Mercredi 18 Décembre 2024
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27.07.2024
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Après quinze ans à la direction générale du Château Marquis de Terme (Margaux), Ludovic David quitte ses fonctions et cède sa place à Paloma Sénéclauze, membre de la famille actionnaire, qui a étudié le management d’entreprises à Londres et est également diplômée de l’Institut des sciences de la vigne et du vin. Après une carrière dans les ONG puis au service de l’ONU au Mexique, elle avait rejoint le groupe familial en 2021. Ludovic David a accepté de retracer son action à la tête du Château.
Quel a été le bilan de ces quinze années passées à la tête de Marquis de Terme ?
Lorsque je suis arrivé en 2009, Marquis de Terme était perçu comme une belle endormie, peu visible sur la place de Bordeaux et auprès du négoce, alors qu’on était en plein dans l’ère Parker, avec une forte augmentation de la valeur des vins. Marquis de Terme n’était pas dans cette dynamique. La famille Sénéclauze en était consciente et voulait amorcer une nouvelle histoire, exposer Marquis de Terme dans son milieu concurrentiel en affirmant son statut de grand cru classé 1855. Je suis ingénieur agronome, j’avais notamment travaillé pour le groupe de Bernard Magrez, mais j’ai repris à ce moment-là une formation en suivant le MBA de Kedge Business School afin d’approfondir davantage sur la stratégie. Cela m’a aidé ensuite à bâtir un plan, en cherchant à développer cette marque à travers différents écosystèmes, de manière à ce qu’il y ait plusieurs entrées pour découvrir la propriété, selon que l’on soit par exemple un professionnel ou un simple amateur.
L’œnotourisme a été un angle fondamental. Nous avons ouvert pour la première fois le domaine au public, en proposant notamment des balades à vélo, des visites particulières, des ateliers autour des vins, en créant un restaurant avec l’aide du chef Grégory Coutanceau, en offrant la possibilité de faire des séminaires d’entreprises sur place etc. Cela nous a valu d’ailleurs diverses récompenses, dont le Trophée de l’œnotourisme, et des « Best of » d’or de la Chambre de commerce de Bordeaux. Il y a eu aussi tout un travail sur la qualité des vins, nous avons restructuré le vignoble, le chai... Nous avons enfin repensé le packaging des bouteilles. Nous avons voulu créer une gamme plus précise, notamment en lançant une autre cuvée pour laisser tomber la notion de second vin qui est un peu galvaudée au niveau des crus classés, et aller vers quelque chose de plus moderne. Nous avons même commercialisé nos premières bouteilles avec un support NFT.
Comment a évolué le chiffre d’affaires ?
Plutôt que de parler du chiffre d’affaires qui reste soumis à l’abondance et à la qualité des vendanges selon les millésimes alors que la surface du vignoble ne change pas, il me paraît plus pertinent d’évoquer les prix de vente en primeurs qui ont doublé en quinze ans, et qui traduisent bien la création de valeur que nous avons générée.
Quelle est la raison de votre départ ?
C’est le choix de la famille. Il y avait une génération manquante lorsque je suis arrivé, j’ai joué ce rôle d’entre deux ou plutôt de transmission. Aujourd’hui, c’est la nouvelle génération, la troisième, qui va jouer son rôle pour gérer directement la propriété. Il y a un vrai changement générationnel qui se met en place et aujourd’hui une volonté de la famille d’être directement aux commandes. C’est une nouvelle ère qui démarre avec une gestion encore plus familiale. Je leur souhaite une très belle réussite.
Avez-vous des projets ?
Ce départ était prévu depuis un certain temps, suivant un accord avec la famille. Néanmoins, y a deux semaines encore, j’étais impliqué jusqu’au cou dans mes fonctions. Je n’ai donc pas encore de projets définis. J’ai cependant déjà plusieurs pistes qui s’ouvrent à moi, des échanges, des discussions, sans que rien ne soit arrêté.
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