Samedi 23 Novembre 2024
(Photos P. Martinez)
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10.11.2018
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Le groupe Maïa, nouveau propriétaire du château depuis juillet 2017, nourrit de grandes ambitions pour le Château de la Chaize (Beaujolais), et n’a pas attendu pour les mettre en œuvre.
Christophe Gruy, président du groupe, était à la recherche « d’une belle endormie dans un vignoble endormi », afin de renforcer son nouveau pôle « Maïa Hospitality », incarnant l’art de vivre à la française, des cosmétiques au secteur du vin. Pépite trouvée au cœur du Beaujolais, avec ce château classé monument historique depuis 1972, et produisant des vins en appellations Brouilly, Côte-de-Brouilly, et Fleurie.
Au-delà d’une manœuvre économique et de travail de son image de marque, Christophe Gruy portait en lui une véritable vision du vignoble, axée autour d’une valorisation qualitative des vins produits comme du développement de l’approche agro-écologique, qu’il a souhaité impérativement mettre en œuvre dès la reprise de la propriété. C’est son neveu Boris, issu d’un BTS agriculture et production, et ayant fait ses armes au domaine Baud dans le Jura, qui a hérité de la direction du domaine, afin d’incarner ces orientations.
Valorisation des sous-produits, objectif d’autonomie en termes d’énergie, et certification en bio : trois chantiers majeurs qui constituent désormais la colonne vertébrale de la production au château.
La conversion en bio est prévue en août 2019, les travaux du chai et de l’espace dégustation seront terminés à l’horizon mi 2020. L’acquisition du nouveau matériel a débuté dès l’été 2017 (ayant déjà permis de diviser par deux les produits de traitement) ; l’arrachage et le replantage des vignes également ; recrutement de dix personnes pour compléter l’équipe : tout est désormais en place, ou presque, pour que se concrétisent dès les millésimes 2017 et 2018 les grandes ambitions affichées par la famille Gruy.
Côté vins, la diversité reste à l’honneur : Boris souhaite tout autant produire des vins « de copains, glouglous, fruités et croquants », que des vins de garde issus des plus belles parcelles du domaine.
Il s’est d’ailleurs engagé activement, via sa présence dans le conseil d’administration des crus Brouilly et Côte-de-Brouilly, dans la démarche de reconnaissance des climats et lieux-dits, prenant de plus en plus d’ampleur dans toute la région du Beaujolais.
Point de discours d’affichage ou d’ambitions diluées au château : les trois cuvées dégustées incarnent déjà la philosophie des Gruy.
« Les Amants Magnifiques » (en référence à la première pièce écrite par Molière, comme un clin d’œil historique et littéraire en écho à la dimension patrimoniale du Château), en appellation Brouilly et millésime 2016 (donc à cheval entre les anciens producteurs et les nouveaux propriétaires), est une cuvée d’assemblage , éraflée à 100% et élevée à 80% en foudres et 20% en fûts. La belle fraîcheur et le fruité croquant sont prometteurs.
La cuvée « Rien de trop » a puisé son nom dans la réalité du travail au chai : il s’agit de la première cuvée pour laquelle Boris a grandement limité les intrants lors de la vinification. En appellation Brouilly et en 2017, la concentration et la trame tannique sont au rendez-vous, enrobées par un fruité très charmant.
Mention spéciale à la cuvée « Brûhlier » en 2017, en appellation Côte-de-Brouilly, issue d’un parcellaire où les vignes âgées de plus de 50 ans sur les fameuses pierres bleues de l’appellation, produisent un jus concentré et très aromatique. Vinification à la bourguignonne sur cette cuvée (égrappage à 100%, pigeages réguliers, montée en température progressive, et cuvaison d’une quinzaine de jours), puis élevage en cuves et demi-muids, génèrent un jus encore plus structuré que les Brouilly, au nez minéral, fruité et légèrement floral. Tout est déjà là : fraîcheur, soyeux, tanins, tension, mais nécessite d’être un peu attendu, et il serait presque dommage de le déguster avant 2020 et plus.
Pour une vingtaine d’euros, « Brühlier » constitue une très jolie cuvée, à mettre en cave dès maintenant.
A l’image de leurs cuvées, les ambitions commerciales et environnementales de la famille Gruy se livreront dans toute leur ampleur avec le temps, et gageons que d’ici dix ans, la belle endormie sera devenue l’une des princesses incontestées du Beaujolais.
Le Château de la Chaize est présent à Lyon Tasting les 10 et 11 novembre, stand E11.
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