de cuir et des tanins tout en longueur.
89 % syrah et 11 % de viognier de la Côte blonde. Des arômes de fruits rouges et noirs, des notes torréfiées sur une belle puissance voluptueuse et des tanins serrés.
100 % syrah. Tout en fraîcheur sur une pointe d’eucalyptus rehaussant un bouquet de fruits rouges et noirs épicés, des tanins ronds et une finale juteuse. Un élevage de 36 mois en fûts de chêne dont la moitié neufs.
Un nez puissant et intense, très aromatique sur les fruits noirs, des notes de bois brûlé, de torréfaction, moka et cacao, une bouche riche et charnue, sur des tanins serrés, mais avec de la fraîcheur.
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