Dimanche 17 Novembre 2024
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Date
15.09.2023
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Du monde grouille dans les vignes du château Marquis de Terme depuis ce mercredi 13 septembre. Les vendanges des merlots ont commencé sous un soleil radieux. L’occasion pour Ludovic David, directeur général du Grand Cru Classé 1855 margalais, de nous donner ses premières impressions.
Dans les grandes lignes, quelle fut l’histoire de ce millésime ?
D’abord un hiver très classique à Bordeaux avec un peu de neige, surtout des gelées matinales, on a retrouvé quelque part des équilibres climatiques de l’avant « réchauffement » si je puis dire. On le sait le printemps fut très pluvieux, encore un classique, avec de la pression du mildiou qu’il a fallu gérer. À Marquis de Terme, grâce à la rigueur de travail des équipes et un équipement très adapté en bio-précision parcellaire, nous avons tenu le coup. C’est une année où il fallait du matériel et de la disponibilité humaine. Enfin, le mois de juillet fut frais avec de l’ensoleillement et le mois d’août chaud, sans excès non plus, venu compenser le mois de juillet.
Les vendanges ont commencé, comment se présentent-elles ?
On a commencé ce mercredi 13 septembre dans des conditions climatiques idéales. Ce très bel été indien est synonyme de grand millésime, comme toujours. En plus, les quelques pluies de début septembre ont permis d’affiner la maturité des raisins en réhydratant les peaux et en faisant légèrement gonfler les baies. C’est parfait pour les tanins, l’alcool comme les acidités. Ça se présente très bien sur les premiers merlots et nous avons beaucoup d’espoir dans les cabernets sauvignons. Ce bel été indien me fait penser aux superbes cabernets sauvignons de 1982, 1989, etc.
En termes de rapport qualité et quantité, on évoque ici ou là 2018, qu’en pensez-vous ?
C’est vrai qu’en quantité, on se dirige vers un 2018 mais avec une plus belle maturité du raisin cette année. 2023 sera plus opulent et suave que le 2018. Je suis très confiant pour 2023, je pense que nous préparons un très beau millésime.
Qualité et quantité d’un millésime renvoient forcément à la conjoncture des vins de Bordeaux, comment se porte le marché ?
On le sait, on ne se voile pas la face, le marché des vins de Bordeaux est très compliqué. C’est un marché à plusieurs niveaux, les grandes marques – les quelques Premiers –, les marques intermédiaires et les petites marques. Nous faisons partie des marques intermédiaires. Les difficultés sont déjà le fait de la géopolitique entre le marché asiatique qui ne se remet pas du covid, la guerre en Ukraine. L’Europe et les États-Unis résistent mais à la géopolitique s’ajoutent ou se conjuguent l’inflation, la montée des taux, les problèmes d’investissement. Il faut parler aussi du caractère sociétal de cette crise où les investisseurs dans le vin ne trouvent pas de réelle opportunité à investir. Le marché est tendu, la partie spéculative du vin est concurrencée par des placements plus sécurisés sur des obligations avec de bons taux de garantie – sans notion de stockage et de revente. Il faut dire enfin que la consommation de prestige souffre, les cadres sont prudents en ce moment, ils ne voient pas d’intérêt d’investir en primeurs alors que l’on peut trouver toutes les bouteilles en livrable, sur le net notamment. Il y a encore 15 ans, si on n’achetait pas telle bouteille en primeurs, il était difficile de la trouver par la suite.
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