Jeudi 20 Février 2025
Vigne de Morgon dans le Beaujolais ©DR
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18.02.2025
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2025 : année de renaissance du cru Morgon. Afin de continuer à mettre en avant leurs vins et renforcer le collectif, les vignerons se regroupent derrière une nouvelle identité visuelle et un mantra fort : « Morgon, le cru à notre façon ». Prochaine étape : les premiers crus. L’un des critères repose notamment sur la capacité de vieillissement des parcellaires. Ça tombe bien, l’appellation prouve qu’elle est capable de réjouir les papilles dans sa jeunesse comme de merveilleusement vieillir avec patience et longueur de temps.
Avec toujours cette dominante de sols granitiques sur lesquels le gamay s’épanouit, l’étendue du cru Morgon (2ème plus vaste après Brouilly) présente une mosaïque de sol importante. Schématiquement, les granits se situent surtout sur la partie occidentale, en coteau ; tandis que la volcanique pierre bleue se situe sur le versant est de la Côte de Py, connue pour son arbre solitaire dominant les vignes alentours.
Les piémonts enfin prennent le dessus lorsque l’on se rapproche du val de Saône, à l’est. La même diversité préside à la vinification : de la carbonique totale (rare) à la bourguignonne, en passant par la semi-carbonique, en nature, bio, biodynamie, conventionnelle ou raisonnée : les vigneron(ne)s font parler leur terroir à leur manière pour délivrer une symphonie commune tout en harmonie.
Les Charmes, Javernières, Corcelette, Côte du Py, Grands Cras : autant de parcellaires qui expriment leur caractère dès leur jeunesse, ou sur des millésimes plus anciens tels que 2010 ou 2013 que l’on a pu respectivement déguster chez Louis-Claude Desvignes et Mee Godard et qui déployait un équilibre, un caractère et une finesse remarquables.
La palette d’expression du gamay est immense et lui permet de révéler son terroir comme de s’adapter à son millésime plus facilement que d’autres (ce qui ne veut pas dire pour autant que le travail du vigneron(ne) est aisé, au contraire, le gamay est aussi un ado rebelle). Jeune comme plus âgé, il exprimera son terroir et le parcellaire avec une précision fidèle, sous réserve de l’élevage choisi bien sûr, dans ses jeunes années.
S’il est évident qu’un gamay bien élevé sur un territoire de Morgon vieillira longtemps et aimablement, l’avantage de la polyvalence est indéniable en des temps où le potentiel de garde s’apparente autant à un sésame qu’à une chimère. Comme le souligne Dominique Piron, le président du syndicat du cru, une grande partie des consommateurs n’a pas de cave, et/ou n’a pas les moyens d’investir dans des bouteilles que l’on stocke. Mais peu importe. Pouvoir se payer le luxe de jouer dans la cour des grands, tout en restant abordable, et sans parler uniquement du prix, c’est sans doute là l’apanage des grands terroirs et des grands vins.
Le futur s’annonce globalement plutôt ensoleillé pour le Beaujolais et les vignerons qui savent vinifier autant que jouer la carte du collectif, ce qui n’est pas toujours allé de soi dans ce vignoble déchiré après la crise du début des années 2000. Louis-Benoît Desvignes, vigneron au domaine éponyme et célèbre pour ses cuvées haut-de-gamme à une heure où il n’était pas encore question de commercialiser ses têtes de cuvées à 30€ et plus, est heureux de pouvoir compter « sur un gros collectif », qui sait mettre en avant tous les styles de vin. Et ainsi offrir des potentiels de jeunesse, de garde, et d’accords mets et vins extrêmement nombreux, à la fois en termes de saveurs comme de niveau gastronomique des plats.
Comme la meilleure preuve, c’est l’exemple, si vous avez la chance comme Dominique de pouvoir vous procurer ou trouver dans la cave des grands-parents des cuvées de 1971 ou approchant, ce millésime a régalé haut la main les tablées de Noël du millésime 2024 dans la famille Piron.
Un bel investissement sur lequel se pencher !
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