Samedi 21 Décembre 2024
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31.05.2021
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L’homme d’affaires Michel Coencas, 72 ans, comparaît depuis lundi à Marseille pour le détournement présumé de près de 15 millions d’euros, un « dessous de table » selon l’accusation, lors de la vente en 2006 d’un domaine viticole du Golfe de Saint-Tropez.
En novembre 2008, les autorités judiciaires helvétiques avaient dénoncé à la justice française l’existence de deux virements d’un montant total de 14.699.945 euros sur les comptes suisses de Lucien Selce, ancien banquier reconverti en financier et proche de Michel Coencas, qui fut le président du club de football de Valenciennes à l’époque du scandale OM-VA (1993).
Interrogé en Suisse, Lucien Selce avait dans un premier temps reconnu qu’il s’agissait bien d’une partie du prix de vente du Domaine Bertaud-Belieu, une propriété viticole de 65 hectares située à Gassin, dont il avait ensuite « ventilé » la somme sur les instructions de Michel Coencas. Il était ensuite revenu sur ses déclarations. Le représentant de l’acheteur, un richissime Kazakh « qui n’était pas à un million d’euros près » selon le président du tribunal Pierre Jeanjean, avait indiqué au juge d’instruction qu’au-delà des 20 millions versés chez le notaire, il lui avait été demandé de virer les 15 millions restants sur des comptes helvétiques.
Alors que son nom n’apparaissait pas directement dans l’entrelacs des sociétés détenant le domaine viticole, Michel Coencas en était, selon l’accusation, le propriétaire, ce qu’a confirmé à la barre du tribunal lundi une des salariées du groupe Coencas.
Pour justifier le versement en Suisse de ces presque 15 millions d’euros, Michel Coencas et Lucien Selce affirment qu’il s’agissait du règlement de tableaux de maître. Des Miro, Kandinsky, Picasso mais aucun inventaire, aucune expertise n’ont été mis au jour: l’instruction n’a pas retrouvé la trace de ces toiles.
Au-delà de ce présumé dessous de table qualifié d’abus de biens sociaux commis au préjudice des sociétés propriétaires du Domaine Bertaud -Belieu, Michel Coencas est également poursuivi pour blanchiment en bande organisée et organisation frauduleuse de son insolvabilité. La vente de la propriété avait permis d’éteindre une dette de son groupe à l’égard de la banque Natixis, mais l’homme d’affaires longtemps spécialisé dans la reprise d’entreprises en difficulté, est soupçonné d’avoir opacifié les circuits financiers pour récupérer une partie du prix et échapper au paiement d’une forte amende pénale et à diverses poursuites judiciaires.
Edouard Coencas est jugé pour une aide supposée apportée à l’organisation frauduleuse de l’insolvabilité de son père. La défense a dénoncé, dès l’ouverture des débats qui doivent durer jusqu’à vendredi, « un dossier monté au forceps et très mal ficelé ».
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