Samedi 21 Décembre 2024
Le Vin Fou dans les années 50 ©DR
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30.03.2024
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Le groupe Boisset relance le fameux Vin Fou en réinterprétant la marque emblématique d’Henri Maire avec de nouvelles ambitions dans l’Hexagone et sur les marchés francophones.
Le groupe Boisset entend bien offrir une seconde jeunesse au Vin Fou d’Henri Maire. La marque, créée par le célèbre vigneron-négociant jurassien en 1951, s’était essoufflée au fil des années et des acquisitions de l’entreprise. Partie de 50 000 cols à son lancement, elle ne représentait plus que 10-12 000 bouteilles vendues uniquement dans le réseau par correspondance lors du rachat d’Henri Maire par le groupe bourguignon en 2015. Mais qu’est-ce que le Vin Fou ? Une curiosité encore de nos jours, née de l’imagination de ce visionnaire jurassien, ami d’un autre jurassien, Charles Brune, ministre d’Edgar Faure qui lui demande d’élaborer « un vin original » qui pourrait plaire aux gens de la capitale. Henri Maire se souvient de l’histoire de ces vins pétillants qui, depuis le XVIIIème siècle, avaient tendance à finir leur fermentation en bouteille et à faire exploser les contenants jadis faits main et peu solides. Le négociant arboisien qui sait maîtriser l’effervescence est par ailleurs un génie du marketing et de la communication. Il créé donc un vin en en faisant large promotion à grand renfort de réclames sur les murs de l’Hexagone - on a compté jusqu’à 20 000 panneaux bordant les routes dans les années 50 (il en reste 400). Il lance des bus itinérants aux couleurs du Vin Fou sur toutes les routes de France, des campagnes au cinéma, à la radio, dans les magazines… et édite des objets dédiés (cendriers, verres).
Le Vin Fou sur tous les continents
La marque s’invite sur toutes les foires et se fait déguster sans compter. Elle bénéficie également d’ambassadeurs comme Jean Richard, Luis Mariano, le chef Raymond Oliver et Edgar Faure qui la fait entrer à l'Assemblée nationale et servir en 1955, à la conférence des quatre Grands à Genève. Henri Maire lance un concours visant à récompenser celui qui dévoilera la face cachée de la lune en échange d’un lot de Vin Fou. À cette occasion, il envoie des bouteilles à l’ambassadeur soviétique pour la base aérospatiale de Korolev qui a fait parvenir des photos. Dans les années 60, le Vin Fou est commercialisé dans une centaine de pays et acquiert une reconnaissance internationale.
Une réinterprétation tout en légèreté
À défaut d’avoir récupéré la recette originale, Pierre Jury, à la tête du pôle Effervescents de Boisset à Nuits-Saint-Georges (Côte d’or) qui élabore environ 10 millions de bouteilles par an, décide de réinterpréter le Vin Fou. Il mise sur un léger pétillant frais et citronné. Il nous a divulgué une partie de l’assemblage tenu secret : « On a écarté le chardonnay qui aurait pu alourdir et plutôt réservé au crémant et on a choisi de l’ugni blanc et du colombard pour la fraîcheur et l’aromatique, un peu de muscat pour la gourmandise et la sucrosité et un trait de vin de paille pour la note jurassienne, en associant méthode ancestrale (fermentation naturelle en bouteille) et méthode Charmat (en cuve close), un titrage à moins de 10 % vol. 17 g/l. de sucres résiduels et moins de 2,5 bars de pression pour obtenir un vin pétillant, aérien et désaltérant ».
Le choix de la bouteille a également été primordial : la standard d’origine a été remplacé par un flacon distinctif qui fait penser au clavelin jurassien à larges épaules, la bande verticale qui devait être posée à la main a été supprimée, mais la marque a conservé son emblème, le fou dessiné à l’origine par Paul Grimault pour Le Roi et l’Oiseau. « L’objectif est d’atteindre 100 à 150 000 bouteilles d’ici 2 à 3 ans avec pour cibles privilégiées la France et les marchés francophones comme la Belgique et le Québec, là où le Vin Fou, ça parle, précise Pierre Jury . Car on ne souhaite pas commercialiser du ‘crazy wine’ ou du ‘mad wine’ ». La marque était déjà présente à Prowein cette année et devrait bénéficier d’un marketing dédié (plaques métal à l’ancienne, site internet). Le Vin Fou sera également disponible à partir d’avril (à 9,90 €) à la boutique Henri Maire sur la place centrale d’Arbois, là où il est né en somme.
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