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Les ambitions du château Loudenne

Auteur

La
rédaction

Date

27.06.2013

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Nouveau propriétaire du château Loudenne (cru bourgeois du Médoc), le groupe Moutai, géant chinois des spiritueux et pour la première fois exposant lors du dernier Vinexpo, avance sa stratégie.

« Loudenne est notre carte de visite en Europe. Dans l’avenir, on y verra beaucoup de visiteurs chinois ». Zhong Huaili, le représentant de Moutai en France, premier groupe de spiritueux de l’Empire du Milieu (4, 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires) a de l’ambition pour cette propriété. Ce cru bourgeois du Médoc, posé en bord d’estuaire à Saint-Yzans-de-Médoc, est donc lui aussi passé ce printemps sous pavillon chinois.

La propriété a été vendue par la famille Lafragette, qui la détenait depuis 2000. Loudenne couvre un peu plus de 100 ha dont 56 de vignes en AOC Médoc. Selon nos informations, la transaction avoisinerait 20 millions d’euros et le nouveau propriétaire, venu en Bordelais à l’occasion du salon Vinexpo, annonce déjà de gros investissements. « Notre premier objectif est d’améliorer la qualité du vin. Sur quatre ans, nous injecterons 5 millions d’euros pour moderniser l’outil de production. Les chais seront refaits : Loudenne doit devenir le n° 1 des crus bourgeois, à la hauteur d’un cru classé. Nous avons aussi le projet d’une cuvée spéciale en 2014″ note Zhong Huaili, présenté comme président du château.

Un patron qui travaille en interne à un organigramme très pyramidal. Sa directrice administrative, Yang Yajie, et le manager en œnotourisme, Sui Zhenglai, seront les yeux de la Chine en son absence. Pour la vigne, un directeur français devrait être officiellement nommé dans les prochains jours. Les Chinois ont décidé de faire confiance au savoir faire local. La semaine dernière, les négociations étaient en cours sur ce contrat.

Carte de l’œnotourisme

Enfin, ce groupe semi-public a de fortes ambitions œnotouristiques. Selon Sui Zhenglai, la direction souhaite un permis d’exploitation pour développer un hôtel au château. Les actuelles chambres d’hôtes devraient être transformées en une structure plus luxueuse. Une capacité de 22 chambres est annoncée. Piscine, SPA, complexe sportif et construction de 14 petits chalets pour les clients VIP sont aussi sur les tablettes. Sans oublier un restaurant. Comme souvent en arrivant dans le Bordelais, ces acquéreurs Chinois voient grand… avant d’être confrontés aux réalités administratives de notre pays.

Dans cette logique, il est aussi prévu la construction d’un ponton sur l’estuaire. Les bateaux devront pouvoir accoster à Loudenne. Sur ce volet œnotouristique, les investissements seront progressifs et une première enveloppe de 2 millions va être dégagée. « Nous voulons consolider nos relations avec la France. C’est aussi le sens de cette acquisition », explique-t-on.

Spiritueux en France

Joignant l’action à la parole, Moutai est venu cette année pour la première fois exposer à Vinexpo. Un stand rouge vif avec l’eau-de-vie du groupe en tête de gondole, proposée dans de traditionnelles fioles blanches d’un demi-litre. Un produit aromatique et au goût terreux en bouche, titrant 53° d’alcool. Vieillit plusieurs années, il est à base de sorgho, blé et eau.

« Cet alcool, véritable institution en Chine, est offert aux visiteurs par tous les grands dignitaires. Notre présence à Bordeaux a pour but de développer la vente de Moutai dans l’hexagone et partout hors de Chine. Et ce pour en faire une marque mondialisée comme un grand whisky », explique le Breton Hugo Le Bail, responsable à Paris chez Cammy France, l’importateur exclusif de Moutai. Il faut quand même compter 180 € la bouteille.

César Compadre et Julien Lestage (source)