Vendredi 22 Novembre 2024
(photos M. Boudot)
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19.10.2019
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Une vingtaine de propriétés bordelaises sont présentes à Lyon Tasting ce week-end. Certaines fidèles depuis la première édition, d’autres inscrites pour la première fois. Dans tous les cas, les terres lyonnaises constituent une terre de conquête passionnante pour les vins girondins.
Comment, dans une ville traditionnellement acquise aux vins de Bourgogne, du Rhône et du Beaujolais, se tailler une place dans le cœur des amateurs lorsqu’on vient du pays du merlot et du cabernet ? C’est la délicate équation à laquelle tentent de répondre la vingtaine de propriétés bordelaises présentes ce week-end à Lyon Tasting. Fidèles depuis la première édition ou nouvelles venues à l’événement, elles défendent les couleurs girondines en terre lyonnaise.
Coralie de Boüard, le cœur à l’ouvrage
Présente pour la deuxième année consécutive à Lyon Tasting, Coralie de Boüard (photo ci-dessus) constate que la régularité finit par porter ses fruits auprès des amateurs lyonnais : « on a une belle fréquentation depuis ce matin, et je reçois beaucoup de visiteurs sur le stand. L’année dernière, on sentait qu’ils osaient moins venir vers les bordeaux, mais maintenant qu’ils connaissent, ils reviennent plus facilement, ils re-dégustent les vins… c’est un travail de fond qui permet de fidéliser les amateurs », explique-t-elle. Faisant déguster la Dame de Boüard 2016, Clos de Boüard 2016, La Fleur de Boüard 2015 et 2016, Le Plus de la Fleur de Boüard 2013, Coralie explique les terroirs de la rive droite de Bordeaux, le profil des millésimes. Les amateurs saluent le « boisé maitrisé » de ses vins. Coralie leur donne rendez-vous pour la prochaine édition : « on se revoit l’année prochaine, alors ? »
Château Pindefleurs, croire au potentiel de Lyon
Autre grand habitué de Lyon Tasting, Pierre Lauret fait déguster les vins de la propriété familiale, Château Pindefleurs en Saint-Emilion Grand Cru. Les millésimes 2015 et 2016 sont à l’honneur, ainsi que le 2018 de sa cuvée « Les enfants de la plaine », un 100% merlot vinifié sans soufre, élevé sans bois, vendu 12 €, « un vin facile à boire, pour montrer que l’on peut aussi produire des bordeaux de soif, aimables très jeunes, répondant aux attentes des consommateurs ». Pierre constate, à Lyon comme ailleurs, un changement des modes de consommation et l’arrivée de nouvelles générations d’amateurs, vers des vins plus accessibles, moins concentrés, moins boisés. Pindefleurs veut s’inscrire dans cette mouvance, et conquérir le cœur des amateurs lyonnais. « Tout comme Bordeaux s’est ouverte e quelques années aux vins des autres régions, je pense que Lyon, ville très dynamique, a la possibilité de s’ouvrir de plus en plus aux vins autres que bourguignons, rhodaniens ou du Beaujolais », prédit Pierre Lauret.
Troplong-Mondot, attention travaux
Deuxième participation à Lyon Tasting pour Château Troplong-Mondot, 1er Grand Cru Classé de Saint-Emilion en pleine renaissance actuellement. Racheté en 2017 par le groupe SCOR, la propriété a engagé de très importants travaux au niveau de l’outil technique comme du réceptif. Les nouveaux chais sont attendus courant 2020, les chambres d’hôtes « Les Clés de Troplong Mondot » viennent de rouvrir, et en attendant la réouverture du restaurant Les Belles Perdrix l’année prochaine, le chef David Charrier vient d’inaugurer sa Table Secrète au domaine, qui dès le 8 novembre accueillera jusqu’à douze convives pour des déjeuners et dîners exclusifs. Pour mieux faire connaître toute cette actualité foisonnante, remettre les vins sur le radar des amateurs et faire sentir leur renouveau en cours, les équipes de Troplong-Mondot reprennent leur bâton de pèlerin et participent à des événements grand public comme Lyon Tasting : « en faisant déguster des millésimes comme 2015, 2011 et 2002, nous montrons le potentiel d’évolution des grands vins de Bordeaux, nous pouvons expliquer la richesse de nos terroirs. Les amateurs lyonnais font preuve d’une belle curiosité », explique Anne-Louise Vigneau, de l’équipe communication du château.
Petit Bocq, grandes ambitions
Première participation pour le château Petit Bocq, cru bourgeois de Saint-Estèphe représenté par Alexis Angliviel de la Beaumelle, responsable du développement commercial (photo ci-dessus). « Venir en région lyonnaise représente un vrai challenge pour les vins de Bordeaux », explique-t-il. « Nous avons un double travail à faire, auprès des amateurs comme des professionnels – sommeliers, cavistes, restaurateurs. Un château comme le nôtre, en particulier, a tout à gagner à participer à un événement comme Lyon Tasting, pour sortir des circuits historiques ». Petit Bocq, qui exporte un tiers de sa production vers la Belgique, est une marque jeune. Créée en 1972, elle a été rachetée en 1993 par la famille belge Lagneaux, qui a développé le vignoble (19,40 hectares). L’arrivée récente d’une nouvelle génération aux manettes l’a propulsée dans une dynamique d’accélération. « Le style des vins évolue rapidement, nous gagnons en précision dans la connaissance de notre parcellaire », précise Alexis Angliviel de la Beaumelle. « Nous pensons que Petit Bocq a toutes les qualités pour représenter la qualité et la richesse des terroirs de Saint-Estèphe, à un prix très abordable, autour de 20 euros, et c’est ainsi que nous espérons tirer notre épingle du jeu ». Certifié HVE 3 et Terra Vitis, le vignoble entend aussi répondre aux interrogations environnementales que les amateurs lyonnais ne manquent pas de soulever. « On essaie de faire passer des messages, de montrer que, contrairement aux idées reçues, Bordeaux se remet en question sur tous les fronts. C’est indispensable pour ancrer Petit Bocq, surtout face à la forte concurrence dans une ville qui a une vraie culture du vin ».
Domaine de Chevalier, trois pour le prix d’un
Sur le stand du Domaine de Chevalier, cru classé de Graves, Hugo Bernard fait goûter trois vins issus des propriétés familiales : le blanc « Lune d’Argent » 2016 du Clos des Lunes, le pessac-léognan Château Lespault Martillac 2014, et le navire amiral, Domaine de Chevalier rouge 2009. Un éventail qui permet de montrer une certaine diversité des vins bordelais, pour tous les prix et d’âges différents. « En proposant ces trois vins à la dégustation, on montre que les vins de Bordeaux ont des choses à exprimer à des stades différents de leur évolution, qu’ils gagnent à être attendus le plus souvent, et qu’ils déploient une large palette en termes de rapports qualité-prix. Nous avons une belle carte à jouer auprès des amateurs lyonnais, face aux vins du Rhône de de Bourgogne, d’où notre présence pour la première fois à Lyon Tasting », explique le fils d’Olivier Bernard.
Château Lagrange, hors de son fief
Troisième Grand Cru Classé 1855 (Saint-Julien), le château Lagrange est également présent pour la première fois à Lyon Tasting. Justine Memmi, chargée de relations publiques, fait déguster le premier vin sur les millésimes 2015 et 2011, et le second vin Fiefs de Lagrange sur le millésime 2015. « Les amateurs lyonnais sont heureux de goûter, j’ai été surprise d’apprendre que certains ont du Lagrange dans leur cave. On parle du potentiel de garde des vins, ils posent beaucoup de questions sur les derniers millésimes, notamment 2017 à cause du gel, 2018, 2019… C’est une occasion pour nous de parler aussi des grands terroirs médocains. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Bordeaux a une bonne image auprès des amateurs lyonnais ! »
Arzac, au plus près des amateurs
Fleuron des vignobles Jaubert dans les Graves, le château Arzac (10 hectares) bénéficie depuis 2015 d’une attention toute particulière, aussi bien dans la production du vin que dans le packaging, très soigné. « Nous voulons produire un grand vin de garde, à la fois traditionnel et moderne », explique Daphné Courot, responsable commerciale. « Mais comme nous exportons beaucoup et faisons essentiellement des salons professionnels, il est important de revenir au contact des amateurs. D’où notre présence ici, pour la première fois à Lyon Tasting. Lyon a un énorme potentiel, c’est une grande ville de gastronomie, le public de l’événement est très qualitatif, curieux, ouvert », souligne cette Grenobloise d’origine. « On peut, ici au Palais de la Bourse, faire déguster dans d’excellentes conditions. Beaucoup de visiteurs ne connaissent pas du tout les blancs de Bordeaux, et comme nous produisons notre vin en rouge et en blanc, c’est une vraie découverte pour eux. Ils réalisent en plus qu’à un prix de 12,50 €, Bordeaux ne rime pas forcément avec vin cher ».
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