Samedi 30 Novembre 2024
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10.07.2023
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Quand la plus prestigieuse des Maisons de Champagne vous encourage au sacrilège ultime, celui de boire son champagne « on the rocks », avec des glaçons, pour mieux savourer l’été et découvrir une expérience plus décontractée autour du roi des bulles, vous haussez les sourcils. Pourtant, dès la première gorgée, vous voilà convaincu. Et pour cause, derrière la cuvée Moët Ice Impérial spécialement dédiée à cet usage, se cache un travail d’orfèvre. Benoît Gouez, le chef de caves de Moët & Chandon, nous en révèle la mécanique subtile.
Comment est né le concept de la cuvée Ice Impérial ?
Le point de départ pour nous de cette aventure était de trouver un moyen de développer la consommation de champagne en dehors de la fin d’année. Il était curieux de constater que nous étions si peu performants en été, une période où les gens sont détendus, veulent avoir du bon temps, et qui devrait être le « moment champagne » par excellence. On s’est alors aperçu que le champagne était perçu comme trop formel, pas assez décontracté pour le « summer mood ». Nous savions pourtant qu’en Champagne, certains, souvent d’ailleurs des membres de la profession, n’hésitaient pas à mettre des glaçons dans leur champagne. Mais nous avons considéré qu’il ne s’agissait pas d’une bonne proposition. Si vous utilisez un champagne classique de la gamme, qui est supposé être équilibré par lui-même, le vin devient vite aqueux, insipide… Cela nous a conduits à nous demander si nous ne pouvions pas créer un champagne qui permette d’offrir une meilleure expérience avec des glaçons. L’idée était de faire en sorte qu’une fois les glaçons ajoutés et la dilution opérée, le vin soit harmonieux. D’où la nécessité d’un champagne qui soit par certains aspects excessif.
Comment cela se traduit-il dans le vin ?
Si vous goûtez Ice Impérial seul, vous aurez un vin très aromatique, avec un côté exotique et végétal marqué. Comme c’est un champagne plutôt dosé, on a besoin d’une proportion de taille pour apporter un peu d’épaule, de structure, et des amers qui vont équilibrer le sucre. En même temps, la trame acide est, elle aussi, un peu plus poussée que celle du brut classique, de manière à donner une sensation de rafraîchissement et de désaltération, comme lorsque l’on rajoute une rondelle de citron dans une eau gazeuse. Ainsi, une fois que vous mettez des glaçons dans l’Ice Impérial, sous l’effet de la baisse de température et de la dilution, les choses se mettent en place et vous avez une expérience où vous conservez une signature aromatique et une vraie présence en bouche.
Comment obtenez-vous la trame acide ?
En sélectionnant à la dégustation certains chardonnays. Ils proviennent en général plutôt du bas de la Côte des Blancs : Vertus, Bergères les Vertus. Ces crus sont plus incisifs que ce que l’on peut trouver dans le Sézannais ou le haut de la Côte des Blancs, où vous aurez des vins davantage ronds et riches.
Pour garder ce côté vif et rafraîchissant, réduisez-vous la part de vins de réserve ?
La proportion est équivalente à celle du Brut impérial (30 à 35 %). En revanche, le vieillissement sur lie est un peu plus court. Au lieu de vingt-quatre mois, on est plus proche de vingt mois. En effet, dans la mesure où il y a une signature aromatique assez intense sur le fruit auquel s’ajoute le dosage en demi-sec, la richesse ne justifie pas une longue maturation. Nous ne recherchons pas des arômes toastés, grillés comme dans les bruts. Il s’agit de rester davantage sur le fruité primaire. Quant à la maturation que nous opérons, elle a vocation à enrober un peu la bouche, à affiner la bulle, mais pas apporter des caractères réducteurs.
Vous parliez du dosage, à quel niveau se situe-t-on ?
Sur le blanc, on est à 45 g, soit le dosage d’un demi-sec classique. Quant au rosé, on est à 38. Il est un peu plus faible sur cette seconde cuvée, dans la mesure où le vin rouge apporte un fruit supplémentaire qui suggère déjà une sensation de sucrosité.
Quelque part, l’Ice Impérial est un retour aux fondamentaux du champagne. Parmi les tout premiers consommateurs, les Russes ne le buvaient-ils pas frappé, très dosé et alors que les vendanges peinaient parfois à parvenir à maturité, avec des niveaux d’acidité très élevés ?
Effectivement, je n’y avais pas pensé, cela mime une consommation d’antan, même si nous voulons nous adresser plutôt à des consommateurs modernes et non à des nostalgiques. L’essentiel des consommateurs de l’Ice sont plutôt des jeunes et de nouveaux consommateurs de champagne. Le mode de consommation est plus décontracté, la plage, la terrasse, en outdoor. Ce qui est formidable, c’est que ce produit a élargi notre base d’amateurs. Il n’y a pas eu de cannibalisation. Ce ne sont pas des gens qui buvaient du Brut Impérial qui d’un coup viennent boire de l’Ice Impérial. Il s’agit d’une consommation additionnelle, des endroits et des moments où nous n’étions pas.
Prix Conseillés : Moët Ice Impérial : 55 € ; Moët Ice Impérial Rosé : 56 €
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