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[Lyon Tasting] Masterclass: vous saurez tout sur Pomerol !

Auteur

Yves
Tesson

Date

09.10.2022

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Pomerol, le nom fait rêver, mais qui peut se prévaloir de bien connaître cette petite appellation où domine un merlot velouté, gourmand et frais ? Les participants de la Master Class organisée par Terre de vins hier avec la collaboration de l’Association Pomerol Séduction, ont pu pénétrer une part du mystère à travers la dégustation de neuf millésimes de neuf châteaux différents.

C’est l’une des plus petites appellations de Bordeaux, avec un peu moins de 800 hectares, elle-même morcelée entre 160 exploitants, autant de propriétés qui ont chacune leur typicité. Ici, c’est le merlot et le cabernet franc qui dominent avec en substrat le fameux argile-bleu, dont les vertus d’éponge, stockant l’eau l’hiver pour la restituer l’été est un sérieux avantage face au réchauffement climatique. Elle offre des vins aux tanins très ronds, veloutés, un touché qui en a souvent fait la porte d’entrée la plus facile pour qui veut pénétrer l’univers des vins de Bordeaux. L’appellation n’en est pas moins restée longtemps assez mystérieuse aux yeux des consommateurs, peut-être parce que les propriétaires n’étaient pas toujours très enclins à partager et à communiquer. C’est ce qui a motivé la création de l’Association Pomerol Séduction. Outre des voyages collectifs de promotion des vins, les neuf vignerons membres ont aussi créé un parcours avec des podcasts partageant en différents points de l’appellation des informations pédagogiques sur le terroir et leur savoir-faire. Néanmoins, la meilleure façon de comprendre, restera toujours la dégustation, d’où cette verticale proposée dans une master class de haute volée animée par notre confrère Mathieu Doumenge à l’occasion de Lyon Tasting.

Pour commenter les vins, l’inénarrable Laurent Derhé, meilleur ouvrier de France de sommellerie, a fait merveille, avec l’éloquence, la poésie, et l’humour qu’on lui connaît. Quelques exemples de jolies pépites ?

Le millésime 2019 du château La Pointe a été choisi par la maison parce qu’il est emblématique du travail intra-parcellaire mis en place pour préserver la vie des sols, permettant d’avoir des vignes en bonne santé avec plus d’énergie et donc plus résilientes face au changement climatique. Ainsi, même si sur ce millésime caniculaire le vin tape à 14,5 degrés, le bon niveau d’acidité, qui témoigne justement de cette vigueur des ceps, lui conserve une belle fraîcheur. On a ainsi à la fois le côté gourmand du merlot, cette texture soyeuse, mais en même temps une certaine dynamique, sans oublier la finesse du cabernet franc. Laurent Derhé retient quant à lui les jolies notes toastées, grillées, presque chocolatées qui sont la marque d’un élevage très maîtrisé et qui se fondront avec le temps.

Très différent, mais non moins intéressant, le Clos du Clocher 2017. « Après le côté plus caniculaire de 2019 et 2018 qui étaient parfaitement maîtrisés. Ici on a une année naturellement plus équilibrée, j’appellerai cela presqu’une année de restaurateur. Nous autres avons tendance à ne pas toujours vouloir garder les vins, parce que c’est compliqué, on n’a pas la place, les finances. Ici le vin est prêt à la dégustation, on est sur les fruits noirs un peu confiturés, des notes de sous bois, une pointe minérale, mine de crayon, en bouche on appréciera cette cerise croquante, presqu’acidulée. C’est un vin qui commence à s’ouvrir. Un vrai millésime de tendresse et de plaisir ! Cela aurait été dans les années 1980, on aurait dit « grand millésime », mais avec la succession des années très solaires du réchauffement climatique, on oublie d’en voir toute la subtilité. »

Avec Clinet 2011, on goûte tous les charmes du vieillissement. Là aussi, on est sur une année un peu oubliée parce que moins chaude que les précédentes. On l’a jugée austère pendant longtemps, mais c’est justement ce qui lui a donné un fort potentiel de garde. « Les tanins sont dans la force de l’âge, on dirait un quinquagénaire en pleine forme qui continue à aller à la salle de sport. Ils sont là et en même temps, ils assument toute leur maturité, ils ont commencé à se calmer, à amener de la noblesse. C’est l’exemple parfait de ce que l’on appelle l’apogée. En accord, il faut commencer à faire attention à laisser le vin exister, j’irais donc sur une côte de veau accompagnée d’un jus brun.»

On conclura avec Château Beauregard 2010. « Ce n’est peut-être pas le vin avec lequel on aura trouvé le plus de plaisir immédiat, mais on y trouve l’équilibre parfait, ce vin est magnifique par sa complexité, ses arômes, sa robe encore affriolante, on a une belle tension, il est en pleine forme. A l’été 2010, la chaleur des journées a été équilibrée par de belles nuits fraîches ce qui a permis à la maturité de prendre son temps. Ce n’est pas le vin le plus ouvert, les tanins ont encore une certaine fermeté. Il fait partie de ceux que je mettrai dans ma cave, celle dont mes enfants n’ont pas la clef ! »

Pour autant, les autres millésimes n’étaient pas moins fascinants : Château Vieux Maillet 2018, Château Rouget 2016, Château La Conseillante 2016, Château Gazin 2009… Des noms enchanteurs qu’il faut absolument aller découvrir !

Photos: ©A. Viller

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