Vendredi 27 Décembre 2024
©Y. Palej
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Date
07.03.2023
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Malgré une communication bien ficelée et une organisation sans faille, le salon montpelliérain « Dégustez en V.O ! », qui a eu lieu dimanche 5 et lundi 6 mars au Corum, peine à trouver son public, et notamment auprès des professionnels.
« On sait qu’il faut du temps pour implanter un salon dans le paysage mais c’est vrai qu’on est un peu déçus. Même si finalement, on peut dire que c’était la vraie première édition de Dégustez en V.O. ! puisque l’an passé, les dés étaient pipés… » Stéphanie Daumas, la directrice du syndicat AOC Languedoc tente de comprendre pourquoi les allées du Corum sont restées clairsemées dimanche 5 et lundi 6 mars, à Montpellier. Sur les 500 professionnels inscrits en amont, seulement 300 sont venus rendre visite aux 120 vignerons-exposants (en tout, 510 visiteurs en deux jours). « J’ai eu des acheteurs au téléphone qui m’ont dit qu’ils avaient déjà validé leurs achats », prolonge Jean-Philippe Granier, le directeur technique de l’AOC Languedoc. La question du positionnement calendaire se pose encore une fois. Le salon arrive-t-il trop tard après les multiples rendez-vous du mois de février ? Ne faudrait-il pas profiter de l’appel d’air de Millésime Bio pour inscrire le salon dans les esprits ? « On peut se poser la question du choix de la date, c’est vrai, reconnaît Françoise Ollier du domaine Ollier-Taillefer (AOP Faugères). La plupart des prospects ne vont pas revenir deux fois en un mois à Montpellier. » Dans l’ensemble, les vignerons ont peu travaillé mais parfois, un seul contact peut changer la donne. « C’est vrai que je n'ai pas vu grand-monde mais parfois la quantité n’est pas gage de réussite, ajuste Thierry Vidal du domaine la Mélodie de l’Ame à Jonquières. J’ai eu une seule touche avec un hôtel renommé de Montpellier qui peut m’amortir le salon, voire plus. »
« Il y a la place pour un salon régional intimiste en cœur de ville ! »
D’autres comme Anaïs Ricome de la Croix Gratiot à Montagnac ont même retiré beaucoup de positif de cet événement : « J’ai vu une dizaine de cavistes de Montpellier ou des alentours et j’en ai même un qui m’a passé une commande, ce qui ne m’arrive jamais ! » Evidemment, parfois c’est aussi la soupe à la grimace. « Franchement, j’ai l’impression d’avoir perdu deux jours, déplore Loic Reymond, le responsable commercial du Château de Haute-Serre en AOP Cahors. On a vu personne et encore moins pour les hors Languedoc. » Pour mémoire, les 120 vignerons représentaient 50 AOP et 30 IGP du vignoble occitan (dont un quart de vins du Sud-Ouest). « Moi je n’ai vraiment pas envie de critiquer les organisateurs, ils ont tout fait dans les règles de l’art et on a fait pas mal de dégustations intéressantes dimanche avec les amateurs éclairés, poursuit Jean Lacugue du Château de Milhau-Lacugue en AOP Saint-Chinian. En revanche, il faut une vraie remise en cause de l’action professionnelle. Pourquoi ne jouent-ils pas le jeu ? » Points positifs : les masterclass ont fait le plein et l’organisation a été saluée par tous les exposants. Mais pour l’avenir de ce salon, une réflexion en profondeur est nécessaire car le centre de Montpellier doit disposer d’un événement phare autour du vin. « Je suis persuadé qu’il y a la place pour un salon régional intimiste ici en cœur de ville mais peut-être faudra-t-il ouvrir le champ et proposer une offre hybride avec une clef d’entrée autre que le vin ? », interroge Stéphanie Daumas. Pousser notamment le curseur sur la gastronomie locale qui a bonne presse, ou l’œnotourisme, en plein essor dans la région. Les organisateurs ont du pain sur la planche à l’heure où Montpellier veut se positionner comme capitale du vin.
Plus d’infos : https://www.degustezenvo.com/
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