[LYON TASTING] Château de Chamirey : la Côte Chalonnaise s’émancipe

Vignoble moins connu que la Côte de Nuits où la Côte de Beaune, la Côte chalonnaise peut compter sur de beaux terroirs et des producteurs ambitieux pour faire parler d’elle. Le Château de Chamirey de la famille Devillard en est l’un des exemples marquants.

Les vins de Bourgogne les plus prestigieux ne sont pas accessibles à toutes les bourses. Les derniers millésimes, faibles en production, n’ont pas arrangé les choses. Au sud de la Côte de Beaune, des appellations comme Givry, Rully ou Mercurey (AOC village la plus vaste de Bourgogne en rouge), offrent cependant la possibilité de découvrir la complexité des terroirs bourguignons et de leurs vins à moindre frais. La famille Devillard, propriétaire du Château de Chamirey, 37 hectares en Côte chalonnaise, est l’un des producteurs historiques de ce vignoble (premières mises en bouteilles au château dès 1934). Deux cuvées phares du domaine sont présentées à Lyon Tasting :

Mercurey premier cru blanc La Mission 2013 : Si l’AOC Mercurey est très majoritairement rouge, le terroir de La Mission (1,80 ha) est définitivement l’un des grands secteurs à blancs de la Côte Chalonnaise (voir au-delà). Robert Parker l’a ainsi qualifié de « little Montrachet » au cours de l’une de ses dégustations. Ce promontoire calcaire est exposé au sud-est offrant au chardonnay des conditions de maturation idéale. Le vin reflète parfaitement cette association du soleil et de la minéralité : il se montre ample, riche mais aussi fin et vigoureux. Le nez s’ouvre sur des notes de pêche, d’agrume et d’amande. « En 2013, il fallait prendre son temps et bien attendre la maturité », explique Aurore Devillard. Un dossier a été déposé pour faire classer cette parcelle en grand cru. Ce 2013 pourrait être versé sans crainte au dossier pour conforter la demande…

Mercurey premier cru rouge Les Ruelles 2014 : Autre monopole du domaine à fort caractère : nous sommes là dans un terroir où l’argile prédomine. « Une terre rouge marquée par des oxydes de fer », précise Aurore Devillard. Elle donne spontanément des vins consistants, juteux. Des bouteilles de longues gardes. Le millésime 2014, d’une fraicheur toute bourguignonne se distingue par son éclat aromatique. « Il pinote bien », analyse Aurore Devillard. Le nez présente des notes de petits fruits rouges (groseille, cerise). La bouche, construite sur des tannins bien patinés, est très harmonieuse. Un Mercurey déjà plaisant et parfaitement équilibré.

La famille Devillard est aussi à la tête du domaine des Perdrix à Nuits-Saint-Georges et Aurore Devillard note que depuis une dizaine d’années les Mercurey ou Givry du Château ont pris leur autonomie par rapport aux AOC prestigieuses de la Côte de Nuits. Des clients qui venaient en priorité pour ces dernières sont aujourd’hui là aussi, et surtout, pour leur gamme de vins de la Côte chalonnaise. On ne se privera pas pour autant de déguster le Nuits-Saint-Georges premier cru Aux Perdrix 2014. Ses arômes de fruits noirs (cassis), de réglisse et d’épices douces sont enjôleurs. Il offre aussi une bouche ample et velouté.